On ne peut pas dire que le groupe mené par Frankie Palmieri ait franchement fait plier toutes les oreilles rétives ces dernières années. Hormis les fans du genre de ceux qui vont gober tout ce qu'
Emmure produira (y en a plein), il faut bien avouer que les deux précédents albums du combo (par exemple, mais on peut remonter peut-être un peu plus loin pour certains) n'ont pas vraiment séduit les metalheads les plus objectifs. Ce n'est pas le départ de
Victory Records, illustre label compagnon des Américains dès leur premier full-length en «
Goodbye to the Gallows » en 2007, qui a marqué une rupture, mais plus étrangement, juste avant, la fin de leur premier contrat avec eux et son renouvellement avec l'album «
Slave to the Game » (
2012). L'évolution de leur style était-elle une condition de leur seconde signature chez
Victory ? Personne ne peut le dire, mais les orientations empruntées par
Emmure depuis l'album sus-cité perpétuent en tous cas jusqu'au dernier en date, pourtant édité chez un autre label SharpTone Records, «
Look at Yourself ».
Le son
Emmure se caractérisait par une virilité et un véritable mur auditif, tranchant et imposant, mélangeant la rancœur des genres extrêmes avec une esthétique sonore slam, graisseuse, et des patterns deathcore assourdissants.
Emmure faisait clairement partie, avec un LP comme «
Felony (leur meilleur à mon sens) des groupes deathcore les plus énervés du marché, aux côtés d'un
Suicide Silence pour n'en citer qu'un à notoriété plus ou moins similaire. Sans compromis dans sa brutalité, portée par un chanteur aux growl/screamo des plus haineux, la musique du quatuor ne laissait donc pas présager les concessions, puisqu'il faut bien appeler ça comme ça, qui ont été inaugurées avec «
Slave to the Game » et qui sont entendues sur ce «
Look at Yourself » très très largement décevant. Caractéristique du groupe, le durée des pistes ne peut pas être mise en cause tout comme la production heureusement irréprochable à ce niveau-là de leur carrière : non, c'est bien les musiciens qui sont en cause, tout d'abord par une fainéantise évidente de composition, mettant de côté toute surprise et se contentant d'aligner breakdowns (évidemment on est du deathcore) et riffing beaucoup trop simple pour emporter l'adhésion...A l'écoute de « You Asked for It » ou de «
Derelict » la sensation de trop peu et qu'on se moque quand même un peu de nous (pistes giga-courte + paresse musicale) est prégnante...
Surtout la touche qui dessine indéniablement la métamorphose du son
Emmure depuis «
Slave to the Game », c'est la présence toujours plus palpable du néo-metal. « Ice Man Confessions » et « Call me Ninib » entre autres sont les pistes les plus influencées par le genre, entre chant clair à la Chino Moreno des
Deftones et/ou rap à la Fred Durst et des mixages et sons très kornesques (sur « Flag of the
Beast » très proche de la bande de Jonathan Davis, avec une intro absolument similaire, c'est quasiment du plagiat). Ce n'est pas un hasard, lorsque l'on sait que Palmieri, notamment, cite
Limp Bizkit et
Korn en référence. Mais en l'absence d’originalité ou de reconfiguration de ces influences, je ne suis pas sûr que ce soit très heureux non plus. C'est comme si le combo faisait un retour en arrière, et nous livre aujourd'hui la musique qu'ils auraient logiquement dû faire à leurs débuts, puisqu'en art, on commence souvent par les influences puis on s'en éloigne avec la maturité...Pour ceux qui les suivent depuis leur débuts, en plus de montrer un changement de trajectoire étonnant, c'est assez déstabilisant, car on se prend à oublier sur la plupart des morceaux qu'on écoute un album d'
Emmure.
Emmure a pourtant encore de beaux restes ! Il y a de quoi, on est surs, revenir à la force de leurs albums initiaux lorsque surgit un morceau comme « Smokey » (double-pédale et ce son gras, hargneux, « harsh » qui renoue avec le
Emmure qui savait casser quelques vitres à ces débuts) ou les polyrythmies malaisantes de « Turtle in a
Hare » ou de « Russian
Aftermath » (par endroits, de loin, on est presque dans du
Car Bomb) qui se permet même son petit passage ouvertement djent.
Emmure en a clairement encore sous la chaussette, pour peu qu'ils lâchent la bride, comme ils savaient le faire il y a de cela presque dix ans maintenant. On peut comprendre que les musiciens aient soif d'une évolution (ou d'un aspect commercial plus élargi) mais il est difficile d'excuser le recours à des mécanismes de jeu et de composition qui laissent à penser que le groupe se repose trop facilement sur ses acquis, et encore, pas les meilleurs. De groupe fétiche,
Emmure n'est désormais qu'à peine un groupe dont on attend les sorties avec impatience, chacune étant hélas, une certaine déception.
Je viens d'écouter la chanson que tu as posté. Bon sang, que c'est ennuyeux. Y'a rien de bon : le vocal est entendu de chez entendu, aucune variation dedans ; les guitares sont beaucoup beaucoup trop mises en avant (c'est d'ailleurs surprenant dans ce genre où c'est plutôt la batterie qui prend toujours l'avant) et pareil que le vocal, aucune variation et enfin, les paroles; on dirait qu'elles ont été écrites par un enfant de dix ans. Et puis cette pochette : d'où ça fait deathcore ????
Je comprends que les chansons soient courtes si toutes celles-ci sont dans le même modèle. J'adore le deathcore, vraiment mais là, c'est tout simplement mauvais. Je passe mon chemin ...
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