Armé d’un Death assez hargneux teinté de légers éléments folk,
Orphaned Land avait fait la fierté de son pays d’origine et avait montré son talent indéniable en matière de compositions, de force, mais aussi d’agressivité. «
Sahara » et «
El Norra Alila » avaient été deux véritables bombes que beaucoup d’amateurs de death avaient réussi à s’emparer tant la puissance et la rage emplissaient irrémédiablement ces deux opus ci.
Et il aura fallu attendre 2004, huit ans exactement, pour qu’
Orphaned Land revienne sur le devant de la scène israélienne avec, cette fois-ci, un concept album des plus intéressants et innovants, « Mabool – The Story of the Three Sons of
Seven ». L’album prend pour thème la Bible et aussi le périple de Noe, racontant l’histoire de trois fils (un pour chaque religion monothéiste) qui essayent de prévenir l’humanité de la venue d’un déluge (« mabool » en hébreu) comme punition de leurs péchés. Un récit pacifiste, qui pour certain, peut être en contradiction avec la musique…
Pour mettre en musique un tel concept,
Orphaned Land change en grande partie sa recette exceptionnelle pour d’ors et déjà intégrer au fil de leurs compos, des ambiances plus aériennes, une diversité plus accrue des instruments, mais aussi une pluralité étonnante des langues. Car là où un album comme «
El Norra Alila » fondait ses bases sur un death ravageur, « Mabool » quant à lui, repose sur une mélodicité indéniable et une variété inexorable d’éléments folks qui plus est. Et c’est là qu’on se rend compte que le groupe a bien travaillé au fil de ces huit années : tous les morceaux sont emplis de claviers, percussions, sitars, flûtes orientales mais aussi chœurs, chants traditionnels et religieux, à l’instar de « Building the
Ark » ou de l’introduction de «
Ocean Land ».
Six langues auront été utilisés (dont l’anglais, l’arabe, l’hébreu, le yéménite…) qu’on peut entendre dans « Birth of the Three », « Norra El Norra » ou même « A’salk » où la guest Shlomit Levi vient poser son timbre de voix si particulier et envoûtant.
Mais ne vous y méprenez pas, les éléments death sont tout de même présents à l’intérieur même des compositions même si la tendance semble s’être renversée, ci bien que « Mabool » devient dès lors l’antithèse de «
Sahara » et de «
El Norra Alila ». Le growl est étrangement moins puissant et caverneux mais le chant clair s’est davantage amélioré, de même pour l’alternance occasionnée. Les riffs, même si certains peuvent être ultra tranchants à la manière de « The
Kiss of
Babylon » ou l’éponyme « Mabool », sont moins empreints de cette flamme death qui brûlait ardemment dans les précédents opus.
En réalité, il s’avère que ce sont les parties progressives et aériennes qui parviennent à prendre le dessus. Les titres sont en effet beaucoup plus longs et dotés de nombreux breaks mélodiques et atmosphériques, offrant la possibilité aux instruments orientaux de se mettre en avant, mais aussi aux deux guitaristes de nous prouver leur talent en matière de technique, de mélodies et de solos. Impossible de ne pas évoquer ces deux génies qui ne lésinent pas une seule seconde sur la possibilité de coupler leurs guitares pour notre plus grand plaisir. Le résultat est pour le moins spectaculaire comme sur « Birth of the Three », mais l’exemple le plus fragrant reste « The Storm Still Rages
Inside », suite d’un morceau du même nom dans «
Sahara », qui cette fois ci nous gratifie d’un solo immense de près de cinq minutes en véritable fil conducteur, soutenu en début et en fin par le chant clair de Kobi Fahri. Autre exemple étonnant, le duo imparable sur « Mabool » entre guitares et…violoncelles, sous fond de tempête et de pluie. Et le joli «
Rainbow » en fin d’album, instrumental mais si significatif de paix…
Enfin, outre tous ces éléments importants qui plus est au sein de la musique, les claviers ne sont évidemment pas à épargner, ci bien que même s’ils octroient aux chansons un fond d’ambiance des plus doux et chaleureux, ils n’en restent pas moins techniques sur le fameux « A Call To
Awake », faisant irrémédiablement penser au duo de claviers de chez
Dream Theater. Enfin niveau piano, le final de « Norra el Norra » est totalement déroutant…
Cependant, tout cet assemblage reste des plus périlleux. Car même si les morceaux sont très bien ficelés et moins « death », dans le fond, certains ont parfois tendance à se ressembler, notamment « The
Kiss of
Babylon » et «
Halo Dies », construits de la même façon. Idem pour les deux instrus qui possèdent ce même ton de guitare.
Finalement, on comprend pourquoi
Orphaned Land aura mis autant de temps pour nous concocter un bijou pareil. Les israéliens ont bel et bien réussi à nous faire voyager hors de nos contrées occidentales et à nous faire rêver. L’auditeur redécouvre le mythe du déluge grâce à ce « Mabool – The Story of the Three Sons of
Seven », qui marque la transition du groupe vers quelque chose de plus posé, de moins agressif et plus aérien.
Merci Sky!!!!!!
Quel album, qu'elle qualité d'écriture ! Quel ambiance orientale ! Un chef d'œuvre !
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