Plus besoin de présenter
Horn, one-man-band allemand qui s’évertue depuis plus de quinze ans à brandir l’étendard d’un black pagan à la fois guerrier et nostalgique. Le très bon
Turm am Hang l'avait révélé à un public plus large en 2017 et avait attiré l’attention d’Iron Bonehead, sur lequel sort ce
Mohngang, son désormais huitième album longue durée.
Inutile de dire que ceux qui avaient apprécié le revirement musical plus pagan et mélancolique effectué dès
Feldpost se délecteront de ce nouvel opus, poursuivant le chemin victorieux tracé par les offrandes précédentes : Einleitung - Der Wettlauf zum Meer est une longue introduction lancinante entièrement esquissée par un violoncelle, ces cordes graves au parfum de défaite et de mort résonnant tristement au milieu des rafales d’un vent qui semblent balayer les contrées désolées suggérées par la pochette. Pourtant, la bataille va bel et bien commencer sur Satt Scheint der Sud der Tat où l’on retrouve ce metal teutonique à la fois rude, guerrier, exalté et romantique, sur lequel plane les ombres fantasmagoriques d’un Moyen-Âge viril et idéalisé. L’équilibre entre riffing épique, charges de cavalerie et douces mélopées intemporelles échappées d’instruments d’autrefois est toujours aussi bien dosé, et ce Mahngang s’annonce comme la suite parfaite de
Retrograd, à tel point que l’on distingue très peu les deux enregistrements dont la cohérence est troublante (le refrain mâle et guerrier de Satt Scheint der Sud der Tat rappelle beaucoup la mélodie de Bocksfuß sur l’EP précédent).
Les parties rapides sont plutôt rares,
Horn se contentant bien souvent d’un mid tempo puissant et conquérant (l’excellent Satt Scheint der Sud der Tat avec ses chœurs vivifiants en fin morceau, Wär nicht Traubhagel) et de ces longues parties instrumentales où claviers, percussions et guitares mêlent leurs clameurs pour célébrer ces temps oubliés (le début de Upstream Canals, a Ship's Bell Sounds, acoustique et paisible, puis sa montée progressive portée par ces cuivres claironnants). Ces ambiances chevaleresques sont toujours aussi présentes et délectables, gonflant notre cœur d’un sentiment héroïque qui nous transporte sur notre destrier l’épée à la main, nous trouvant prêt à défendre notre château ou à aller conquérir des contrées lointaines au nom de notre bien aimé seigneur. Le chant de Niklas, aidé par les notes nostalgiques du dulcimer, se fait le parfait héraut de ces épopées à la fois tristes et glorieuses où sang, honneur et loyauté mêlent leurs lettres de noblesse, entre grognements blacks rauques et agressifs, voix claire fière et puissante, et chœurs virils plein d’un entrain guerrier, et ces dix hymnes semblent résonner comme autant de batailles d’un combat perdu d’avance contre le temps, la modernité et les ravages irréversibles qu’ils charrient inexorablement dans leur sillage.
Ces 48 minutes s’achèvent sur les plaintes conjuguées de quatre violoncelles et d’un piano, entonnant une marche funèbre noble et triste qui va se muer en un air baroque plus enjoué, rappelant quelque peu les frères teutoniques d’
Haggard. Toujours aussi majestueux et intemporel, enveloppé dans les brumes d’une lointaine époque héroïque,
Horn reste fidèle à lui-même, nous offrant un voyage admirable dans les limbes du temps. Il semblerait que tant que Niklas restera debout, sa corne continuera de résonner à travers les âges, afin de ressusciter le passé et ses légendes oubliées et pourquoi pas, d’inspirer le futur… Vous pensiez que le destin se manifestait et se lisait dans le marc de café ? Oubliez, c’est désormais dans les grains de pavot que se dévoile l’avenir…
Merci Icare pour ta chronique ! Après plusieurs écoutes, j'ai beau l'apprécier j'ai plus de mal à vraiment rentrer dedans par rapport à son prédécesseur. Comme s'il n'arrivait pas à maintenir réellement mon attention. As-tu eu cette même difficulté ? J'espère que les prochaines écoutes seront plus concluantes en ce sens =) Par contre le violoncelle ajoute vraiment une touche intéressante.
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