Impulsé par un trépidant et seyant «
Déviante », le one woman band francilien initialisé en 2009 par la chanteuse, claviériste et programmeuse Justine Daaé (The Erinyes, ex-
Grey November) ne mettra pas bien longtemps pour revenir dans la course. En effet, deux années seules séparent ce quatrième album full length de son successeur, «
Évidence », auto-production égrainant 10 plages – dont les deux singles «
Immuable » (2023) et «
Théogyne 2.0 » (2024) – sur une bande auditive de 39 minutes. Déjà inscrit parmi les valeurs de référence du metal industriel gothique à chant féminin, le prolifique combo français pourrait-il dès lors continuer à tenir l'âpre concurrence en respect et asseoir plus encore sa position parmi les incontournables acteurs de son registre metal d'affiliation ?
Dans cette nouvelle traversée, auprès de Justine embarque, cette fois, seul le guitariste, bassiste, batteur et compositeur Anthony Chognard (
Smash It Combo). De cette fraîche collaboration émane un propos metal atmosphérique gothique aux colorations non seulement électro et industrielles mais aussi symphoniques. Aussi effeuille-t-on un élan à la fois enjoué, pulsionnel, organique et sensuel, dont les sources d'inspiration sont à puiser dorénavant dans le patrimoine compositionnel d'
Amaranthe, Metalite,
The Birthday Massacre, Volturian,
Xandria,
Lacuna Coil et
Delain, soit à quelques encâblures du précédent effort. A nouveau mixé par Anthony Chognard (
Fallen Joy,
Dead Man Square, Our
Last Breath...) et mastérisé par Kris Crummett (
Dying Wish,
Tanagra, Global Plague...), l'album n'accuse pas l'ombre d'une sonorité parasite tout en bénéficiant d'un mix bien ajusté entre lignes de chant et instrumentation. Mais embarquons sans plus attendre à bord du navire, pour une croisière que l'on espère ponctuée d'îlots enchanteurs...
A l'image de son devancier, le méfait fait la part belle aux plages magmatiques, non sans nous aspirer d'un battement de cils dans la tourmente. Ce que révèle, en premier lieu, « L’
Echo des Délices », vibrant et tortueux up tempo syncopé au carrefour entre
Amaranthe et
Delain, et ce, aussi bien pour son énergie aisément communicative que pour ses soubresauts percussifs des plus inattendus. Dans cette veine, on ne saurait davantage ignorer le truculent et ''metalitien'' « Rise and Reclaim » à la lumière de son seyant paysage de notes et de son caractère enjoué. Non moins incisif et n'ayant de cesse de nous asséner de virulents coups de boutoir tout en sauvegardant une mélodicité finement esquissée, le chavirant et ''lacunacoilesque'' « Prête au Combat » poussera à son tour le chaland à un headbang bien senti et quasi ininterrompu. Dans cette mouvance, on retiendra, enfin, le tonique et énigmatique « Abnégation » eu égard à ses orientalisants arpèges d'accords, à sa basse éminemment vrombissante et aux sulfureuses patines d'une interprète bien habitée.
Se plaisant parfois à varier ses phases rythmiques à l'envi, le collectif parvient là encore à se jouer de toute tentative de résistance à l'assimilation de ses vibes. Ce que prouve, en première intention, « Mission Lunaire », mid/up tempo électro-gothique et symphonique aux riffs crochetés, à la confluence de
Xandria et d'
Amaranthe ; livrant ses couplets finement ciselés, relayés chacun d'un refrain catchy mis en exergue par les angéliques impulsions de la déesse, ainsi que d'insoupçonnées et grisantes montées en régime de son corps orchestral, l'organique méfait ne se quittera qu'à regret. Dans une même dynamique, on ne saurait davantage éluder les ''volturiens'' « Tentatives Echouées » et « Étoile
Solitaire », tant pour la soudaineté de leurs vibrantes accélérations et leur final en crescendo que pour leurs sémillants arpèges d'accords sur lesquels se greffent les troublantes ondulations de la sirène. Et comment ne pas se sentir happé par les vibes enchanteresses exhalant des entrailles du ''delainien'' «
Immuable » ? Ne relâchant pas son étreinte d'un iota et pourvu d'un entêtant refrain mis en relief par les pénétrantes notes en voix de tête disséminées par la maîtresse de cérémonie, le ''tubesque'' élan fera assurément plier l'échine à plus d'une âme rétive.
Quand la cadence du convoi instrumental se fait un poil moins alerte, la troupe trouve à nouveau les clés pour aspirer le tympan sans avoir à forcer le trait. Ce qu'atteste, d'une part, «
Théogyne 2.0 », mid tempo metal moderne à mi-chemin entre
The Birthday Massacre et
Amaranthe, au regard de l'infiltrant cheminement d'harmonique qu'il nous invite à suivre ; encensé par les sensuelles oscillations de la sirène, bénéficiant d'arrangements instrumentaux aux petits oignons et d'enchaînements intra piste ultra sécurisés, ce hit en puissance poussera assurément à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée. On ne saurait davantage esquiver « Ascension Tracée », mid tempo aux riffs épais dans la veine coalisée de Metalite et
Xandria ; recelant un refrain immersif à souhait mis en habits de lumière par les chatoyantes modulations de la princesse, l'invitant effort ne se quittera que pour mieux y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.
Une fois encore, le groupe nous invite à une croisière des plus sécurisées dans une mer quelque peu houleuse. Bénéficiant à son tour d'une ingénierie du son plutôt soignée et n'accusant pas l'ombre d'un bémol susceptible d'affadir l'attention du chaland, c'est dire que le parcours de l'oeuvre s'effectue d'un seul tenant. Ayant troqué la colorature death gothique pour un environnement volontiers ''symphonisant'' tout en évacuant toute ballade de ce set de compositions, le combo aurait ainsi misé quelques espoirs de l'emporter par le truchement de ces prises de risque. Ayant su parallèlement renouveler ses gammes comme ses harmonies, c'est à l'effeuillage d'un brûlant et délicat élan que la formation francilienne nous invite. Recelant des arrangements de bonne facture, une technicité instrumentale bien huilée, des mélodies un zeste plus accrocheuses aujourd'hui qu'hier ainsi qu'une signature vocale ayant gagné en maturité ce qu'elle n'a nullement perdu en aura, ce cinquième mouvement n'aura pas tari d'armes pour asseoir encore un peu plus nos acolytes parmi les valeurs de référence de cet espace metal. Affaire à suivre, donc...
Note : 15,5/20
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