C'est de la ville emblématique de Nuremberg, en Bavière, que nous parviennent les notes enjouées d'une petite formation de metal symphonique encore vierge de toute production, hormis ce modeste opus fait maison. Un quatuor teuton encore inconnu pour nous servir donc, qui mise sur les qualités de ses instrumentistes. Mais le combo n'a pas pour autant négligé le poste de l'interprète, puisqu'il a sollicité les notes haut perchées et les vibes enchanteresses de Sabine (chanteuse de
Rawkfist, groupe de metal gothique allemand).
La fibre symphonique colorant ces cinq pistes se double parfois d'une touche folk, dans l'esprit de
Lyriel. Quelques passages énigmatiques nous renvoient également à l'atmosphère roots et un poil brumeuse d'
Elane. Quant aux riffs accrocheurs, ils peuvent rappeler l'univers proprement metal du groupe de provenance de la chanteuse. Fort de cette assise stylistique, le groupe s'en est partiellement inspiré tout en générant un son subtilement vitalisant qui en fonde son identité.
Les habiles arrangements déployés nous inspirent un agréable sentiment d'amplitude orchestrale. Ce faisant, ils nous plongent au coeur d'un climat rythmique plombant sans sacrifier l'esthétique des mélodies. Le titre éponyme de l'album en est une parfaite illustration. Sur fond de rythmique véloce et de riffs acides, les ondoyantes envolées synthétiques ne lâchent pas prise et l'invitante ligne mélodique ne faiblit pas. Sur le principe de la belle et la bête, la voix cristalline et modulée de Sabine part à la rencontre de grunts démoniaques. A ce titre, un break bien amené s'efface devant une mise en regard de chacune de ces voix. Toutefois, un joli solo de guitare amorce une fin qu'on aurait aimée moins brutalement déchirante. Le schéma est sensiblement le même sur le fougueux "Stars of Your
Heaven", morceau aux riffs félins et aux refrains nuancés. Ainsi, sur le plan atmosphérique et au regard des limpides et intarissables stridulations de l'interprète, on sent bien l'empreinte de
Rawkfist sur ces deux plages
Par ailleurs, une ambiance délicatement vaporeuse, mêlant instrumentation symphonique et climat folk un peu éthéré, renvoie aux notes sulfureuses de
Lyriel. L'entraînant "The Request", malgré ses riffs acérés, se drape, en effet, d'une atmosphère indéfinissable, voire mystérieuse. Couplée à une rythmique rock, l'empreinte metal se montre d'une grande souplesse orchestrale, notamment au moment où une reprise progressive vient emboîter le pas à un break opportun. Dans ce système, les impulsions vocales de la diva se teintent de couleurs plus chaudes, intensément profondes, comme pourrait les dispenser Jessica Thierjung (
Lyriel). Dans cette lignée, se place une caressante orchestration sur l'atmosphérique "Falling
Shade". Les riffs s'arrondissent et nous conduisent vers des refrains printaniers. Difficile aussi de résister au sensible vibrato délivré par une Sabine bien inspirée. On se rapproche alors de l'univers folk et patiné d'
Elane.
Nous avons là une proposition d'une petite vingtaine de minutes de riches compositions et de textes finement écrits. En outre, le combo a cette rare capacité de dispenser un plaisir communicatif au son de ses mélodies savoureusement enrobées, qu'on ne quitte qu'avec regret, rien de moins. Les fausses notes sont rares et les chemins mélodiques s'avèrent suffisamment aimantés pour nous inciter à remette le couvert. Dommage qu'il faille se contenter d'une oeuvre aussi sommaire pour solde de tout compte. Cependant, elle jouerait le rôle de première mouture test. Malgré des moyens limités, force est de constater que cette production allemande offre un joli panel du savoir-faire de la troupe. On l'observe, par exemple, sur le complexe "How We Are", où l'exercice témoigne d'une belle aisance instrumentale. Encore clairsemé, mis à part les quelques amateurs de
Rawkfist, le public visé pourrait y être sensibilisé.
A l'instar de sa lumineuse pochette au design soigné, cet opus demeure bien customisé sur la plan des harmonies et convaincant quant à ses enchaînements, et ce de bout en bout. Cela dit, nos acolytes auraient pu encore déployer plus largement leurs ailes sur les soli pour impacter un auditorat de plus en plus exigeant sur la technique instrumentale. D'autre part, s'ils ne sont pas prégnants, les grunts auraient pu se faire un peu plus discrets, voire rester calés en toile de fond pour mieux apprécier le séduisant et très particulier grain de voix de la belle. Selon votre humble serviteur, ces ajustements pris en compte devraient permettre à la tribu d'éveiller d'authentiques plaisirs auprès d'un auditoire plus dense.
Xiphea a la capacité de faire des progrès significatifs dans un avenir proche.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire