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No God, No Satan" est un disque étrange. Définitivement. Je me le suis procuré le jour de sa sortie, car "Fuck
God" était un album excellent, très inventif, et surtout avec un feeling, une véritable présence de la part du groupe. Ce dernier album du groupe, qui m'avait laissé K.O. après le fantastique "
Kinetic Zero", ne pouvait donc pas être mauvais,
Otargos étant l'un des rares groupes à pouvoir se targuer de ne jamais avoir sorti de bouse infâme. "Jamais", du moins jusqu'à leur dernier album, que - dans mon masochisme matinal- je m'impose à chroniquer.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le disque, dans son ensemble booklet/couverture, a de la gueule. Une pochette magnifique, en total décalage avec ce que peut proposer la scène, un livret fouillé... Bref, un bon point pour commencer l'écoute. Avec le sourire, s'il-vous-plaît.
Cependant, cette banane de gamin béat d'admiration laisse vite place à une moue dubitative. L'ayant écouté plus d'une dizaine de fois depuis que j'ai l'objet, l'écoutant encore alors que je rédige ces quelques lignes, un café bien serré à la main, il en ressort une platitude musicale assez exceptionnelle. Cependant, la première écoute, d'une oreille distraite, m'avait laissé une assez bonne impression : brutal, quelques bons riffs... Un disque pas transcendant mais qui m'avait l'air somme toute assez sympathique. Au fil des écoutes, j'ai eu tout le loisir de décortiquer la musique du groupe, qui, dès que l'on creuse, que l'on gratte au-delà de la simple couche sonore, apparaît bien simpliste, trop peu ambitieuse, voire même carrément ennuyeuse.
Pourtant, il y a bien quelques chansons à peu près acceptables qui ressortent du lot, voire même de bonnes idées : "Cloning the Divine" laissait présager du bon, malgré une production -à mon goût- abominable : une batterie bien trop synthétique, tant au niveau de la caisse claire qu'au niveau du son des cymbales, qui rendent les blasts désagréables à l'oreille. Et c'est pour le moins ennuyeux quand on est dans un groupe de Black
Metal. Bon, certes, le groupe a résisté à la tentation du couple basique "blast/hurlements", et essayait même de tisser un concept - qui se cassait rapidement la gueule, la faute à une histoire misant bien trop sur la provocation (insémination artificielle sur des filles aux moeurs légères, un cureton fou, question originalité, on repassera) que sur une réelle envie de raconter quelque chose.
Sur le plan technique, cependant, le bagage d'
Otargos n'est plus à contester : ils savent jouer, et envoyer le bois. La batterie se déchaîne, les guitares se font tantôt étouffantes (un peu trop), tantôt techniques... Le problème numéro un vient de la voix, que je trouve bien moins percutante que sur leur précédent album. Sur "
No God, No Satan" (décidément, quel titre idiot), elle se fait totalement fade, chose vraiment dommage.
Dagoth ne hurle plus ses blasphèmes avec la même conviction qu'auparavant.
Le second problème majeur vient, selon moi, de la redondance incroyable des morceaux. Des riffs certes efficaces, mais insipides, se mélangent avec des blasts réchauffés et entendus mille fois : la recette fonctionne quelques minutes, puis lasse rapidement l'auditeur attentif. A l'instar de
Marduk et de son "Rom 5:12", "
No God, No Satan" est un disque que l'on aime de moins en moins au fil des écoutes. Je vous ferai grâce de l'analyse "chanson par chanson" car je me contenterai de faire un copier/coller de chaque paragraphe.
A retenir cependant, la chanson "Cuiusvis Homini Est Errare", qui possède des paroles pour le moins ridicules. Déjà que "La Genèse de Dieu" se cassait parfois la gueule sur ce point ("Guide commandeur des décisions de l'humanité... *Euark*") mais compensait par un fond sonore progressif très efficace, ce titre de "No
God No
Satan" fait plutôt office de remplissage.
Pourtant, ce disque ne manque pas de quelques (rares) bonnes idées : une touche industrielle pas dégueu sur le dernier titre, un concept de fond ambitieux (mais pas vraiment efficace)... Tout ceci aurait mérité d'être d'avantage creusé, d'avantage étoffé, pour rendre cet album meilleur.
Ma note est sévère, en effet. Mais qui aime bien, châtie bien, comme dit le vieil adage. J'aime beaucoup
Otargos, qu'on se le dise. Depuis "
Kinetic...", je suis leur sorties avec la même ferveur, et je m'attendais vraiment à un coup d'éclat avec l'annonce de cet opus. Dire que je l'attendais est d'ailleurs un bel euphémisme. Je trépignais d'impatience à l'idée d'un nouvel album, encore plus brumeux que "Fuck
God -
Disease Project". Mais non. A croire que le groupe a placé la barre bien trop haute avec leur précédente galette, qui était franchement noire et incroyablement dense. Ou peut-être
Otargos a-t-il cédé à la facilité, en nous proposant une copie (en vraiment moins savoureux) d'un mélange de leurs précédents méfaits... Le mystère demeure entier.
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No God, No Satan" est donc un album extrêmement déçevant. Efficace, certes, mais ennuyeux au possible, parfois totalement risible,
Otargos a accouché d'un bâtard, et donne ainsi à sa discographie le mouton noir dont il avait (peut-être) besoin. C'est triste, vu le potentiel immense du groupe et l'énergie déployée pour promouvoir cet album. Excusez-moi, maintenant, mais j'ai besoin de me laver les oreilles (et par la même occasion effacer ma déçeption) : je retourne écouter ce bon vieux "
Kinetic Zero".
En fait, je fais parti des déçus ( pour ma part j'ai mis 13/20 , mais honnetement je me demande si je ne devrais pas baisser ma note à 11... )
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