Mescaline : substance utilisée comme drogue hallucinogène et euphorisante, dotée de prodigieux effets d'altération de la perception tels que phosphènes, hallucinations auditives, perception déformée du corps et perte des rapports spatio-temporels, allant même jusqu'à une possible dissolution de l'égo.
Elle doit notamment sa renommée à la révolution psychédélique des années 60, époque où elle fût très prisée par des artistes tels que Syd Barrett,
Jim Morrison ou encore Jimi Hendrix pour ne citer que les plus célèbres.
Sauf que lorsqu'elles apparaissent déformées au travers du prisme Spektral, ces hallucinations prennent subitement des allures d'un mauvais trip angoissant.
Car
Spektr, c'est la mise en forme musicale de toutes les terreurs abstraites et irraisonnées enfouies au plus profond de notre subconscient, c'est l'ombre insaisissable qui apparaît derrière notre reflet dans le miroir, c'est le visage d'un défunt parent qui se matérialise dans la neige d'un écran de télévision, c'est l'effroyable présence qu'on ressent mais qu'on ne voit nulle part, c'est la sensation de phalanges glacées nous frôlant la nuque, …
Spektr, c'est aussi l'expérimentation sonore poussée à son paroxysme, une autre façon d'aborder le métal et l'art musical au sens large.
Monstre mort-né issu de l'infâme accouplement entre le black metal le plus teigneux et le dark ambiant le plus épouvantable,
Spektr reste clairement réservé à un public très averti. Car même les black-métalleux les plus téméraires, habitués à s'imaginer en train de cavaler dans les fjords et de contempler des forêts enneigées à perte de vue, risquent d'être rebutés par tant de sécheresse.
Quant à ceux qui ont déjà osé franchir le pas pour passer de l'Autre Côté et qui en sont revenus vivants (mais pas forcément indemnes), ils retrouveront tous les éléments propres à cet univers si hostile développé par HtH et KlK, les deux esprits-frappeurs dirigeant l'entité
Spektr, lors de leurs deux précédentes réalisations : son de guitare qu'on croirait passé sur du papier verre, samples et bidouillages électroniques inquiétants, percussions inventives, interventions vocales relativement rares mais toujours judicieusement placées,…
Mais sur cette nouvelle manifestation, les esprits se déchaînent et l'électro-encéphalogramme s'emballe. Les aspects black (qui pour sa part a subi un gain d'agressivité et de virulence) et ambiant sont davantage dissociés et les transitions entre styles sont beaucoup plus fréquentes et beaucoup plus abruptes, comme sur le morceau-titre "Mescalyne" où le rythme est tellement au hachoir qu'on en deviendrait dingue !
On note aussi le recours massif à des sons d'infrabasse donnant l'impression d'une menace constante tapie dans l'ombre.
Enfin, tels des explorateurs, HkH et KlK vont même jusqu'à déterrer des enregistrements d'un autre âge, comme un discours au son crachotant nous expliquant les effets de la mescaline sur l'être humain et semblant sortir tout droit du début du siècle précédent.
C'est un fait : les vieux fantômes du passé ne nous quittent jamais et tous les exorcismes du monde n'y pourront rien, car
Spektr sera toujours là pour nous les rappeler et venir les agiter sous notre nez.
Très loin de l'attitude visant à nous balancer des hectolitres d'hémoglobine en pleine face, l'entité
Spektr adopte une stratégie beaucoup plus sournoise et préfère tourner autour de sa proie et l'observer en restant dans l'ombre, en attendant patiemment le moment propice pour s'approcher d'elle à son insu et l'enserrer de son étreinte glacée. Pour l'éternité… Brrrrrr !
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire