Endstille. Un nom qui m'offrit une nouvelle vision du black metal. Le nom d'un monarque cruel et nocif dont chacune des œuvres ne semble pas apaiser pour autant sa soif de sang.
Navigator est un objet culte pour moi : l'album qui me fit découvrir ce tout grand groupe et qui me poussa à l'achat de ses deux plus grands chefs d'œuvres :
Operation Wintersturm et
Dominanz.
Le premier fut la bombe à hydrogène qui planta le décor que le groupe imposa jusqu'à aujourd'hui, un art noir démesurément puissant, habité par une bête sinistre et pleine de rage.
La haine de
Endstille est terrifiante et le groupe prend davantage par surprise en évoluant dans la plus stricte autonomie.
Endstille est une guerre contre tous, ne connais ni modèle, ni référence idéologique et se détache de tout groupuscule militant politique ou autres conneries identitaires.
Endstille méprise l'humain, il veut raser la planète et n'y laisser aucun survivant. A l'écoute de ce
Navigator, on s'imagine déjà la cohorte de Panzers nous fonçant dessus. Vous vous attendez à quoi sur ces mots ? Une copie conforme d'un
Nightwing dira l'autre en examinant la cover et sa photographie d'un U-Boot en surface. Il se trompe.
Navigator est bestial, instinctif et impie mais il a de l'intelligence et un subtil talent.
Navigator est haineux, sale et dépravé mais il est tout aussi triste et obsédant que plein de modestie.
Navigator est un concentré de matière en fusion embrumant les lieux par ses émanations mais il possède un atout charismatique et une rare beauté contemplative.
L'engin de mort arrive, sa détection sur le radar annonce la couleur du massacre qui va se produire ici. Et cette entrée porte un nom : I Bless You...
God. Ce riff tout droit sorti des fourneaux qui engage le combat avec une batterie groovy, les crânes de ceux qui vont mourir se secouent avec puissance.
Iblis s'arrache la gorge, ses hurlements sont totalement inhumains.
Ce que le groupe manie à la perfection, c'est cette faculté à associer son tempérament fou furieux avec une ambiance mortifère et glauque au possible et là où certains titres se déroulent comme une déferlante de rage pure, d'autres posent un nuage épais autour de l'auditeur qui, tout en laissant transparaître une brutalité évidente et bienvenue, peuvent faire sombrer l'esprit dans la crevasse de l'enfer : Entre le psychotique et névrosé morceau titre et son riff cynique, Let There be
Heaven et son mid tempo atmosphérique et lourd et les comptines barbares de Nameless, la marge est grande.
Cela vaut aussi pour la production, malgré un ton clair, précis et relativement peu puissant, les riffs crasseux prennent le devant froissant la diffusion tout en lui préservant cette certaine profondeur, même si par moment un gain de vigueur supplémentaire sur la batterie aurait été appréciable.
Il suffit dès à présent de se laisser porter par la furie du disque, oubliant le monde extérieur. Certains moments poussent à l'égarement de l'esprit, retenons-y le morceau
Bastard, l'une des pièces les plus fabuleuses du groupes ( Tel un
Dominanz, un Crucified, un
Defloration... et j'en oublie ), construit sur une progression obsédante, alternant double grosse caisse comparable à une meute de chiens enragés, un groove étincelant par sa justesse et sa puissance et blast de fin bien furibond, le tout sous une tempête de riffs en bloc qui vous arrachent le cœur.
On peut conclure que les allemands ont donné à leur scène un fleuron rare, le navigateur, un navire de guerre plus impérial et dangereux que le Bismarck lui-même. Sa grandeur encore plus imposante quand on y découvre cette volonté individualiste et cette inspiration qui semble infinie.
Je terminerai par les rares points difficiles du disque, certains points qui serviront en définitive, à encenser davantage le groupe. Je trouve
Navigator inférieur à
Dominanz, les riffs de ce dernier étant beaucoup plus travaillés, une chose que le groupe corrigera sur
Endstilles Reich, bien qu'il semble avoir prit la décision de se rediriger vers un black brutal au sens propre.
L'autre côté grimacant est ce Monotonous II, alors que
Dominanz avec son I et III hypnotisait inexorablement sa victime, celui-ci reste quelques crans en dessous, bien qu'il puisse ravir les amateurs de furie ambiante. Et puis, il nous reste un prodigieux Above the
Vault of
Heaven pour nous rassurer.
Vous voyez à peu près à quoi vous avez affaire ?
Stop ! Ne dites rien et allez l'acheter. Exécution !
Mets toi vite à cette chro, je l'attend avec impatience ;-)
@ Eulmatt : Exécute toi, seulement :-).
Je t'avoue que je n'aime pas trop ma chro du Reich, je l'ai écrite après avoir reçu la claque du début, ce que j'ignorais, c'était que cet album me ferait un tel effet au bout du compte. Je vais donc la recommencer juste après avoir terminé celle de Dominanz. ( Oui, je tiens à recommencer cette chro tellement ce putain d'album me tient à coeur. )
C'est puissant et authentique comme j'aime au niveau des compos et du son, un chant bien hargneux en particulier sur le redoutable titre Navigator, des plans qui me rappellent parfois 1349 notamment sur Monotonous, une quasi omniprésence mélodique qui pourtant ne nuie pas à l'agressivité de l'oeuvre, bref ça vaut le détour.
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