J’ai envie de me prendre la tête avec vous aujourd’hui. On est tous pareils, y’a des jours comme ça où l’on se sent d’humeur taquine. Et si je commençais donc par balancer que vous les métalleux êtes obtus. Oui obtus. Même que plus obtus ça s’appelle être sourd. Par exemple, vous résumez toujours les réussites discographiques de
Dio uniquement à ses deux premiers all-time-classics «
Holy Diver » et «
Last In Line ». Quand vous êtes généreux, c’est-à-dire rarement, vous êtes trop obtus pour cela, vous poussez parfois jusqu’à «
Sacred Heart » ou «
Dream Evil ». Magnanime, je veux vous inviter à réviser votre copie et à ajouter à la liste «
Lock Up the Wolves ». C’est tout simplement le meilleur opus de
Dio !
(Ok là j’en fais trop, ce n’est pas crédible)
Flashback. Il y a 33 ans sortait ce cinquième album de
Dio. Enregistré au Granny's House de Reno, la prod' de Tony Platt est plus réussie que celle, un peu décevante, de l'album précédent. Un bon point.
Histoire de faire mon intéressant qui veut prouver qu’il a bossé sévère, je balance direct plusieurs changements par rapport aux skeuds précédents. Pour la première fois, un opus de
Dio dépasse 43 minutes. Et pas qu’un peu, 61 minutes ici, too much. Pour la première fois, la chanson éponyme n'est pas placée en deuxième piste de la face A. Pour la première fois, la mascotte Murray n’apparait pas sur la pochette. Ah ben non merde, elle n’était pas non plus sur celle de «
Sacred Heart ». Et surtout, pour la première fois, le groupe est composé de davantage de zicos européens qu’américains. Ronnie considérait que ses anciens partenaires avaient perdu la flamme, son guitariste Craig Goldy notamment.
Mouais. Je me demande si l’accueil glacial reçu aux US par le pourtant excellent «
Dream Evil » n’est pas pour quelque chose dans ce grand ménage de printemps. C’est à prendre au conditionnel car cela me semble vraiment peu mais j’ai lu sur le net que «
Dream Evil » n’aurait pas dépassé les 50.000 ventes là-bas. On est très loin des statuts Platine ou Or des trois premiers albums. La quarantaine à peine entamée, Ronnie ne veut pas se laisser déborder par la nouvelle vague : « You’ve got a pretty fickle audience out there, we have a good nucleus of people who stayed with us, but we also have to recapture the ones who didn’t, and that’s going to take some time. » (https://www.latimes.com/archives/la-xpm-1990-09-21-ca-881-story.html)
Donc, niveau line up, ça tangue très fort au sein du groupe, le dragon toussote. Jimmy Bain et Claude Schnell sont remplacés après plusieurs mois à travailler sur le nouvel album. Apparemment, Jimmy Bain, parti tourner avec
Cinderella pour remplacer Eric Brittingham dont la femme venait d'accoucher, devait revenir finaliser le disque ensuite mais cela ne s'est pas fait. Restent 4 titres qu’il a co-composé. L’inconnu Teddy Cook, lui succède à la basse. Il a fait partie de la première mouture de ce qui allait devenir
Danger Danger. Aux claviers, un transfuge de chez Malmsteen, le sieur
Jens Johansson. Vinny Appice est le dernier à s’en aller, juste quelques jours avant d’entrer en studio. Simon Wright, ami de longue date de Ronnie, qui a fini de manier les baguettes aux cotés de la famille Young, s’assoit sur le tabouret.
Sauf que le métalleux obtus que tu es, toi qui lit ces lignes en ce moment même, s’en tape de ces mecs, il veut juste savoir qui est le putain de nouveau guitariste ! Ce sera l’anglais Rowan Robertson. Ronnie a déclaré avoir reçu 5000 cassettes pour le job. Je me demande si des mecs connus ont fait acte de candidature, je n’ai trouvé aucune info à ce sujet. Ronnie tente un pari à la Ozzy - marrant quand on sait à quel point les deux hommes « s’appréciaient » - avec Zaak Wylde et engage un gamin de tout juste 17 ans. Y’a qu’à voir son air juvénile sur le mini poster du livret dépliant du cd, il a du lait qui lui sort du nez. Le petit jeune n’a rien lâché pour obtenir une chance de convaincre
Dio de l’engager. Après le refus initial de Phonogram Records de l’auditionner, Robertson a contacté le fan club officiel du groupe qui a transmis sa démo au management. Après une première rencontre au début de 1989 à
Los Angeles avec Ronnie et sa femme Wendy
Dio, puis une deuxième, il est intronisé guitariste officiel le 20 juillet 1989. Franchement, ce jeunot était une bonne pioche, sacrée gachette.
« Il compte nous parler un peu de la musique ou quoi ce gland ? » (pense très fort le métalleux obtus)
Venons-en donc au sujet qui fâche un peu, même sans être vous-savez-quoi. Musicalement, l’intérêt de Ronnie pour les mid tempi s’impose bien davantage que sur les précédents albums. Ils ne frappent pas à la porte, ils la défoncent ! Le trop étant l’ennemi du bien, l’auditeur que je suis finit par frôler l’indigestion. Surtout quand tu en prends trois à la suite quasiment d’entrée de jeu («
Born on the Sun », «
Hey Angel » et le longuet « Beetween two hearts »). Mon préféré est le premier cité, avec son superbe solo, dans la veine mélodique du
King Campbell. Trois mid supplémentaires composent la galette. «
Evil on queen street » n’a guère d’intérêt excepté pour son solo. Les 8 minutes 30 de «
Lock Up the Wolves » sont bien plus intéressantes, avec un très gros boulot de Wright qui porte le morceau. Je serais curieux d’entendre ce que
Iommi pourrait faire de ce titre avec son Sabbath. Enfin, en dernière piste vient le meilleur titre du skeud, « My eyes ». Quand Ronnie commencer à chanter après la minute, c’est comment dire … wow ! Comment peut-il aussi magnifiquement allier fragilité et force dans sa voix ? Mis à part un refrain qui manque de l'emphase d'un «
All the Fools Sailed Away », c'est du tout bon. Une honte de gâcher ce morceau et de conclure l’opus par cet immonde fade out qui n’en finit pas.
Quand le tempo accélère quelque peu, les titres sans être des « tubes » sont plutôt réussis («
Wild One » et son refrain efficace, «
Night music », magnifiquement chanté et agrémenté d’un chouette solo, tout comme « Walk on water »). Je mets de côté le quelconque «
Twisted ». Enfin le chouette «
Why are they watching me » est le morceau le plus heavy de l’album. Un titre seulement disponible sur la version cd. Il a pourtant le mérite d’apporter un peu de peps à ce skeud. Plutôt que d’enfermer les loups, pourquoi ne pas lâcher les chevaux Ronnie ?
L’album se vend encore plus mal que les précédents. Les concerts ne font pas le plein, loin s’en faut. A la demande insistante du music business,
Dio accepte la proposition d’un retour avec
Black Sabbath. Il y retrouve Vinnie Appice pour enregistrer « Dehumanizer ». Un retour éclair puisqu’il en repart à dos de dragon reformer son bébé
Dio. Les années 90 et les albums à venir vont être des énormes ratés. Vous ne me ferez pas changer d’avis sur ce point.
Oui moi aussi je suis obtus. Je suis un métalleux bordel !
Grand fan de DIO, j'avoue tout de même que ses deux premiers albums resteront à jamais ses meilleurs, les suivant baissant au fur et à mesure en qualité , y compris ce "Lock Up The Wolves", en dessous de dream Evil et encore plus de Sacred Heart .
Mais le fait d'écouter sa magnifique voix apporte toujours un bonheur sur tous ses disques, même sur les moins bons .
Excellent papier . Je rejoins largement ton ressenti même si j'ai de longue date un faible obtus pour Killing the Dragon. Point de détail sur l'orthographe de Zakk Wylde, pas de quoi s'y arrêter et cet épique title-track qui traverse si bien les décénnies. Merci Sam
@Choa : "j'ai un faible obtus". Voilà une expression que je vais faire mienne désormais, j'adore
Merci pour la lecture attentive et ce pauvre Zakk que j'ai mal orthographié. Tiens, pardon pour le hors sujet sous cette chro, j'ai appris il y a seulement quelques jours, en tombant au pif sur un lien YT, qu'il a rejoint la "reformation hommage" à Pantera. J'ai d'abord été surpris puis cela m'a semblé une évidence. Ca doit être intéressant à entendre.
Si les Goules se remettent aussi aux chroniques, c'est magique. Merci poto!
Me concernant, "Lock Up The Wolves" n'est pas mauvais, loin de là, mais il n'arrive pas à la cheville des quatre précédents. Il y a des bons titres, des bons riffs, mais ça manque cruellement de refrains catchy, à l'instar d'un "Wild One" qui commence super bien mais qu'on oublie rapidement parce que, où est le refrain, quoi. Et qu'il est long... Je ne l'avais même jamais régularisé avant que Did' me l'offre. Content de l'avoir quand même parce qu'il est bien sympa et vaut largement le coup, mais la flamme commençait à vaciller, et il est trop palôt si on le met à côté de ses grands frères.
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