C'était écrit, ils allaient tomber dedans.
Tsjuder n'était pas celui qui bouleversait les codes, jouait avec les paradoxes ou assemblait quelque chose d'étonnant. Il n'a même rien inventé. Il a juste magnifié une très bonne recette, une orgie entre
Celtic Frost,
Slayer et
Darkthrone par laquelle il injectait une dose de testostérone noire s'activant à la manière d'un électrochoc. On écoutait ce groupe car le riff de Sodomizing the Lamb nous restait dans le crâne une semaine durant, car le géant
Morbid Lust était une épreuve olympique, car le riff occulte traditionnel bien agencé de
Draugluin était propulsé à la vitesse de la lumière par ce côté thrash coupé au rasoir décidément si bien assumé et car
Anti-Christian avait ce jeu si cadencé dans les breaks qu'il en aurait éjecté un paraplégique de son siège.
Et voilà que le groupe splitte, après un
Desert Northern Hell survitaminé signant un testament de toute beauté. On pensait ce petit mythe clôturé par la formation de
Tyrann et
Krypt... sauf que
Tsjuder est un groupe comme les autres. Ayant connu un fort regain d'intérêt après sa disparition, il en vit naturellement l'opportunité de créer de nouvelle attentes et de se faire de la pub. Bien entendu, hors de question de faire comme Tom G.
Warrior avec
Monotheist. Il ne faut prendre aucun risque et servir ce que ce public attend... ce groupe n'est ni le premier ni le dernier à nous faire le coup.
Legion Helvete n'est déjà plus une déception. Celle-ci est arrivée en même temps que l'annonce de sa sortie. Le contenu en lui même ne laisse que des yeux goguenards et de légers soupirs d'exaspération.
Tsjuder a repris la même formule que par le passé. Gardant son riff thrash, blasteux à volonté, le skeud est construit pour être énergique selon un schéma éculé, pour suivre cette ligne thrash black à l'apparence planifiée à l'avance...
Legion Helvete est un album qui semble sorti d'un distributeur à canettes... Pire encore, cette nouvelle mouture n'a rien du pouvoir de DNH...
A commencer par sa rugosité du son. La production de DNH était impeccable. Assez clean mais encore pourvue d'un souffle rêche et agressif.
Legion Helvete est propre, léché, se rapproche du mix d'un
Dark Fufu récent. Voici la première razzia sur l'aura diabolique du groupe, sapé désormais d'une cape claire, chose accentuée par la couleur du riff beaucoup moins opaque. Et dire que je reprochais un son noyé à
Kill for Satan...
Legion Helvete a gagné en boucan ce qu'il a perdu en haine et en radicalisme. Si dans l'ensemble ça a l'air de blaster davantage, l'album est cette fois-ci contrôlé, calculé, standardisé, au détriment de ces montées d'adrénaline anthologiques et de ces matraquages impies. Par conséquent, il est concrètement moins violent, moins jusqu'au boutiste. Ce point est particulièrement marqué chez les musiciens.
Anti-Christian à l'air de travailler à la chaîne,
Draugluin n'a plus vraiment d'idée, Nag a amplifié sa voix et baissé d'un ton. Ah, merci l'ère numérique.
Pour le reste, si l'on vous donne la méthode habituelle mais exécutée machinalement, elle prend tout à coup une forme moins séduisante. Et y éparpiller quelques bons plans à droite à gauche, c'est un peu chier dans une crêpe.
Et enfin, pour saborder une bonne fois le navire,
Legion Helvete est l'album d'un groupe qui s'autoparodie. Le squelette est là, les épices et le mouvement du chef absents. Et c'était leur point fort...
Legion Helvete sous sa couverture noire et hostile, est mou, redondant, prévisible, bienséant, trop carré et trop monotone... le groupe n'a même pas pris la peine de réchauffer son plat. Et de l'inspiration et la fougue des précédents, il ne reste plus grand chose.
Mais ce constat amer ne doit pas pour autant laisser dans l'ombre les indéniables qualités de ce skeud.
Legion Helvete reste a des années lumières du neurasthénique et de la bouillie audio simpliste surmixée, son thrash black est peut être plus ténu mais toujours présent, on décèle un riffing bien au dessus de la moyenne ( celui de Vart
Helvete rappelle le meilleur du groupe ), une clarté dans le propos qui ne lésine pas sur une débauche de puissance inférieure mais dont il reste encore quelques épices à déguster.
Legion Helvete aurait été produit sous un autre nom, l'indulgence aurait certainement pointé son nez.
Pourtant, on parle bien de
Tsjuder et ca fait quand même mal au cul quand on se remémore les claquasses des trois précédents... On aurait tout de même espéré mieux qu'un retour aussi tiède de la part de ce groupe. Surtout quand on voit les récents
Spearhead cogner si fort,
Tsjuder n'arrive qu'à avoir un train de retard.
Que dire de plus... La page est de toute façon tournée. Circulez, y a rien à voir.
Helvete er farget plast...
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