Après un premier album très prometteur et s’étant largement fait connaître grâce au soutien et aux moyens de son label
Wicked World (branche d’Earache Records gérée par Dan Tobin),
Decapitated choisit l’immortalisation de son second effort en octobre 2001 aux studios Hertz des fameux frères Wieslawski, ingénieurs du son particulièrement prisés grâce à la puissance de leurs enregistrements. Le groupe bénéficie également d’une nouvelle illustration du tout aussi célèbre Jacek Wisniewski, leur livrant un dessin plus froid que son précédent travail.
Nihility sort ainsi dès le mois de février 2002, sous une couverture renouvelée d’Earache /
Wicked World.
Decapitated a notoirement évolué en deux années, ayant gagné en maturité tout en empruntant une voie plus personnelle, pour s’affranchir définitivement de la forte influence de
Vader. Son deathmetal se mue en une machine plus implacable, articulée autour de rythmiques tantôt matraquées ou syncopées sur un riffing en béton, qui deviendront dès cet instant la marque de fabrique du quatuor polonais. Le groupe gagne parallèlement en technique et précision, mais aussi en puissance et en clarté grâce à un enregistrement de meilleure qualité.
L’une des constantes de
Decapitated reste en outre l’entente idéale entre Vogg et Vitek, notre guitariste technique se calant à la perfection sur les rythmes intraitables de son jeune frère, pour lâcher des salves de riffs particulièrement serrées, sans oublier ses soli tantôt éclatants ou déchirants. On peut en revanche regretter la basse de Marcin sensiblement occultée lors du mixage contrairement à la précédente capture, ainsi que le chant guttural de
Sauron manquant encore de dynamisme, malgré une nette progression notamment dans l'articulation.
Toutefois, ce que
Decapitated gagne d’un côté, puissance, identité et précision, il le perd de l’autre,
Nihility ne renfermant pas le côté organique de
Winds of Creation, l’atmosphère devenant plus froide. Si l’on s’agenouille ainsi devant une telle maîtrise aux guitares et un tel martelage en règle, capables de briser les nuques les plus solides, les morceaux manquent parfois d’accroche, la faute à leur côté relativement mécanique. Impossible de résister en revanche à l’incontournable titre Spheres of Madness, cinq minutes en middle tempo guidées par un double pédalage assommant et des rafales de riffs parmi les plus meurtrières jamais lâchées.
Ni meilleur ni moins bon que son prédécesseur,
Nihility s’écoute en revanche différemment. Il peut ainsi décevoir les amoureux du côté rond et organique de
Winds of Creation faute à un deathmetal davantage déshumanisé, tout en subjuguant d’autres deathsters par ses passages saccadés s’opposant à des accélérations sans pitié et un matraquage si fracassant, s’ajoutant à une agressivité et une précision toutes particulières. Les deux albums restent en tout cas reliés par l’excellence de leurs rythmiques, emmenés par deux frères à la forte personnalité et au talent indéniables.
Fabien.
J'ai assisté hier soir au live de Decapitated à Rennes qui jouait l'intégralité de Nihility. Le son était fantastique, et le show incroyable de technicité. Cet album est monstrueux en live. Une reprise de Suffer the Children pour mettre l'ambiance, puis une série de morceaux plus récents qui m'ont convaincu que c'était vraiment cet album de Decapitated que j'aimais, le reste ne m'ayant jamais atteint malgré des qualités indéniables (un petit coucou en passant à Nervosa et un Incantation en très grande forme qui ont bien chauffé l'ambiance!). Indispensable.
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