«
Oceanic » est le deuxième album du groupe américain
Isis qui nous avait déjà gratifié d’une excellente surprise avec leur premier disque «
Celestial ». Ce nouveau jet est l’occasion de remarquer l’évolution strictement sensorielle du groupe.
L’intention du groupe a toujours été de privilégier une structure fortement instrumentale et ascendante privilégiant avant tout la portée émotionnelle de son propos. Celui de se laisser porter par un flux musical sans artifice, c’est-à-dire, peu de bidouillages indus, ou alors limites audibles. Seuls les instruments, prolongements de la main et de l’esprit sont impliqués ici dans un processus clairement atmosphérique qui se dégraisse de toute violence gratuite.
Toutefois, on ne peut nier que la musique d’
Isis n’est pas absconse de toute forme de puissance ainsi que d’une certaine violence plus larvée, mais sûrement pas démonstrative. C’est accrocheur, c’est poignant, c’est pour ainsi dire hypnotique. Le schéma n’est pas habituel (la mélodie comme toile de fond),
Isis le sait et ne le montre pas avec dédain, le groupe se sert de bases simples et néanmoins toujours efficaces :
Pas de surenchère d’effets, des guitares aussi grasses qu’éthérées et légères, des accents de batterie sobres ainsi que des voix changeantes. Rien dans les ingrédients du groupe, bien que fortement basiques, ne laisserait penser que le groupe nous aurait donné son album le plus difficile à cerner !!!
C’est en cela, que cet album soit le plus laborieux d’écoute, pas qu’il soit abstrait et conceptuel (quoique, à ce niveau-là...), c’est surtout que son empreinte se révèle tellement aérienne et lointaine que cela se répercute à l’écoute. Étrange sensation que voilà, à ceci près que l’auditeur n’est jamais véritablement gonflé par le contenu du disque (surprenant à la première écoute, toujours par la suite) qui condense des notes cristallines du plus bel effet, et des architectures montant crescendo dans des titres baignés d’une finesse surprenante sous un apparat insidieusement fou. La finalité d’un tel album se reflète sur la pochette « océanique » du disque qui est plus à prendre comme une invitation et une forme de catharsis atmosphérique que comme un simple défouloir émotionnel sous une devanture sombre, pesante et profonde mais jamais indigeste.
Bien que d’apparence plus hermétique que «
Celestial », «
Oceanic » n’en reste pas moins un album fascinant et énigmatique, qui gagne plus de saveur et d’aura au fur et à mesure des écoutes du disque.
Une grande et belle réussite.
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