- Tu crois pas que t’y vas un peu fort avec ton 19/20 là ?
- Ca y est… j’ai encore rien dit et faut qu’on vienne casser du sucre sur une chronique même pas entamée. On aura tout vu !
- C’est pas pour être méchant mais la note maximale est à utiliser avec recul et parcimonie. Ou alors c’est que tu t’extasies devant n’importe quoi…
- Je reconnais ton raisonnement quelque part, talent est un mot balancé à toutes les sauces aujourd’hui. Mais ici, pas de blasphème, s’il te plaît ! Ecoute… Non… Enfin, tu t’assieds, tu la boucles et tu me donnes le temps qu’il faut pour te proposer trois bonnes raisons de congratuler
Desert Northern Hell.
Tout commence sur une citation connue de beaucoup : « No Keyboards, No Female
Voice, No Fucking Compromise . ». La devise à
Tsjuder, probablement révélatrice du contenu de ce dernier album. Enfin, voyons le bon côté des choses : On aura pas droit au clavier frisaille à dentelle, ni à Draculette en rouge pétant, ni à l’astiquage du snob. C’est tout bénef, le Black
Metal de
Tsjuder évite déjà les mauvaises surprises.
Bon. De là à espérer un album parfait, on y est pas encore ; la crainte de devoir supporter des grognards chevelus sans queue ni tête ( Nan, pas de jeu de mots. Ah tiens, j’ai attiré l’attention de Morgan ! ) reste une alternative indésirable malheureusement existante.
Le suspense gâché par la note en haut de page ne me permet pas de vous raconter avec quel enthousiasme Arch a découvert les prouesses de ces Norvégiens audacieux.
En premier lieu,
Desert Northern Hell est une thrash-blackerie. Une grosse, une lourde, une rapide, une brutale, sans relativisme, sans compromis comme aiment dire nos joyeux lurons en corpse paint.
En effet, le groupe qui projetterait d’associer le thrash et le black à un tel niveau peu bien se mettre à cravacher ! Chaque élément propice aux deux genres y est omniprésent, finement harmonisé et homogénisé par une série de transitions efficaces. On passe de blast-beats à mouvements speeds, de riffs convulsés à guitare rythmique tranchante et millimétrée. On a même droit à un ton très bourru effectué en parallèle avec la haine propre du Black
Metal, à des assemblages sismiques tels le départ brutal de Malignant Coronation et sa suite fracassante de maîtrise. Jetant l’eau bouillante à la face de l’auditeur, l’appareil est lancé et, rassurons –nous, aucun risque qu’il s’enraie.
Oui, aucun risque de cahotage et voici que débarque le deuxième argument. Oh joie ! Pour finir, on a pas droit à de sempiternels beuglements dopés au multipiste ( Morgan relève encore la tête, persuadé qu’on se fout de sa poire ). Les gars de
Tsjuder ne tournent pas autour du pot mais ce sont de vrais musiciens qui s’assument et exploitent leurs instruments. Sur ces matraquages jouissifs, tout est exécuté avec soin et précision. On y recèle d’abord une forte influence à la
Celtic Frost et un black metal fort proche d’un
Immortal première période. Direct et travaillé à la fois,
Tsjuder n’hésite pas à imposer ses variations, ses qualités mélodiques principalement dévoilées sur ses fresques purement black, son savoir-faire du riff Thrash rentre-dedans, un petit solo névrosé sur
Ghoul, tiens. Et ça marche ! On hésite pas non plus à utiliser le mid tempo à bon escient, enchaîner les rapports comme il faut grâce à un registre de breaks décidément géniaux, à passer de la frénésie métallique à l’invocation à
Satan dans toute sa splendeur, et on exécute le tout avec précision, compris les gars ? On peut dire que c’est réussi, tout se tient et rien ne ralentit, ni même ce Nag, un braillard au ton pénétrant par sa rage.
Tsjuder propose aussi quelques intrusion pour le moins surprenantes. Notons Mouth Of Madness qui se veut être un petit récapitulatif de la scène metal au sens large, ça démarre sur un Heavy bien lourd, ça part en Thrash de choc, ça atteint l’apogée avec un couplet Black au riff transcendant. La démarche me fait penser au
Metal Storm sur le Show No
Mercy que tout le monde connaît. Il y a aussi
Sacrifice, une reprise du premier opus de
Bathory, un digne honneur pour le regretté Quorton.
Enfin, troisième et dernière preuve de la qualité de ce cd,
Tsjuder est tout simplement incontestable. Ils sont incontestables par leur sincérité et leur pouvoir de conviction au sein du mouvement, par leur musicalité qui ravirait n’importe quel metalhead mais aussi, et cela est d’ailleurs assez étonnant, par la facilité de contact de ce
Desert Northern Hell. Une production excellente, légèrement mate afin de conserver le côté brumeux, synonyme de cohérence avec la composition et une capacité à rendre leur black metal suffisamment entraînant et accrocheur pour séduire quelques nouveaux aventureux.
Avec ces quelques points, tu devrais être convaincu, pas vrai ? Non ? Mauvaise volonté, c’est ça, hein ? Petit brigand va. Alors je te sort mon
Joker final :
Morbid Lust. Ce titre clos le chapitre et mérite bien son nom. Ouaip, combien de temps je ne me suis pas astiqué sur ce monstre ! Un massacre de 11 minutes, un
Anti-Christian au sommet de son art, des guitares meurtrières, du pur Thrash, un brossage de tableau sanguinolent, une éruption inexorable et infatigable, un gros coup de botte dans ton derrière. Si après ça, tu restes encore de marbre, je n’ai plus que la boite de cotton-tiges en guise d’espoir final.
Peu après la sortie de
Desert Northern Hell,
Tsjuder splitta. Nag rejoignit
Krypt, autre projet dans la veine de
Tsjuder, ses compères prirent une autre direction.
Ainsi s’achève l’histoire d’un groupe aujourd’hui respecté de la grande majorité des adeptes du Black
Metal, un groupe qui aura mérité un statut de reconnaissance digne de ce nom, l’une des dernières progénitures d’une scène qui se dégrade aujourd’hui.
Tsjuder peut ainsi bomber son torse de fierté et passer la porte vers la légende. Son empreinte éternelle ? Une discographie qui fera date, oh que oui !
Autrement si tu veux te pencher sur le reste de leur discographie, je pense que si tu n'aimes pas ce DNH, c'est mort pour le reste. Kill for Satan a une production approximative qu'il faut percer, et Demonic Possession est beaucoup plus fouillu et donc moins facile d'accès.
Gigantesque !
Absolument d'accord avec tes arguments.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire