Dream Evil

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17/20
Nom du groupe Dio (USA)
Nom de l'album Dream Evil
Type Album
Date de parution 21 Juillet 1987
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album518

Tracklist

1.
 Night People
 04:09
2.
 Dream Evil
 04:28
3.
 Sunset Superman
 05:48
4.
 All the Fools Sailed Away
 07:13
5.
 Naked in the Rain
 05:12
6.
 Overlove
 03:49
7.
 I Could Have Been a Dreamer
 04:46
8.
 Faces in the Window
 03:53
9.
 When a Woman Cries
 04:42

Durée totale : 44:00

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Dio (USA)


Chronique @ largod

25 Fevrier 2015

Bonne nuit les petits

Rappelez-vous de votre jeunesse.

Rappelez-vous de ces nuits durant lesquelles les aventures les plus irréelles et les situations les plus fantasmagoriques venaient perturber l’inconscient de votre imaginaire d’enfant. Ce sentiment, par exemple, de traverser le matelas lors d’une chute improbable au point de vous réveiller en sursaut. Ou bien encore, cette fuite en avant qui se résumait à un dangereux surplace alors que le danger vous envahissait d’une inconfortable sensation de malaise. Au matin, difficile de se rappeler des rêves agréables. Ceux au cours desquels le malin, le Mal ou des maux divers s’étaient invités gardaient bien vives leurs empreintes sur votre subconscient encore immature, qui découvrait jour après jour les méandres plus ou moins tortueux de la vie d’homme.

Rappelez-vous de la nuit passée ou de la précédente peut-être. Car les nuits agitées ne disparaissent pas malgré le temps qui passe. Ces mondes parallèles peuplés d’êtres chers ou de simples connaissances, de géants, de nains difformes ou que sais-je encore surgissent toujours sans crier gare. Dans un mouvement perpétuel de répétition anarchique qui nous laisse à penser que nous conservons notre âme d’enfant.

Ronnie James Dio (RIP) s’adresse, avec son lyrisme envoutant de sorcier des mots, à cette intimité personnelle et enfouie au plus profond de chacun de nous sur cet album « Dream Evil » sorti en plein été 1987.
Toujours secondé par son fidèle cogneur Vinny Appice et son non moins fidèle bassiste Jimmy Bain, il recrute Craig Goldy (ex-Rough Cutt, ex-Giuffria) au poste de guitariste, suite au départ de Vivian Campbell sans tambour ni trompette, et conserve comme cinquième membre le ténébreux claviériste Claude Schnell. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le chanteur va produire ce nouvel opus en prenant deux partis pris. Le premier consista à épaissir le gras des sonorités graves des instruments et le second fut d’offrir à son bassiste une empreinte monstrueuse pour ses lignes de basse, gardiennes imperturbables du tempo des morceaux comme un phare balayé par la mer déchaînée, que Ronnie savait astucieusement suivre et apprécier pour y poser son chant si caractéristique.

Dès « Night People », Dio privilégie le traditionnel titre rapide en ouverture de sa nouvelle œuvre. A peine les claviers sont-ils éteints, que la chevauchée au royaume obscur des songes inavoués, contés par l’élocution parfaite du chanteur de poche, commence. Appice et Bain accueillent bras ouverts le nouvel arrivant à la six-cordes, tant attendu pour sa première prestation. Lick, riffing et solo confirment en quatre minutes que l’ancien front-man de Rainbow sait toujours dénicher des musiciens de talent. En matière d’entame de titre, celle de Claude Schnell sur « Sunset Superman » annonce une majestueuse ligne de chant qui relance la machine propulsée aux confins du cosmos par un Jimmy Bain positif au contrôle anti-dopage et un Vinny Appice appliqué à tanner le cuir de ses peaux. Craig Goldy cloue sur place son auditoire d’un riffing rampant et d’une certaine subtilité dans l’équilibre de ses soli au contraire d’une outro collective de diplodocus en fin de piste. Dio continue de dégager les bronches avec le diluvien « Overlove » sur lequel le jeune guitariste, sans doute cueilli à froid par un cauchemar où Billy Gibbons lui insufflait inspiration à grands coups de pelle, se déchaîne tel un diable. Mention spéciale à la paire Bain-Appice particulièrement à l’aise sur les excès de vitesse. Ils le prouvent encore sur le concis et direct « Faces in the Window », tracté par la guitare abrasive de Goldy et les nappes de claviers hypnotiques de son ainé moustachu.

La musique de Dio ne serait rien sans le vocaliste d’exception que fut Ronnie James.
Son génie mis au service de la création artistique éclabousse de grâce et de sensibilité les sept minutes que dure « All the Fools Sailed Away ». Toute la force et la beauté de cette chanson émanent de la retenue permanente de puissance du chant et de la mélodie, la conduisant au final vers l’excellence et le sublime. Un moment de magie qui tranche avec le second single qui sera tiré de ce disque « I Could Have Been a Dreamer », dont l’hyper lourdeur parvient à être sauvée de la pesanteur par les interventions de Schnell, le refrain optimiste de Ronnie et la démonstration du jeune soliste. La facilité de composition du lutin vert transpire sur un « Dream Evil » à la rythmique de plomb comme une nuit agitée sans sommeil : son chant clair défie les lois de la gravité et la basse de Jimmy Bain transformée en tracteur de labour pour zone de combat. Craig Goldy se sort magistralement d’un clair-obscur entre riff Blackmorien classique et solo classieux.
Avec l’inquiétante ambiance en contretemps de « Naked in the Rain » nous plongeons à nouveau au milieu d’une bande son d’un horrible rêve éveillé, orchestré par un apport conjoint des claviers aériens de Schnell et de la guitare discrète de Goldy, hormis le lick du refrain et la visite complète de manche sur les soli. Soignant sa sortie, les arabesques de guitare de « When a Woman Cries » et son orchestration purpleiène nous transportent entre ciel et terre, accrochés au chant magistral du maître et demi (pas plus) Dio et à la fulguro-basse de Goldo-Bain. Quel solo de Goldy pour finir !

Plongé dans les coulisses infinies et inattendues de notre cerveau, abandonné à l’alchimie aléatoire de la connexion de nos synapses, notre voyage au royaume des rêves malins ne s’arrête pas lorsque le bras de la platine quitte le sillon de cet album. Il n’est qu’une première porte ouverte vers une épopée mystérieuse que nous découvrons lorsqu’enfin notre corps s’abandonne aux délires de notre esprit, libéré de la dictature de notre conscience.
Il fallait bien qu’un magicien du calibre de Ronnie James Dio se penche avec douceur sur cet univers pour qu’enfin, peut-être, l’enfant qui se consume en nous dorme à poings fermés, comme sur la pochette dessinée par Steve Huston.

Que votre nuit soit belle.


Didier – février 2015
They say you’re beautiful
And they’ll always let you in
But doors are never open
To the child without a trace of sin

27 Commentaires

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samolice - 04 Mars 2015:

C'est vrai que en lisant ton message, je me rends compte que Goldy n'a joué que sur ce disque. Etonnant le défilé de guitaristes dans le groupe de Dio. Quand on lit la presse métal, on entend toujours des hommages des zicos selon quoi Ronnie était une personne fantastique, facile à vivre, respectueuse, etc. Et pourtant les gratteux se faisaient tous la malle plus ou moins rapidement (plutôt plus que moins d'ailleurs). J'arrête, je ne voudrais pas donner l'impression de vouloir souiller la mémoire de ce grand monsieur du métal.

Saturnine - 04 Mars 2015: C'est David Coverdale qui les débauche (Vivian Campbell, Doug Aldrich) ! Blague à part, Goldy sera de retour à la six cordes une bonne dizaine d'années après cet épisode, sur Magica plus précisément. Et c'est un excellent guitariste qui, moins « virevoltant » que Vivian peut-être, s'avère être un musicien fin au jeu construit. J'aime beaucoup le travail de Campbell sur les trois premiers mais je suis tout à fait satisfait de son successeur.
ELECTRICMAN - 27 Janvier 2020:

Des décennies que je n'avais pas écouté ce disque, comme d'ailleurs DIO dans son ensemble, alors que dans les eighties j'étais vraiment accroc. J'avais oublié à quel point ce millésime 87 était bon, aucun complexe à avoir avec les précédents.

angus107 - 23 Janvier 2024:

C'est l'album que j'aime le moins des 4 premiers.

Je trouve que les morceaux de cet album sont moins "pechus" et moins inspirés que sur les 3 premiers.

Il n'en reste pas moins un très bon disque de Hard Rock

17/20

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