Amen

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16/20
Nom du groupe My Own Private Alaska
Nom de l'album Amen
Type Album
Date de parution 19 Avril 2010
Produit par Ross Robinson
Style MusicalPost Hardcore
Membres possèdant cet album36

Tracklist

1. Anchorage 05:41
2. After You 04:13
3. Die for Me (If I Say Please) 05:50
4. Broken Army 05:47
5. Where Did You Sleep Last Night? 04:35
6. I Am an Island 04:52
7. Amen 03:37
8. Kill Me Twice 05:10
9. Page of a Dictionary 05:43
10. Just Like You and I 06:40
11. Ode to Silence 07:46
Total playing time 59:54

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My Own Private Alaska


Chronique @ ROCKINGIRL

10 Mai 2010
Trois musiciens atypiques quelque-part en Alaska… :


Les quatre lettres M.O.P.A sont les abréviations de My Own Prive Alaska. C’est un groupe toulousain qui a souhaité faire référence au film de Gus Van Sant. Mais c’est plus que ça. Mika, Tristan et Yoan forment un trio tout à fait original : un chanteur screamo, un pianiste et un batteur amateurs de musique de films. Adieu guitares et basses. Qui a dit que c’était nécessaire pour faire du prétendu métal ? Leur but : se démarquer du monde musical par leur singularité.


Leur premier EP éponyme est sorti en 2007 et leur premier album intitulé Amen est dans les bacs depuis le 5 avril cette année. Il a été produit par Ross Robinson, connu pour avoir bossé avec entre autres Korn, Slipknot, The Cure, Limp Bizkit et Deftones. Mixé par Ryan Boesch, qui a aussi collaboré avec Eels, Foo Fighters et Ben Harper.

M.O.P.A., c’est donc des textes vifs, des cris poignants et des rythmes irréguliers sur des mélodies effrénées mais mélancoliques. C’est un mélange osé entre musique classique de par la présence éclatante du piano classico-romantique, et l’appellation screamo/hardcore ou encore piano/core ; mélange entre accessible et expérimental, entre finesse et férocité. Il en résulte une cohérence émouvante, de quoi faire taire les sceptiques qui pensaient ces deux univers incompatibles. Ce qui est sûr, c'est que les guitares ne manquent pas, la batterie et le piano sont déjà tellement puissants et expressifs.

Amen reprend, parmi ces douze titres, quatre morceaux figurant sur l’EP: "Die for me", I am an island", "Kill me twice" et "Page of a dictionary"; mais ce ne sont pas tout à fait les mêmes versions. Il est vrai, si on prête l’oreille, que les titres sont plus travaillés, plus nuancés, grâce à la production remarquable de Ross Robinson. Milka ne fait pas que crier, notamment sur le premier morceau, « Anchorage ».

Cet opus est incontestablement troublant par son côté sombre mais éclatant. Milka crie, hurle même sa douleur, son désespoir, pendant que Yohan frappe sauvagement sur ses caisses comme une bête. Tristan rajoute ce côté romanesque et mystérieux en faisant pétiller fougueusement les touches du piano. Ce mélange hybride audacieux nous emporte vers des contrées lointaines, au-delà de toute réalité tangible. Plus que ça, ces morceaux envoutants prennent l’auditeur aux tripes, lui donnant l’envie d’écouter et réécouter ces morceaux jusqu’à saignement des oreilles…


A noter qu’ils seront de passage à Toulouse au Bikini le 12 mai, aux Eurockéennes le dimanche 4 juillet. Pour les autres dates proches de chez vous, reportez-vous à leur programmation ici : http://www.myspace.com/myownprivatealaska

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Strafeur - 11 Mai 2010: Tu dispose de quel format du disque? Parce que je serai curieux de savoir ce que donne le son vinyle avec leur musique déjà teinté de partout :/

Sinon j'aime bien t'as chronique ^^
Ezechielle - 11 Mai 2010: Certes, leur musique se démarque, mais il n'y a pas de quoi crier au géni. Tenter de concilier les opposés (ici, screamo et piano) ce n'est pas franchement nouveau, or ici, je trouve le mélange mal dosé. Il y a une telle distance entre le chant screamo et le piano que cette musique me laisse un sentiment de vide, d'inachevé… Mais peut-être est-ce l'habitude qui joue… Bref, c'est mon avis, je ne l'impose à personne ;)
Eternalis - 11 Mai 2010: Quand on comprendra déjà que le chant n'est pas screamo mais core...on aura fait du chemin...
Strafeur - 11 Juin 2010: +1
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Chronique @ Eternalis

06 Juin 2010

Onze compositions. Onze fragments d’âme et de souffrance...

L’instant. Vivre le moment présent sans le penser, sans l’analyser ou le disséquer…simplement le vivre. Peut-être peut-on y voir ici le propre même de la sincérité, l’antithèse du calcul annihilant l’émotion simple mais pourtant tellement plus forte. Certains musiciens ont tenté d’appliquer cette formule, tout en y ajoutant une opiniâtre volonté de rejeter les conventions et de frapper un grand coup dans la fourmilière sclérosée de la musique.

Si nous parlerons ici des toulousains de My Own Private Alaska, on pourra finalement établir des parallèles avec des artistes, volontairement différents, n’ayant eu au final d’autres envies que de ne pas faire comme les autres. Car que fit d’autre que ça un Marilyn Manson qui, dans une musique pourtant pleine de sensibilité, y insuffla une aura décadente et malsaine, un Meshuggah qui réinventa la musique en l’intellectualisant, l’alourdissant et en fondant littéralement un nouveau monde musical. Que fit Neurosis si ce n’est de peindre des paysages musicaux intimistes et introvertis en minimalisant la musique pour la faire devenir entité vivante ? Des artistes qui dérangent, choquent, attisent haine ou adoration…mais des artistes avant tout…tout comme les trois membres de MOPA.

Présenté comme original ou avant-gardiste par la simple absence de guitare et de basse, le concept de My Own Private Alaska va bien plus loin qu’un énième groupe de post-musique sans âme et cherchant à se conformer à une nouvelle forme d’anticonformisme (phénomène prenant de plus en plus d’ampleur).
Après un premier ep unanimement reconnu comme impressionnant dans l’underground, c’est avec Ross Robinson (Korn, Slipknot, Wasp, Deftones…) que le trio est allé enregistré son premier véritable album, de l’autre côté de l’océan, pour immortaliser une association se révélant artistiquement et humainement d’une intensité peu commune.

"Amen" voit le jour. Onze compositions. Onze fragments d’âme et de souffrance d’un poète maudit, Milka, et de deux musiciens visiblement écorchés par la vie et l’existence, insufflant dans cet album un symbole de renaissance et une célébration d’une vie nouvelle. Néanmoins, c’est dans un recueil de tourments et de douleur que l’auditeur sera plongé.
Dès l’intro d’"Anchorage". Les notes de piano se font solennelles, lentes, graves et tendues. La batterie, unique objet de repère rythmique de la musique, tisse une toile complexe et en constant mouvement. Puis ce chant, cette voix, cette narration…Milka raconte sa vie mais nous parle, nous délivre son expérience, ses souffrances. Lorsqu’elle se fait écorchée, sa tessiture de voix, lentement mais surement, s’évertue à retourner et arracher les tripes de l’auditeur, prendre contrôle de ses émotions, et le perdre devant tant d’expressivité. Et si la mélodie de piano principale est d’une pureté proprement magnifique, c’est dans cette emphase lyrique quasi symphonique, déchirante et presque tragique, que MOPA se pose déjà en dépositaire d’une vision musicale aussi inédite qu’incroyablement forte émotionnellement.

Forte. Si la comparaison avec l’ep sera évidente, la différence d’interprétation l’est également. L’aspect crade et froid a disparu, conférant aujourd’hui un rendu plus complexe mais paradoxalement plus cru, plus autodestructeur quelque part. En multipliant les effets, travaillant la production, le fond sonore, les échos, MOPA apparait plus torturé que jamais, ayant compris que sincérité et complexité pouvait être complètement parallèle.

Il suffit d’écouter le terrifiant et apocalyptique "I Am An Island" pour s’en rendre compte, véritable manifeste d’une volonté d’exclusion sociale, afin de trouver son propre Alaska, son propre paradis perdu afin de quitter cette société rongée et détruite de l’intérieur par son propre créateur. Posé sur un texte absolument phénoménal de noirceur, Milka y apparait désespéré, fatigué, emprunt d’une complète incompréhension face à ce que l’on ose encore appeler l’humanité. Le piano, virevoltant, se fait chaotique et complètement schizophrénique, comme un dédale fou furieux dévalant l’esprit d’un auditeur auquel on tenterait d’ouvrir les yeux. A travers un break quasi bruitiste, violent à l’extrême psychologiquement, Milka se veut plus effroyable que jamais, libérant sa plus belle et terrible ode, autant d’espoir que de désespoir.

Mais si le malaise s’arrêtait à ce titre…

Que dire de ce "After You", reconnaissable entre mille par son rythme de batterie saccadé, agissant comme un exutoire envers la rancœur d’une relation féminine détruite et étant devenu symbole de douleur pour son principal acteur. Les hurlements du toulousain sont incroyables de sincérité et de vérité tant l’on pourrait croire que ces cris sont notre « moi » intérieur, comme s’ils étaient la matérialisation de nos propres faiblesses. Idem concernant un "Die for Me", plus noir et décadent, presque vomitif, parfois contemplatif (cette pureté pianistique accentué par ces vocaux lointains…) mais se terminant dans un déchainement proprement hallucinant de haine et de colère.
Et si le "Where Did You Sleep Last Night ?" fera frissonner les fans de Nirvana, c’est encore nos relations humaines ratés qui nous remonteront en plein visage.

MOPA s’attaquera à l’armée sur la sublime "Broken Army", peut-être l’un des titres les plus viscéral et bouleversant de l’album, aux lignes vocales dantesques, entre hurlements et déchainements de dégout impressionnants (ce « Like a Liar » collant des frissons partout…). La partie de piano se fait très baroque sur ce titre, pleine de variation, parfois décadente, prétentieuse, comme pour marquer le caractère ostentatoire du sujet. Pour un Amen éponyme presque déséquilibré, très live, emplie de furie et de crainte, il y aura également ce "Page of a Dictionnary" parfois difficile à écouter tant il est physiquement indomptable et d’une intensité émotionnelle inouïe.

Définitivement, "Amen" est bien plus qu’un album, "Amen" est bien plus que de la musique, "Amen" est la matérialisation d’une partie de nos souffrances. Comme une boite dans laquelle on enfermerait nos démons pour tenter de les fuir, de les canaliser ou les oublier, MOPA les ouvre au grand jour et nous les fait revivre à une puissance dont nous avions à peine conscience. MOPA nous rappelle les difficultés passés, il nous touche et nous détruit, avec comme seule finalité l’évidence même : celle d’avoir enfin fait le point afin de trouver ce fameux Alaska intérieur. "Amen" ; ou le simple chemin d’une rédemption banalement humaine.

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ArchEvil - 12 Avril 2011: Milka? c'est celui qui chante LEEEEEEEEEO ?

Bon que dire... Morgoth a expliqué ce qu'il en est, je ne vais pas en rajouter.

j'apprécie le minimalisme, beaucoup même. Mais il faut qu'il soit inspiré. MOPA n'a "d'original" que sa conception du clavier qui vient prendre la parole à la place de la six cordes. L'initiative ne me plaît guère pour un groupe que l'on classe ( inconsciemment peut être ) dans le metal. Mais ce n'est pas grave à la rigueur, si il y a de l'idée.

Et c'est justement là le problème, le clavier est là pour meubler... Aucune magie ne s'échappe de ces accords, j'irai même jusqu'à avoir le sentiment que ces quelques notes jouées machinalement sont un masque à esbrouffe... Quant à LEEEO, son ton mièvre m'est insupportable mais je ne suis pas client de ce genre de chant clair.

Voilà. hermétisme total face aux émotions dégagée par ce MOPA, chose qui est naturellement trè subjective. Mais le problème est que lorsque les émotions ne prennent pas, on a plus rien sur quoi se raccrocher.

Je tiens tout de même à émettre une réserve quant à l'originalité de MOPA. J'ai du mal à concevoir que mettre un clavier en évidence fasse l'originalité d'un groupe. Il y a aussi le fond non?

bref, une chronique très bien écrite comme à ton habitude ( même si le ton extraverti et la dithyrambe ne sont pas spécialement de mon goût ).
Eternalis - 12 Avril 2011: "Voilà. hermétisme total face aux émotions dégagée par ce MOPA, chose qui est naturellement trè subjective. Mais le problème est que lorsque les émotions ne prennent pas, on a plus rien sur quoi se raccrocher. "

Totalement...ça fait parti de ces groupes purement émotionnels où, si l'on ne rentre pas dans l'atmosphère et les émotions véhiculés, n'a plus d'attrait. Je trouve que c'est aussi ça avoir une âme...après à chacun ou non de se retrouver dedans :)
Mr4444 - 18 Août 2011: Cet album a de quoi faire frissonner, toutefois, je trouve que les quatre chansons de l'EP qui sont ici modifié en sortes plus ou moins bien retravaillé... C'est mon avis, bien sur, mais je trouve "I am an Island" beaucoup moins inspiré sur l'album (le passage un peu trop surfait après le second "I am an Island") que la version apocalyptique de l'EP par exemple. Mais très bonne chronique et un album qui vaut vraiment le coup d'être écouté.
Groaw - 18 Fevrier 2017: J'ai découvert ce groupe très récemment et je dois dire que cet album est tout simplement un bijou.
On en frisonne rien que de l'écouter, le piano ajoute dans les compositions un touche dramatique puissante et captivante et cette voix pleine de rage.

Superbe chronique au passage, même si elle date de sept ans maintenant ^^
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