Tsjuder n’est pas réputé pour faire dans la dentelle.
Tsjuder c’est le power trio evil et bad ass de Norvège à l’état pur, qui nous tatane la gueule depuis 1995 à coups de démos et d’albums cultes à en mourir de violence, de noirceur, de blasphème et d’agression.
Tsjuder, ça suinte le sang, la sueur, les tripes et le foutre, c’est du in your face qui te ravage le bulbe, et
Tsjuder on aime ça et on redemande à chaque fois, sadomasochistes que nous sommes.
Après l’invincible trilogie
Kill for Satan,
Demonic Possession et
Desert Northern Hell, nos trois affreux décident de se séparer pour aller exprimer leur poésie musicale dans d’autres groupes :
Draugluin et
Anti-Christian s’en vont fonder
Tyrann tandis que Nag formera
Krypt avec son ancien camarade de jeu
Desecrator… Tsujder reste donc en suspens, pour le plus grand dam des nombreux fan, jusqu’à ce retour de 2011 avec un
Legion Helvete toujours aussi explosif, reprenant les bases musicales chères au trio, même si certains déploreront un son trop lisse et moderne, et un ensemble un peu plus générique. Cet
Antiliv, second album depuis la reformation, arrive donc à point nommé en cette fin septembre 2015 pour répondre à la question que l’on se pose tous plus ou moins consciemment :
Tsjuder est-il encore le maître du black thrash scandinave ?
Et la réponse déboule furieusement avec les premières notes de
Kaos, dans la plus pure tradition
Tsjuder, sur un hurlement possédé et un déluge de blasts frénétiques qui vous clouent au sol avec une violence inouïe, rappelant le plus extrême de
Marduk. Ca va vite et ça fait mal, très mal, avec des riffs tranchants et d’une précision diabolique, et un
Anti-Christian qui martèle ses futs comme un possédé. En 2015,
Tsjuder incarne toujours aussi fidèlement la quintessence du black norvégien des années 90, avec cet art du riff black thrashy qui bute et de la rythmique supersonique qui te pète la nuque, te fait baver comme un camé en manque et te fait triquer comme un âne sous viagra. Si
Antiliv peut paraître bas du front et répétitif à l’auditeur lambda, les vrais amateurs ne s’y tromperont pas, et s’inclineront devant cet enchaînement parfait de riffs et de tempos variés qui font passer chacun de ces huit titres comme papa dans maman un soir d’anniversaire de mariage bien arrosé; d’ailleurs, vue la longueur des titres, on se doute bien que les morceaux sont composés intelligemment, alternant passages de barbarie sonore et ralentissements salvateurs. C’est simple, le trio maléfique nous sert un condensé de ce qui se fait de mieux en matière de black scandinave, alternant attaques black thrash frénétiques, passages n’ roll groovy en diable, rythmiques heavy et plombées à décrocher les cervicales, riffs glacés et hypnotiques ciselés dans les montagnes du grand nord et passages plus épiques pour des compos imparables et tout sauf répétitives.
Il y a toujours un ou deux riffs qui tuent qui traînent et les passages plus lents sont toujours judicieux et bien amenés, ne faisant rien perdre de la cohérence et de l’aura démoniaque de la galette.
Demonic Supremacy l’illustre bien, morceau bien heavy, avec ce début headbangant en mid tempo lourd et groovy qui fait valser notre tête d’avant en arrière ainsi que cette reprise déchaînée à la rythmique de batterie binaire et jouissive, ces riffs simples mais d’une efficacité redoutable et ce bon « Ough » des familles qui vient relancer la machine avec classe.
Krater contient quant à lui des passages black n’ roll rampants et velus munis d’une double pédale toujours présente histoire de rappeler que les Norvégiens ne sont pas des mous de la bite. D’ailleurs dès 2,12minutes, le bon vieux blast destructeur d’
Anti-Christian reprend ses droits sur ce riff particulièrement affuté et lancinant, et ce long morceau de 7,20 minutes respire judicieusement grâce à l’alternance de ses riffs, tous excellents même si pas franchement originaux, et de ses changements de tempos qui apportent un relief considérable au morceau. Mention spéciale à ce passage terrassant en milieu de titre où l’on entend des obus tomber au milieu de la mitraille frénétique de la batterie et du feu nourri des guitares. Le froid glacial de Norge rappelle quant à lui le climat rude scandinave, mais avec une dimension résolument malsaine et mécanique, un peu à la DiabolicuM, avec ces riffs très épurés et simplistes à l’aura misanthropique, cette basse grondante et une batterie métronomique au jeu sans faille lorgnant vers un indus déshumanisé.
Pour couronner le tout, dominant cette orgie musicale, la voix de Nag est toujours aussi maîtrisée et puissante, impitoyablement haineuse, impérieuse et arrachée, habitant des compos à l’aura résolument blasphématoire et sulfureuse (surtout lors des passages les plus résolument black, comme la fin de
Slumber With the Worm, ou le début tonitruant de
Kaos).
Au rayon des déceptions, on pourra reprocher que le tout est parfaitement huilé et pensé et manque de spontanéité par rapport aux premiers efforts plus sauvages du trio :
Tsjuder a définitivement trouvé sa recette miracle et l’applique à la lettre sans prendre aucun risque.
De même la galette se termine sur un titre éponyme en demi-teinte, plus rock n’ roll que jamais, avec ce mid tempo lourd et entraînant mais traînant un peu en longueur, montrant décidément un visage étonnamment sage et mélodique de nos Norvégiens, qui, s’ils s’en sortent généralement avec les honneurs lors des passages les plus lents, n’ont peut-être pas été très inspirés en terminant leur dernière livraison sur un titre assez mou de sept minutes comportant peu de changements de riffs et de rythmes. Qu’on se le dise, c’est dans le tabassage en règle que
Tsjuder excelle le plus, et malgré l’excellence de ces 46 minutes, on ressort de l’écoute de cet
Antiliv avec un léger goût amer en bouche en songeant à la tuerie que ce skeud aurait pu être avec un ou deux brûlots de l’intensité de
Kaos en plus.
Alors non, c’est clair, avec
Antiliv,
Tsjuder ne fait preuve d’aucune originalité et se contente de perpétuer une tradition norvégienne déjà largement exploitée, c’est un fait. N’empêche, le trio est indubitablement un des chefs de file et des piliers de ce style, et il serait déplacé d’exiger de lui autre chose que ce qu’il fait si parfaitement, avec une dévotion si viscérale depuis ses débuts : en 2015 comme en 1995,
Tsjuder fait du
Tsjuder, et il le fait bien, point barre. Et quiconque me dira que cet album ne botte pas des culs avec puissance, rage, grandeur et maestria sera condamné à se faire enfiler cette galette dans le rectum sur le rythme effréné des blasts d’
Anti-Christian. Ouuuuuuugh !
Super chronique, drôle et très agréable à lire! Après une écoute enchantée (je ne sais pas si c'est le qualificatif le plus représentatif!) de Desert Northern Hell, je vais de ce pas aller jeter une oreille à cet album! Merci =)
Avant de découvrir le nouvel album du groupe j'ai redecouvert cet Antiliv et c'est une sacrée tuerie sans surprise mais vraiment excellent rien à dire.
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