Quand on parle de thrash, on pense d’emblée au Big Four américain, au Thrash Bay
Area ou au Big Three allemand, qui font office de références incontestables et incontestées du style. Ceci dit, parmi les vétérans, on oublie souvent
Onslaught, qui traîne quand même ses guêtres depuis 1983 sur la scène extrême anglaise et qui, avec son
Power from Hell de 1985, et un
The Force l’année suivante comptant parmi les plus occultes et violentes réalisations thrash de l’époque, fait également partie des groupes ayant contribué à poser les bases de ce nouvel art metal chaotique et destructeur qui vivait alors ses premières années tumultueuses.
Après un split en 1991, les thrashers de Bristol se reforment en 2005 et opèrent un retour fracassant deux ans plus tard avec le terrible
Killing Peace. Confortablement réinstallé sur la scène thrash avec trois très bons albums depuis leur come-back, le quintette décide d’immortaliser deux concerts à domicile, à Londres et Bristol, sur CD et DVD, et d’enfin sortir un live digne de ce nom, celui sorti en 2007 étant un peu léger avec seulement huit titres.
Ce sont les cris et les applaudissements du public ainsi qu’une alarme antibombardement et quelques bruits de mitraillettes qui nous mettent directement dans l’ambiance, marquant le début d’un set carré, violent et énergique sans fioriture : This is The Sound of Violence déboule, carré, propre et dévastateur, et le premier constat fait plaisir, le son est impeccable, avec des grattes parfaitement mises en avant qui envoient des riffs limpides et saccadés à faire headbanger un mort.
Sy Keeler est bien en voix et toujours juste, usant principalement de ses vocaux éraillés et agressifs, et si la section rythmique est un peu en retrait au profit des grattes (on n’entend pas beaucoup la basse), ne vous inquiétez pas, cela n’empêchera pas les Anglais de vous foutre une bonne branlée.
Killing Peace s’ensuit, rapide et impitoyable, bombe de thrash qui met définitivement au tapis avec ses up tempi, ses riffs tronçonneuses, ses breaks brise-nuque et son solo hurlant exécuté à toute blinde.
Onslaught nous propose sur ce
Live at the Slaughterhouse treize titres pour un ensemble de 70 minutes d’une exécution irréprochable, avec des soli parfaitement torchés, un batteur infatigable balançant des roulements tonitruants et un frontman très en voix, variant admirablement ses vocaux, entre son chant habituel haché et glaireux, quelques cris suraigus qui passent bien (Let There Be Death,
Metal Forces) et d’autres éructations plus rauques (The Sound of Violence, Rest in Peaces,
Onslaught (
Power from Hell)), et qui en plus, harangue la foule bien comme il faut histoire d’achever d’enflammer un pit qui doit déjà être bien chauffé à blanc.
Les titres s’enchaînent sans temps mort à un rythme soutenu, avec une alternance de morceaux plus mid tempo et de brûlots incandescents, histoire de laisser souffler entre deux rafales : ainsi, Let There Be Death, au début lourd et headbangant à souhait, avec ses parties pesantes et saccadées aux hey hey de rigueur, permet de respirer après l’intense Chaos Is
King, et
Children of the
Sand, l'un des titres les plus mélodiques du combo, est un peu comme le repos du guerrier avant le fracassant Rest in Peaces. On remarquera d’ailleurs que les titres les plus mid tempo se situent en milieu de set, et que les Anglais remettent un bon coup de bourre avec les ultimes morceaux, histoire d’achever les derniers survivants, stratégie pernicieuse mais ô combien efficace.
Au niveau de la set list, pas grand-chose à reprocher, toutes les époques du groupe sont fidèlement représentées (on retrouve même le titre
In Search of Sanity, qui a le mérite de défendre la galette du même nom, seul album plutôt moyen du groupe),
Onslaught ne faisant dieu merci pas l’impasse sur ses vieux classiques intemporels. Ceci dit, fait assez singulier pour être noté, il les place tous en fin de set, exception faite de Let There Be Death, faisant monter l’intensité d’un cran et nous replongeant dans les années 80 avec ces riffs heavy thrash speed délicieux si typiques de l’époque. Un
Fight With the
Beast survitaminé nous explose à la gueule, suivant le sage
In Search of Sanity, et force est de constater que Nige Rockett est toujours aussi impérial dans ses soli électriques et échevelés. S’ensuivent les hymnes irrésistibles
Metal Forces et
Onslaught (
Power from Hell) à la violence magnifiée par le live, avant que l’album ne se termine sur un délicieux Termonuclear
Devastation punkisant et jouissif. La boucle est bouclée, tout est dit et bien dit, et les Anglais viennent de distribuer treize mandales, faisant une démonstration de thrash puissant, carré et destructeur dont pas mal de petits jeunes aux dents longues devraient prendre de la graine.
On sort lessivé et béat de ces 70 minutes de thrash costaud, brut de décoffrage et parfaitement exécuté. On regrettera juste que le tout soit un peu court (un double CD n'aurait pas été de trop!), et que l’ambiance occulte qui a fait en partie la réputation du groupe ne soit pas plus mise en avant via quelques samples ou interludes lugubres (mis à part l’intro de
Onslaught (
Power from Hell), c’est le néant de ce côté-là), ceci dit, on respectera le choix du groupe qui semble avoir opté pour une mise en scène simple et dépouillée, misant plus sur la puissance et l’efficacité.
Qu’on se le dise, après plus de trente ans de carrière,
Onslaught est toujours là et plus que jamais prêt à botter des culs, comme s’ils avaient signé un pacte avec le Diable pour rester immortels.
Power from Hell !
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