Lords of Black continue de sortir des albums à une régularité métronomique. Depuis leur premier album éponyme paru en 2014, le groupe espagnol met un point d’honneur à nous offrir une nouvelle livraison tous les deux ou trois ans maximum, au risque de confondre vitesse et précipitation. Avouons-le, depuis un convaincant "Alchemy of Soûl (Part II)" publié en 2021, l’évolution de la musique du groupe semblait avoir atteint ses limites. "
Mechanics of Predacity", le sixième opus studio du groupe, échappe un peu à la règle et s’inscrit quelques crans en dessous de son prédécesseur.
Produite par
Tony Hernando (le guitariste, leader du groupe), mixée et masterisée par
Roland Grapow (
Masterplan, ex-
Helloween), cette nouvelle livraison n’atteint pas les sommets de l’opus de 2021, mais développe tout de même une diversité stylistique, une richesse technique et une qualité d’interprétation qui méritent que l'on s'y attarde. Les dix morceaux proposés parcourent des ambiances changeantes, qui vont du Heavy
Metal au
Power progressif. Le travail sur les guitares et les mélodies aura été ici l'une des lignes de conduite de la formation.
L'album entame les hostilités avec "For What Is Owed to Us". Cet excellent titre introduit par des notes de guitares acoustiques flamenco signées
Tony Hernando, avant d'entrer véritablement dans le vif du sujet sur un riff acéré d'obédience Heavy, s'avère être une encourageante entrée en matière. Dans un registre similaire, voire plus dynamique, "Let It
Burn" et la doublette "
Crown of
Thorns" / "Obsessions of the Mind" seront toutes à ranger parmi les morceaux les plus affutés de l'opus. En effet, ces 3 morceaux à la puissance de feu dévastatrice nous renverront vers le meilleur de
Judas Priest pour les deux premières, et
Black Sabbath période
Dio pour la seconde. Dans un registre plus mélodieux, on s'attardera sur "Can We Be Heroes
Again" à l'air entrainant et au refrain qui fait mouche, ainsi que "I Want the
Darkness to Stop", qui se distinguera par un chant harmonieux et des plans de guitares très inspirés.
Mention spéciale pour "A World
That Departed (I. About to
Reset II.
Absentia III. A Final Sense of Truth)", la longue pièce épique aux contours Progressifs qui achève admirablement l'album. Ce morceau de plus de dix minutes se distingue par un break central très mélodieux rehaussé d'harmonieux leads et d'un admirable solo de guitare exécuté de façon magistrale par le maestro madrilène. À l'issue de l'écoute de cet excellent et long morceau de bravoure, on remarquera une nouvelle fois les prouesses vocales de Ronnie Romero (le chanteur chilien y faisant l'étalage de tout son talent de vocaliste hors pair).
En dehors d'une interprétation sans failles, voire d'honorables passages puissants et mélodieux, comme l'indiquent "Let the
Nightmare", "Build the
Silence", ainsi que le speed "
Born Out of Time", tous se situeront parmi les morceaux les moins développés et mémorables de l'opus. Le groupe semble parfois en pilotage automatique complet et peine dans ces moments à transmettre la moindre émotion ou retenir l'intérêt de l'auditeur.
Sans réelle surprise et mise à part la déception sur certaines compositions,
Lords of Black propose une nouvelle production, certes, assez réussie, mais qui laisse un goût d'inachevé au regard de l'agencement et de l'originalité de ses morceaux. Pour autant, la production, l'interprétation efficace et la propension du quartet espagnol à nous délivrer des titres dynamiques, aux mélodies accrocheuses que l'on devine travaillées et malgré les prouesses vocales de Ronnie Romero, "
Mechanics of Predacity" ne réussit à convaincre qu'à moitié.
Une réaction de la part du quartet madrilène s'impose, sous peine de le voir perdre son statut de nouveau leader de la scène Heavy Mélodique européenne.
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