Let this Rope Cross all the Lands

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16/20
Nom du groupe My Own Private Alaska
Nom de l'album Let this Rope Cross all the Lands
Type Album
Date de parution 21 Mars 2021
Style MusicalPost Hardcore
Membres possèdant cet album0

Tracklist

1.
 Your Shelter
 
2.
 There Will Be No One
 
3.
 Red
 
4.
 Speak to Me
 
5.
 Ego Zero (B-Side Version)
 

Bonus
6.
 Your Shelter (Bonus Vinyl)
 
7.
 Amen (Bonus Vinyl)
 
8.
 Just Like You and I (Bonus Vinyl)
 

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My Own Private Alaska


Chronique @ Eternalis

02 Avril 2021

Les sensations du passé reprennent forme après quelques instants. Ce groupe si unique ne s’est pas éteint.

Dix ans. Dix ans qu’un chef d’œuvre musical est sorti de terre, de l’esprit tourmenté de ses géniteurs et de ses souffrances les plus intimes. Amen.

Œuvre singulière et unique, "Amen" est l’unique album original de My Own Private Alaska (également auteur d’un ep et d’un album « acoustique » d’autres morceaux), celui qui les emmena partout en Europe, celui qui fut façonné par Ross Robinson, celui également qui traumatisa tout un public qui n’avait encore jamais entendu ça. Et qui ne l’entendra plus jamais après. Pianocore pour les fanatiques de l’étiquette, musique extrême sans guitares pour d’autres, MOPA c’est aussi une poésie empoisonnée, avec comme base un piano lyrique et grave accompagné d’une unique batterie pour la base rythmique et d’un vocaliste écorché hurlant, parlant, narrant ses textes, les vivant du plus profond de ses tripes.
Un album et puis s’en va. Les attentes autour d’eux, la pression, un pétage de plomb et Amen restait seul, isolé, comme une ile au milieu d’un désert toujours plus stérile de créativité et d’expérience vraiment intense.

La reformation eu lieu mais la pandémie passa par là, amputant la tournée pour les 10 ans d’"Amen" d’une grande majorité de ses dates. L’album qui aurait pu (ou dû) voir le jour fut repoussé mais les toulousains sont tout de même de retour avec un ep répondant au doux nom de "Let this Rope Cross all the Lands". Un ep avec un inédit, des versions de nouveaux réarrangées mais aussi rares n’ayant jamais vu le jour dans nos contrées mais disponibles sur d’obscures sorties de l’est. Quant à ceux qui auront le plaisir de s’approprier la version vinyle de l’ep, quelques titres « live » agrémenteront l’ensemble pour porter l’objet à huit pistes.
Le premier élément important de cette reformation est que nous sommes désormais face à un quatuor. Si Tristan et Matthieu sont toujours au cœur du projet, Yohan n’a pas renouvelé l’expérience et c’est un jeune batteur qui le remplace, accompagné d’un certain Mathieu Laciak au deuxième synthé. Non content de ne toujours pas posséder de guitare ou de basse (même si l’idée avait été évoqué), My Own Private Alaska pousse son concept encore plus loin en ayant deux pianistes, afin d’élargir encore le champ des possibles, d’intégrer des nappes dans les fréquences basses pendant que l’autre joue la partie mélodique, voir même deux mélodies différentes en même temps. Tristan l’avoue ; l’arrivée d’un second pianiste lui ôte un poids des épaules, lui qui était la seule entité mélodique et harmonique des compositions jusqu’à aujourd’hui.

Présentations faites, laissons-nous happer par "Let this Rope Cross all the Lands". Les sensations du passé reprennent forme après quelques instants. Ce groupe si unique ne s’est pas éteint. Leur rage et leur désespoir n’ont pas été assouvi. Milka a toujours autant de douleur en lui et s’il hurle moins, il semble parfois plus songeur, plus chanteur même dans son approche sur "Your Shelter", le seul véritable inédit de la galette. Dynamique et rapide au niveau du tempo (ce nouveau batteur montre assez vite qu’il souhaite en découdre), le morceau est aussi rapidement une façon de démontrer l’intérêt d’intégrer des nappes de claviers et des mélodies en plus du piano, afin de remplir le vide dans l’espace sonore. Les parties vocales continuent de mêler du chant clair, hurlé, des spoken words ... même si l’on ressent ici un peu moins de désespoir pur pour y intégrer une certaine lumière, un espoir diffus.
"There Will Be no One" était uniquement disponible sur un ep intitulé "A Red Square Sun" introuvable (à part sur Youtube) et renoue avec l’ambiance de "Amen". La mélodie de piano est virtuose et totalement tourmentée tandis que Matt est incroyable tant il module sa voix, hurlant sa souffrance et sa rage comme un damné. Il se dégage une détresse aiguë de cette composition, notamment sur un break d’une crudité absolue, laissant la place à la caisse claire et à quelques nappes de synthés accompagnant des notes de piano sur les gammes graves. Comme une sensation de finitude, de chute, inexorable et sans fin. "Speak to Me", tiré du même ep, est du même type, Milka s’y égosillant encore plus qu’à l’accoutumer, avec un tempo globalement plus lent et fataliste. La mélodie principale est une fois de plus très sombre, suicidaire diront certains même s’il s’en dégage, surtout vers la fin, une certaine beauté, avec l’intégration de nappes presque électroniques, subtiles mais apportant énormément dans le spectre sonore (à savoir qu’au moment de ce titre, Tristan jouait tout mais qu’il était déjà prévu d’accueillir un quatrième membre).

Mais si l’achat de cet ep devait être indispensable, ça serait sans commune mesure pour cette relecture dantesque, parfaite et admirable de "Red". Ouverture initiale de "The Red Sessions", projet acoustique uniquement en voix claire, il trouve aujourd’hui sa totale plénitude dans une version plus « normale » (à l’échelle de MOPA). Les variations de ton dans le chant lui confèrent une force nouvelle, renforçant les parties narratives qui explosent sur un refrain entre hurlement et chant rauque, entre clarté et obscurité. La mélodie principale est toujours aussi sublime, belle à pleurer, amplifier par des nappes obsédantes et oppressantes, ne faisant que rendre la composition plus lourde et anxiogène encore. Matthieu nous arrache les tripes par son chant, faisant de la montée en puissance finale un moment incroyable (cette explosion, puis cette reprise pleine de fatigue, de lâcher prise ...), peut-être l’un des plus forts que My Own Private Alaska n’ait jamais écrit. Et surtout une immense preuve que leur retour n’est pas usurpé, qu’il est même indispensable pour que ces hommes continuent de se livrer, de nous raconter leurs souffrances et que nous soyons là pour les écouter.
"Ego Zero" a également droit à une seconde jeunesse, lui qui est un transfuge du premier ep. Les différences ne sont finalement pas si notables, la progression étant assez similaire mis à part la seconde partie du titre qui se trouve finalement être plus dynamique même si la différence abyssale entre les deux productions joue également dans notre distinction entre les deux compositions.

Cinq titres. Un inédit. Deux relectures dont une absolument majeure et poignante. Deux pistes rares. Et puis trois live issues de sessions en plein air, durant un concert face au vide des côtes bretonnes, permettant surtout d’entendre comme "Amen" et "Just Like you and I" sonneront désormais, avec ce second clavier (jouant sur Amen comme une basse presque). Le second titre est traité durant presque dix minutes et étale sa fin durant de longues minutes pleine de tension. Quasiment hypnotique, ces dernières minutes sont aussi une nouvelle démonstration que MOPA interprète sa musique de mille façons, que chaque concert peut-être une expérience différente, selon les humeurs des uns et des autres. Parce que c’est aussi ça ce groupe. Un art qui ne tourne jamais en rond, qui évite les cases et qui se permet de vivre, d’être constamment différent et foncièrement unique.
"Let this Rope Cross all the Lands" n’est qu’un pas permettant d’écrire une partie du vide qui nous sépare du second disque. Attendu depuis si longtemps et plus proche que jamais de voir le jour. Bientôt. Très bientôt ...

1 Commentaire

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peto - 03 Avril 2021:

Quel plaisir de retrouver MOPA! Merci pour cette superbe chronique. Je n'ai pas la version avec les 3 bonus mais ça me va déjà!

(petite faute de frappe dans la chronique "spoken wods" ;-) )

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