On peut prendre plaisir à choquer, à désarçonner et être totalement honnête sur la démarche volontaire de la chose. Beaucoup se plaisent à dire que rien n’est calculer ni volontaire, que les hasards et les pérégrinations de l’inspiration les a emmener loin des sentiers battus et que c’est cette « liberté » qui amène le dit « choc ». A l’inverse, d’autres revendiquent totalement cette volonté de bousculer, de faire parler pour faire parler avant même d’évoquer une quelconque qualité. Comme le disait un certain Manson, « Une mauvaise publicité vaut mieux que pas de publicité du tout ». Méditons ça …
Amaranthe ne se présente désormais plus. Près de dix ans après sa formation et s’apprêtant à sortir son sixième album, le groupe mené par Olaf Mörck (ex-
Nightrage) est clairement dans cette démarche en mélangeant allègrement le metal (enfin les guitares saturées), la pop, la danse et l’electro dans ce qu’il a de plus lumineux. Prenez un shaker, mélanger avec énergie (beaucoup) et ingurgiter pendant que c’est chaud car dès que la recette refroidie, l’ensemble devient beaucoup plus indigeste.
Les suédois se sont d’abord fait connaître pour une recette à trois chanteurs, avec une chanteuse que l’on voit désormais partout (Elize Ryd a été invité chez
Kamelot,
Timo Tolkki’s
Avalon,
Beyond the Black …), un growler (Henrik Englund depuis 2013) et initialement Jake E parti fonder Cyhra et désormais remplacé par Nils Molin au chant clair masculin.
D’un groupe totalement dans la mouvance du metal mélodique à chant féminin,
Amaranthe a muté depuis "
Maximalism" vers une fusion des genres évoquant une ouverture dépassant un grand nombre d’auditeurs, se rapprochant parfois bien plus de la pop américaine ou du rock US qu’au metal ("
That Song" qui évoquait plus à un hybride entre Queen et Imagine Dragons qu’à du
Within Temptation par exemple). Sûr de son fait, ""
Helix" a enfoncé le clou dans cette mouvance d’ultra accessibilité parfaitement calibrée, avec des titres de trois minutes, des ref
Rains catchy et cette alternance des couplets avec chant hurlé / chant clair masculin. Parfois quelques soli, des riffs tirés du metalcore et des tonnes de sons électro / danse pour donner un côté sautillant qui paraitra insupportable au metalleux mais probablement trop puissant aux autres. Difficile de plaire à chacun des publics quand on est trop stéréotypé pour les uns mais trop extrême pour les autres. Pourtant, à la découverte de "
Manifest", les suédois continent dans cette droite lignée, probablement rassurés par l’énorme tournée qui avait précédé en ouverture de
Sabaton ou
Powerwolf.
Désormais épaulé par
Nuclear Blast (tiens tiens) et conseillé par Angela Gossow (ex-
Arch Enemy, qui avait signé son retour avec le clip de "Do or
Die" en début d’année) en tant que manager,
Amaranthe veut continuer à étendre son influence.
Si la question est de savoir si les choses ont changé, la réponse est évidemment non. "
Fearless" ouvre le bal sur des sons électro (j’entends déjà ceux qui vont dire que le groupe touche le fond dès les premiers instants), un riff core assez générique et syncopé et on retrouve cette alternance rapidement entre Elize et ses deux compères. La production est forcément énorme et la puissance est au rendez-vous, Henrik hurlant de façon stimulante pendant que le ref
Rain est partagé entre les deux autres chanteurs. On se prend facilement à secouer la tête si les beats eurodanse ne sont pas déjà de trop pour vous (ils auraient même plutôt tendance à me faire sourire, comme pourrait le faire
Babymetal). Trois minutes trente et c’est bouclé (un petit solo quand même au milieu pour avoir le parfait archétype). Multiplier ça par onze et vous aurez "
Manifest".
J’exagère un peu mais c’est ce qui ressort beaucoup trop vite de l’album. Cette interchangeabilité entre les compositions, quasiment toutes sur le même moule de couplet grow / ref
Rain / couplet clair / ref
Rain / bridge / ref
Rain. Difficile de faire ressortir des choses d’un disque qui, dans sa volonté propre, ne cherche à rien faire d’autre que distraire. Malheureusement, jouer et être de bonne humeur n’oblige pas à être fainéant et c’est là que le bât blesse.
Malgré l’expérience d’Olof, le guitariste blond platine se borne à des riffs sans aucune inspiration ("Make it Better", "
Viral", "
Archangel", "Do or
Die") où les guitares ne semblent là que pour justifier un statut car elles n’apportent strictement rien, si ce n’est cette sensation heavy et metallique, malheureusement bien trop factice. C’est d’ailleurs dommage car si un effort avait été fait de ce côté, on ne pourrait nier à côté un talent indéniable pour trouver le ref
Rain qui tue, cette faculté à délivrer une énergie simple et adolescente, presque juvénile, comme sur un "Do or
Die" qui aurait pu être écrite par
Sonic Syndicate mais qui alterne d’une façon ultra efficace les vocaux (réenregistré avec les gars pour l'occasion), le ref
Rain est taillé pour le live et les petits effets electro sont là pour exploser en live. Je pense aussi aux passages screamés de "
Viral", bien sentis mais qui précède un ref
Rain tellement blindé de vocodeur à tout va avec ces sons technoïdes qui bouffent tout le mix. Le pire dans tout ça, c’est que, encore une fois, rien n’est mal fait et que si l’on adhère au concept, on peut même carrément prendre son pied. Le problème réside plus dans le fait que tout se ressemble.
Il y aura bien la ballade de rigueur "Crystalline" (dédiée à la grand-mère d’Elize) qui ralentira le tempo mais on reste dans une démarche déjà entendue des milliers de fois avant. On pourra aussi parler de "BOOM!" et son approche totalement djent (
Periphery es-tu là ?) à l’ultra-lourdeur caractéristique qui, je me répète, fonctionne plutôt bien (et montre à quel point la prod de Jacob Hansen pète le feu) mais n’est au final qu’un ersatz de ce qui se fait déjà chez
Periphery,
Haken ou
Textures à qui on aurait ajouté du chant féminin. A ce petit jeu,
Delain a montré que l’on pouvait intégrer ces influences de la huit-cordes sans dénaturer son jeu avec son énorme "
Apocalypse & Chill" en début d’année (le final instrumental "Combustion" en étant le meilleur exemple).
Amaranthe a encore un peu de boulot pour montrer une telle personnalité puisque son identité se borne trop souvent à mélanger plein de choses et les recracher sans trop chercher à en faire quelque chose de personnel. Si la fin d’album se veut bien plus heavy (l’enchainement "BOOM!", "
Die and
Wake Up" et "Do or
Die" est efficace), il n’en reste pas moins cette impression d’écouter l’exemple même d’un album préfabriqué, taillé pour plaire et qui, si son ambition principale reste de divertir (ce qui n’est pas un crime en soi, loin de là !), tombe dans de nombreux écueils, à commencer par la répétitivité de l’ensemble. Les premières écoutes sont très enthousiasmantes si l’on reste ouvert à toute cette bouillie (ce qui est plutôt mon cas pour ceux qui me connaissent !) mais rapidement, on se lasse malgré la courte durée des chansons et de l’album. Et si on ajoute à ça que cela fait trois / quatre albums déjà qu’
Amaranthe propose plus ou moins la même chose, on a du mal à voir comment les choses pourraient changer.
Je déteste sur disque. Vu en février en première partie de Sabaton et en revanche sur scène c'était pas si mal que ça.
Pour moi Amaranthe est que la caricature du Metal! mais cela reste que mon avi
Un groupe qui n'a fait que du surplace depuis le début. on est rarement surpris et la plupart du temps ça tourne en rond. Même si leur chanteuse amené une vague de fraîcheur, c'est un groupe qui reste sur un style très statique et trop formaté.
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