Deuxième acte pour
Amaranthe, et déjà l’heure de vérité. Avec "The
Nexus", le groupe choisit de ne pas chercher de nouvelle formule. Il préfère au contraire raffiner son langage, l’aiguiser, le densifier, quitte à en accentuer les excès. Là où le premier album paraissait jaillir dans l’urgence, ce second opus agit comme une machine optimisée, chaque engrenage parfaitement huilé, chaque minute pensée pour frapper juste.
Mais cette maîtrise accrue ne rime pas avec froideur. Sous les couches synthétiques et les effets vocaux calibrés, "The
Nexus" reste un album humain, souvent traversé par une tension émotionnelle forte. "
Burn with Me", notamment, surprend par sa fragilité presque douloureuse. On sent poindre un doute, une faille dans l’armure chromée — et c’est peut-être là que l’album se distingue vraiment : dans sa capacité à introduire de l’émotion dans un univers mécanique.
Le titre "The
Nexus" lui-même résume tout : un morceau-carrefour, où chaque élément du style
Amaranthe converge dans une fluidité redoutable. La voix cristalline d’Elize y prend le rôle de guide, soutenue par les envolées de Jake et les growls d’Andy, comme un dialogue intérieur constant entre raison, passion et instinct. La mécanique du groupe est désormais bien rodée, mais elle n’a pas encore sombré dans la routine.
Pourtant, c’est sur ce fil que l’album avance. "Mechanical
Illusion" ou "Future on Hold" flirtent parfois avec le surcontrôle : le son devient si compressé, si millimétré, que l’on frôle la saturation. Le groupe y gagne en impact immédiat, mais y perd peut-être un peu en respiration artistique. À force de vouloir tout cadrer, on étouffe parfois la surprise.
Mais il faut saluer l’intelligence globale de composition. Chaque titre semble construit pour fonctionner seul, mais aussi pour contribuer à un tout cohérent. L’album se lit comme une variété de scénarios futuristes, avec leurs tensions, leurs issues possibles, leurs personnages intérieurs. Il n’y a pas ici de grande fresque conceptuelle, mais une mosaïque de dilemmes modernes, traités avec l’efficacité d’un blockbuster scandinave.
En conclusion : "The
Nexus" est un album de maîtrise, pas de révolution. Il transforme l’essai du premier disque en posant les bases d’un univers plus abouti, plus synthétique, mais toujours accessible. Parfois trop lisse, parfois trop prévisible, mais jamais creux. Il continue de diviser — et c’est peut-être le signe qu’il est encore vivant.
Un album qui confirme plus qu’il ne transcende, mais qui trace une route claire : celle d’un metal futuriste, immédiat, sans complexe.
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