Operation Wintersturm

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16/20
Nom du groupe Endstille
Nom de l'album Operation Wintersturm
Type Album
Date de parution 16 Juin 2002
Style MusicalBlack Metal
Membres possèdant cet album80

Tracklist

1.
 Der Hetzer (Batterie 4)
 04:29
2.
 Jesus Christ
 01:49
3.
 Discovering Rapture as an Art
 04:49
4.
 Operation Wintersturm
 04:28
5.
 Mute Their Ways
 03:18
6.
 God of Gods
 03:21
7.
 Ballade of Frostbitten Heart
 04:02
8.
 Warmetal
 03:20
9.
 Endstille
 06:48

Durée totale : 36:24

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Endstille


Chronique @ ArchEvil

30 Septembre 2008

L’une des calamités des plus malsaines et des plus horribles qui soit

Nous nous situons en 2001, en Allemagne, au sein de l’empire secret de la scène black metal underground. A cette époque, la scène teutonne en était déjà ultra-prolifique mais peu de ces groupes eurent au final l’audace et le talent au point de se faire un nom auprès des passionnés : Citons Darkened Nocturn Slaughtercult qui cette même année sortait de l’anonymat.
A cette époque, Endstille n’était qu’un petit nom comme un autre et ce n’est pas sa démo d’une qualité discutable qui irait en convaincre quelques uns. Ce petit groupe originaire de Kiel, petite ville proche de la frontière danoise, était composé de 4 membres, Mayhemic Destructor aux fûts, L. Wachtfels à la guitare, Cruor à la basse et Iblis au chant, line up n’ayant pas changé jusqu’à présent. Sa principale source d’inspiration : La seconde guerre mondiale, passion respective de l’unique guitariste L. Wachtfels. Principal compositeur, ce dernier se serait sans doute jeté à corps perdu dans la musique pour y exprimer le plus dignement possible son adulation pour l’armement des années 40. Le résultat fut Demon, une réalisation brouillonne et inaboutie. Pourtant en tendant l’oreille, on pouvait déjà y percevoir un petit quelque chose au niveau du riff, un certain attrait pour l’efficacité intelligente due à une recherche harmonique assez étonnante. Naturellement, c’était à prendre avec les pincettes et beaucoup d’auditeurs n’auraient certainement pas cherché la petite bête dans ce fouillis ennuyeux. Bien sûr, ils ne se doutaient pas de la suite…

Inscrit à cette époque sur la liste du label underground canadien Twilight Foundations, label qui leur assurera un début de discographie jusqu’en 2004, les germains belliqueux sortent leur premier full-lenght en 2002 : Operation Wintersturm. Et c’est là que les regards se sont petit à petit tournés vers cette pièce tant une telle progression en était inattendue. En une fois, le potentiel du groupe éclate et lui permet de dévoiler pour de bon sa patte musicale qui fera honneur à la suite de sa discographie. Pour décrire ce style, trois critères sont à mettre en évidence : Efficacité, saleté et ivresse. Si les deux premiers sont une évidence, le troisième se veut très relatif. Analysons donc chaque point :

Efficacité : Pour le groupe, il est inutile de passer par d’interminables méandres structurels pour transmettre son idée. La forme reste donc très basique : de 2 à 5 riffs par morceaux, de 2 à 5 accords par riffs. Ceci sous une alternance entre blast beats, doubles puissants ou mid tempos très denses. Une basse là pour marquer l’intensité du riff est bien sûr de la partie.

Saleté : Si le rendu studio de Operation Wintersturm n’en est pas mal produit à proprement parler, il jouit d’une production raw à la réverbération garage et entretient un terrifiant chaos sonore au sein de la musique du combo, chose qui en sera déjà fortement atténuée dès Frühlingserwachen.

Ivresse : Entre le riff lourdingue, machine à chauffer la nuque, et les fresques oscillants émotionnellement entre domination et contemplation grisâtre, Wachtfels compose avec finesse. Il démontre qu’une structure basique ne signifie pas toujours fainéantise ou facilité. Derrière son apparence bourrue mononeuronale, on y retrouve un répertoire harmonique de luxe, d’où la métaphore : Un plan d’attaque parfait exécuté au moyen d’un matériel archaïque.

Et croyez moi, le matos d’avant guerre est souvent le plus fiable : Operation Wintersturm est plus qu’un début magnifique, c’est aussi l’une des calamités des plus malsaines et des plus horribles qui soit, créé visiblement dans l’unique but de vous piétiner sans marque de courtoisie. Il m’est difficile de définir objectivement les influences du groupe, hormis un passage par l’école norvégienne, Darkthrone en tête, sous un contour brutal et apocalyptique dans toute sa nudité.
Cette dose de crasse, de vomi, de sang et d’acier en fusion qui dégouline de vos enceintes, c’est tout d’abord cette production qui transforme les coups de cymbale en affreux cliquetis, la caisse claire en fusil d’assaut, les guitares en flammes folles furieuses ou en volutes de fumée étouffante, les doubles en séismes et ces hurlements maladifs en frissons incontrôlables.

Et Endstille joue avec précision sur des titres tous plus glauques les uns que les autres. Le démarrage Der Hetzer , un morceau d’introduction direct qui ne prend pas le temps de vous mouiller le maillot avant de partir faire du rodéo avec le requin mécanique. Les 2 petites minutes de la centrifugeuse humaine Jesus Christ. Le lourd et dégueulasse Discover Rapture As An Art et sa rythmique tout aussi martiale qu’exterminatrice. Le violentissime titre éponyme sur lequel chaque accord se définit comme un appel au massacre et sur lequel MD fait preuve d’une rigueur respectable au niveau de ses accélérations comme de ses breaks disproportionnés. Cette tuerie est suivie d’un Mute their Ways et d’un God of God aux combinaisons harmoniques transpirant le vice, assez rebutants au premier abord faute à cette saturation de violence. L’insolite Ballad of Frostbitten Heart, beaucoup plus mid tempo, un riff dessinant une marche victorieuse pour clôturer sur War Metal, un discours sorti du caveau le plus profond et le plus épouvantable possible à imaginer. Ses intrusions bruitistes en arrière-plan renforcent cette impression de plongeon dans une fosse.
La dernière plage est vide, portant le nom respectif du groupe ou «le silence de la fin ». Cependant, les loubards teutons y auront introduit une courte chanson traditionnelle allemande vers la fin, apparition plutôt guignolesque. Ignorant sa signification, il ne manque qu’une âme plus cultivée que moi pour me décrire de quelle pièce il s’agit.

Suite à ce disque terrifiant, Endstille poursuivra son chemin en proposant une série d’œuvres au schéma identique en comportant toutefois leurs signes distinctifs et un bagage de compositions très convaincant. Operation Wintersturm reste cependant un objet à part au sein de leur discographie. Il est la marque du début explosif de ce groupe qui tissera son succès progressivement. Mais il est aussi la galette la plus chaotique, la plus violente et la plus sournoise pondue par le groupe à ce jour, qui ne se rapprochera de cet étalage de souffre qu’avec le somptueux Dominanz.

Operation Wintersturm est une ballade à travers un monde décoloré par la terreur et la souffrance. Son odeur de putréfaction mêlée à celle du cambouis peut passionner comme déranger. Mais dans un cas ou dans l’autre, difficile de rester de marbre : Une partie enfoncera le bouton « stop » au bout d’une minute, l’autre redemandera davantage de cette oppression constante. Machine à tuer au sang charbonneux, tu les mérites tes 18/20…


5 Commentaires

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BEERGRINDER - 30 Septembre 2008: Tiens tu as repris ta série? Tant mieux, ça me permet de me faire une idée plus précise.

En effet après Navigator et Reich j'ai bien envie de commençer dans l'ordre chronologique et donc ce Operation Wintersturm.

Il me semble que les 3 premiers ont bénéficiés récemment d'une réedition et d'un remaster non?

En tout cas belle prose comme d'habitude.
ArchEvil - 04 Octobre 2008: Oui, depuis Twilight Vertrieb, ils ont remasterisé leurs premiers albums, de celui-ci jusqu'à Dominanz, parce qu'ils devenaient rares surtout le troisième qui était le fruit d'une autoproduction. Maintenant qu'ils sont passé sur Regain, la distributions de ces albums est toujours gérée par Twilight. Encore heureux car le dernier album est chaud à trouver. J'ai eu plus de mal avec celui-là qu'avec le trio ici présent.
Khaele - 04 Octobre 2008: Raaah cette chro donne envie de découvrir cet album :)
Je vais p-e faire comme Ihope pour voir ce que ça donne :)

En tout cas merci Arch pour cette chro ;)
katchoke - 18 Mars 2009: ta plume donne un p'tit quelquechose à ta chronique, trés personnel, j'adore et j'aimerai en lire plus des comme ça... en ce qui concerne le groupe je ne connais absolument pas et ça donne fichtrement envie moi qui patoge dans ma marre death/thrash depuis un p'tit moment ^^
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Chronique @ KVARFORTH

12 Fevrier 2008
Endstille est un combo allemand né en 2001 avec leur démo "Demon", qui préparait déjà le terrain.
Un an plus tard, la bète accouche de son premier rejeton, et pas des moindre : il se nomme "Operation Wintersturm".
Un groupe de black metal de plus me direz-vous. Bien au contraire, et les premières écoutes peuvent ètrent trompeuse si l'on ne tend pas bien l'oreille.
La musique d'Endstille est loin d'ètre innovatrice, mais dans un style très raw et criard, le combo écrase littéralement la concurrence.
Bon nombre de groupes germaniques officient dans cette scène extrème, en général axés sur une base paganiste, ou national-socialiste.
Ici les thèmes abordés sont le rejet du christianisme et surtout la guerre sous toutes ses formes.
Et en effet un album d'Endstille est comparable à une arme de guerre, un tank effrayant et imposant.
Pour un premier album, Endstille fait un coup de maitre et assène d'office sa marque : un black typé true et brutal, très criard et violent, monolithique de surcroit.
Car oui en écoutant bien les riffs sont basiques, les tempos sont souvent rapides et menés de force par Mayhemic Destructor qui blaste comme un damné, et rien n'est original à première vue. Pourtant paradoxalement si, car Endstille possède une identité musicale énorme, un son reconnaissable entre tous. Et ce genre de groupe nous font une Demonstration de ce que signifie les termes "musique extrèmes" et "violence".
Une violence contenue mais inquiétante tant sa force est incommensurable. Une musique pachydermique et lourde, des rythmes incessants et entetants.
Ils savent y faire, et ils ne jouent pas, cela s'entend. La musique d'Endstille vient des trippes, elle vomit la haine et la destruction, et crache sur Dieu et sa perfidie.
On démarre sur les chapeaux de roues avec un "Der Hetzer" puissant et déchirant.
Une voix de maitre est présente tout au long de l'album, celle de Iblis, leader du groupe, qui se révèle hallucinant. Iblis ne lache jamais la voix (des titres comme "Mute their Ways" ne peuvent que nous laisser bouche bée) et possède un timbre ultra criard.
Celle-ci évoluera vers une voix plus maitrisée et technique avec les années, gardant malgrès tout cette touche personelle.
Endstille n'est pas là pour rire, ni pour plaire, Endstille se fout de tout, Endstille est un animal incontrolable, un fusil bardant son canon sur ses victimes, et l'impact de ses balles sublimes et argentées nous font saigner et sombrer.
Les compos sont toutes de véritables hymnes au cauchemard d'un terrain de batailles, ou les cadavres cotoient les blessés, dans la boue et le sang.
Plutot visuelle, leur musique est très marquante, leur style est basique mais reconnaissable entre tous, et c'est ce qui impressione beaucoup et impose en nous le respect.
Surtout quand on sait les oeuvres toutes meilleures les unes que les autres qui suivront dans la discographie des allemands.
Et on enchaine avec "Jesus Christ" et God of Gods" crachant leur dose d'hérétisme, "War Metal" et son rythme effrené et essouflant, "Ballade of frostbitten Hearts" ou pour la seule fois dans l'album une teinte de mélancolie paisible et desesperante atténue la violence sonore que nous inflige Endstille, et la gigantesque "Mute their Ways"...
La musique d'Endstille peut -ètre rapprochée d'un trompe-l'oeil, car loin d'ètre complexe, derrière ses riffs simplistes et son tempos bestial, la musique du quatuor prend toute son ampleur lorsque la galette est inserée dans le mange-disque.
Monolithique est une expression qui résume à merveille ce que peut exprimer leur art musical.
De toute la discographie d'Endstille, "Operation Wintersturm" est surement l'album le plus crade et l'un des plus virulent de tous.
C'est une merveille du genre pour tout amateur de black metal de qualité.
Je ne peut que m'incliner face à des maitres si majestueux en la matière...
Endstille est sans aucun doute l'une des meilleure formation de black metal à ce jour, ne tombant jamais dans le cliché et le formaté, et toujours fidèle à son éthique.
La guerre n'à pas d'issue mise à part la mort...

Kvar...

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ArchEvil - 12 Fevrier 2008: "Les compos sont toutes de véritables hymnes au cauchemard d'un terrain de batailles, ou les cadavres cotoient les blessés, dans la boue et le sang.
Plutot visuelle, leur musique est très marquante, leur style est basique mais reconnaissable entre tous, et c'est ce qui impressione beaucoup et impose en nous le respect. "

C'est bon, t'as tout dit là... Une bien belle chronique pour un disque incroyable, sur cet album, les germains définissent un style à part. Et c'est tout d'abord cette empreinte mélodique hors du commun qui rend le groupe si intéressant, capable de pondre des titre faussement simpliste, car issus d'une véritable débauche musicale et d'un travail neuronal incontestable.
j'apprécie aussi ce refus du concept de groupuscule. Ils se détachent de toute corporation militante ou révoluionnaire, et par ailleurs, partagent la même haine que moi envers les chrétiens et les nazillons ( :D )
Capable de retranscrire une atmosphère tout aussi rocailleuse en live, c'est un des meilleurs groupes de BM qui n'ait jamais existé et le meilleur groupe allemand ( c'est pas difficile, y a que Graupel qui sort du lot... tiens comme par hasard ils ont fait un split avec eux. ).
Un gros 18/20 pour ma part, étrangement, c'est le Endstille que j'aime le moins ( malgré sa qualité évidente ), pour moi leur chef d'oeuvre s'appelle Dominanz, et c'est une claque dans ma putain de trogne de matou que je n'oublierai jamais, jamais de toute ma vie. Un groupe qui me poussera a rester toujours en symbiose avec cette musique chérie.

Hail Endstille et Hail à toi qui a résumé parfaitement le contenu de cette galette magique.
KVARFORTH - 13 Fevrier 2008: Merci Arch, et dis-toi que je partage à 200% ton engouement pour ce combo hors-du-commun. Voila en attendant de te croiser sur msn je te salut ;)
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