My Own Private Alaska

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18/20
Nom du groupe My Own Private Alaska
Nom de l'album My Own Private Alaska
Type EP
Date de parution 2007
Style MusicalPost Hardcore
Membres possèdant cet album20

Tracklist

1.
 Die for Me (If I Say Please)
 08:06
2.
 Page of a Dictionnary
 06:18
3.
 Ego Zero
 06:20
4.
 Kill Me Twice
 06:52
5.
 I Am an Island
 04:43
6.
 First Steps
 07:51

Durée totale : 40:10

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My Own Private Alaska


Chronique @ Mr4444

01 Mai 2012

Une entité bouleversante, à la croisée de Will Haven et Chopin

Il y a eu quelques titres mis sur un célèbre réseau social. Il y a eu un appel de Ross Robinson. Il y a eu une rencontre avec ces « trois musiciens assis ». Il y a eu une refonte intégrale du son. Il y a eu la sortie et le succès de « Amen ». Il y a eu cet album acoustique. Il y a eu l'EP « A Red Square Sun ». Il y a eu cette annonce d'un deuxième album. Mais tout ça, ce fut après. Il est temps d'opérer un retour à l'origine.

Et l'origine, c'est 2007, quand My Own Private Alaska voit le jour. MOPA, c'est la réunion de « trois musiciens assis ». Un pianiste qui nous fait voyager le temps d'une symphonie délicieuse, un batteur qui frappe comme si la fin du monde allait avoir lieu demain et un chanteur condamné à hurler sans aucun répit. Tristan, Yohan et Matthieu forment à eux trois cette entité bouleversante, à la croisée de Will Haven et Chopin.

« My Own Private Alaska » est donc le premier jet de ce groupe atypique. Et pour ceux qui ont déjà écouté « Amen » (car « The Red Sessions » est à classer à part), il va falloir réviser votre copie. Rien ici n'est réellement comparable au premier véritable album du groupe. Tout ici n'est que chaos, bien loin de la perfection du son d' « Amen », bien aidé par Ross Robinson. « My Own Private Alaska » est fait maison et ça se sent, le son y est sec, sombre, très noir même. Milka hurle sur quasiment tout l'album, ne s'autorisant qu'un peu de répit sur un seul titre. La batterie est nettement moins profonde, mais bien plus frappante que sur l'album. Le son est différent et ça contribue grandement à cette atmosphère chaotique si chère au trio. Les pistes sont bien plus longues que sur l'album et ici, nous avons six titres pour près de quarante minutes d'art.

Les auditeurs d' « Amen » auront vite remarqué quatre titres. « Die for Me (if I Say Please) », « Page of a Dictionnary », « Kill Me Twice » et « I Am an Island ». Quatre ébauches. Les morceaux ont été retravaillés avec un son plus pur afin de paraître sur « Amen ». Mais ici, la pureté est symbolisée autrement. Ainsi « Die for Me (if I Say Please) » met plus de temps à s'ouvrir, le piano a ainsi plus longtemps la parole. Le jeu de Tristan est pur, sincère, mélancolique... Mais très vite, la vérité nous rattrape, la batterie claque d'un seul coup et les hurlements de Milka nous détruisent le système auditif. Peut-on faire plus violent de tristesse ? Tout le long de ces huit minutes, l'ex-Psykup (qui l'était encore à la sortie de l'album) nous bouleverse par tant de haines et de peines mélangées. Le temps de quelques secondes par-ci par-là, le chant de Milka devient très grave pour repartir ensuite vers des aigus surpuissants. « I'll tell you how to do ». Phrase symbolisant toute la peine de Matthieu, seule phrase quasiment en chant clair le long de ce chaos ambiant. La batterie de Yohan impose une rythmique extrêmement lourde et relativement lente, alors que le piano de Tristan nous bouscule par tant de tristesse et de maîtrise, on peut voir d'ici les doigts du musicien caresser chaque note dans une symphonie d'émotions... Bien plus brutale que la version de l'album, qui mise beaucoup plus sur la peine et la détresse du chanteur. La version de l'EP semble ainsi uniquement se concentrer sur la haine de Matthieu (tout en gardant évidemment la tristesse, devenue marque de fabrique du trio). Les hurlements de conclusion sont tout simplement bouleversants alors que la double pédale « lente » de Yohan installera de nouveau cette sensation de malaise...

« Page of a Dictionnary » nous prend davantage aux tripes, à moins d'être totalement insensible... Milka hurle à s'en écorcher la voix, à s'en détruire les cordes vocales. Ce long passage où la voix de Matthieu est uniquement accompagné par la batterie lourde et rythmée de Yohan accentue encore un peu plus cette sensation étouffante. Le piano, sans être un virtuose sur ce titre, se démène pour apporter notes après notes ce désespoir qui vous mettra entièrement à nu. Milka surprendra sur la fin par des growls à fleur de peau. Effrayant... Tout comme ce soudain hurlement qui clôture ce voyage avant d'entamer le suivant. Restons en terrain connu et c'est « Kill Me Twice » qui se lance. Milka introduit seul ce morceau. Des hurlements sauvages, crus, violents qui contrastent très nettement avec la douceur et la mélancolie du piano. La batterie semble ici bien plus puissante mais également bien plus lente. Mais déjà, Milka nous offre une légère pause... Son chant devient très calme, limite chuchoté. Le chanteur apparaît terriblement fatigué et épuisé. Le calme s'étire en longueur, on redoute très vite la nouvelle explosion qui ne tarde guère à arriver. Des hurlements sortent en voix off, mais toujours accompagnés d'un chant calme. Et quand le piano recommence à se faire beaucoup plus rapide, Milka hurle à nouveau sa haine, de plus en plus fort, de plus en plus remplie de hargne. La musique est audacieuse, n'hésitant aucunement à Amener le piano vers des contrées toujours très différentes tout le long de ce morceau très évolutif. Le chant de Milka retrouvera ses growls furieux mêlés à une voix plus screamée pour un mélange des styles totalement bouleversant.

« I Am an Island ». C'est ici que l'album trouvera son apogée dans sa brutalité et dans sa haine. Jamais encore Milka n'avait offert des screams aussi puissants, jamais il n'avait vociféré sa haine d'une manière aussi violente. Sa colère nous épuise. « I Am an Island » crie-t-il. Où ai-je pu entendre un chant aussi brutal et haineux que celui-ci ? La batterie ne calme pas le jeu. Rapide, forte, elle bâtit un bunker émotionnel incroyable. Et le piano ? Bouleversant dans sa maîtrise et sa vitesse de jeu, tout en finesse, en émotions et en technique. Mais c'est encore sur ce très long break qu'il reste des choses à dire. La batterie résonne de coups brûlants, le piano explose, Tristan semble le frapper peu à peu dans une démence peu commune, uniquement accompagné par des hurlements terribles et torturés de Milka. « My Own Private Alaska » hurle-t-il. Et le tout redémarre plus doucement, le piano est grave et déprimant, la batterie frappe notre cerveau, Milka continue ses screams émotionnellement forts. On a tellement envie de l'accompagner dans le bilan déplorable que celui-ci fait de notre monde corrompu...

Il reste encore deux compositions. Deux titres pas dénués d'intérêt, bien au contraire, mais que le groupe a choisi de laisser là, à l'état de test. « Ego Zero » tire son épingle essentiellement grâce à sa mélodie de piano, profondément mélancolique et judicieusement mise en avant. Le chant de Milka y apparaît comme à son habitude, déchirant et à fleur de peau. La batterie est lourde, puissante, régulière, très dure. Les compositions regorgent de rage et de haine jetée à la gueule du monde. Et que dire de plus lorsque le chant de Milka devient intensément grave ? Le piano monte en intensité peu à peu, inquiétante mélodie qui résonne de plus en plus fort, bien accompagnée à la batterie par un Yohan en grande pompe. Il n'impose surement pas un jeu extrêmement novateur, mais ces frappes balancent une violence entièrement psychologique effarante. Mais pourquoi donc ce morceau a-t-il une fin ? Trente-deux minutes de violence, de haines, de peines, de tristesses, de mélancolies intenses. Mais tout a une fin, même les compositions les plus bouleversantes. Mais My Own Private Alaska ne partira pas comme ça. Pas avant d'avoir livré un « First Steps » terriblement triste. Pas de voix ici, pas de batterie non plus. Tristan est le maître de cette composition. Plus de sept minutes de piano. Indescriptible... C'est si beau, si émouvant. Sans venir dans la composition complexe et incompréhensible, Tristan nous amène dans un monde à part. Ailleurs, là où tout est noir, là où le bonheur n'a pas sa place, là où tout n'est que tristesse et larmes. Chaque note ne peut que nous toucher, une note pour une larme, un accord pour un sentiment... Une beauté sombre. Que jamais ça ne s'arrête. Certains ne manqueront pas de le trouver soporifique. C'est simplement la beauté de ce groupe, qui a la capacité de transporter chacun de nous dans un univers très différent.

Il fait si froid en Alaska. Il fait si sombre en Alaska. On se sent tellement seul dans notre propre Alaska. My Own Private Alaska sonne comme l'un de ces groupes capables de bouleverser tous les codes établis. Une déferlante de violence pure mélangée à une émotion et une sensibilité incroyables fait de cet EP une œuvre d'art, tout simplement. Mais My Own Private Alaska a surtout ce petit quelque chose qui vous collera à la peau, qui vous fera ressentir de nombreuses émotions. De l'indifférence pour certains, à un bouleversement émotionnel pour d'autres, chacun trouvera son mot à dire sur ce disque, résolument différent des autres.

Touchant et déchirant, laissez-vous entraîner dans les profondeurs glacées de votre propre Alaska.

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