Legal at Last

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16/20
Nom du groupe Anvil
Nom de l'album Legal at Last
Type Album
Date de parution 14 Fevrier 2020
Labels AFM Records
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album47

Tracklist

1.
 Legal at Last
 03:41
2.
 Nabbed in Nebraska
 04:34
3.
 Chemtrails
 04:07
4.
 Gasoline
 04:33
5.
 I'm Alive
 04:28
6.
 Talking to a Wall
 04:05
7.
 Glass House
 03:36
8.
 Plastic in Paradise
 05:14
9.
 Bottom Line
 03:05
10.
 Food for the Vulture
 04:38
11.
 Said and Done
 05:13

Bonus
12.
 No Time
 03:15

Durée totale : 50:29

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Anvil


Chronique @ PhuckingPhiphi

03 Mars 2020

“Legal At Last” tient ses modestes promesses

Pas encore tout à fait quinze ans, mais déjà plus d’une décennie.

Hé ouais : c’est désormais ce qui nous sépare du documentaire “Story of Anvil” de 2007, qui avait ramené de manière inespérée le plus endurant des groupes de Heavy Metal canadiens sous le feux des projecteurs. Retour juste et mérité, certes, mais qui aura finalement été d’assez courte durée, Anvil étant depuis retombé dans la semi-confidentialité qui était son lot depuis le milieu des années 80. La faute, sans doute, à un manque d’ambition artistique qui, après un “This Is Thirteen” plutôt convaincant et surtout un très bon “Juggernaut of Justice” en 2011, refit lentement mais sûrement tomber le trio dans la morne routine des albums sympas mais pas franchement indispensables : “Hope in Hell” (2013), “Anvil Is Anvil” (2016) et “Pounding the Pavement” (2018). Et pourtant, malgré une audience modeste, l’enclume persiste, encore et toujours, à forger son acier dans les ténèbres, à la chaleur d’une flamme qui, vraisemblablement, ne s’éteindra qu’avec le dernier souffle de ses instigateurs.

Presque pile-poil deux ans après leur dernière offrande, les inoxydables Steve "Lips" Kudlow et Robb Reiner, accompagnés du sympathique Chris “Christ” Robertson à la basse depuis maintenant six ans, nous proposent donc rien moins que leur dix-huitième album, ce qui en soit constitue quand même une sacrée prouesse. Un album plein de surprises, riche en expérimentations musicales saisissantes et explorant des territoires vierges à en faire pâlir tous les robots envoyés sur Mars à ce jour. En 2020, Anvil se réinvente de façon spectaculaire et c’est toute la face du Heavy Metal qui va en être changée !

Je plaisante, bien sûr.

Qui connaît Anvil, ne serait-ce que de réputation, sait que ce n’est pas pour le frisson de l’inédit qu’on achète leurs albums. Depuis quatre décennies, le groupe assène sa musique d’une manière désarmante de sincérité, sans jamais dévier d’un centimètre de la ligne qui est la sienne depuis la fin des années 70. On ne saurait lui dénier une relative variété dans les limites du style, mais en fin de compte, Anvil produit toujours du pur Heavy Metal, laissant aux autres les expérimentations symphoniques, industrielles, fusion et autres chanteuses lyriques à frous-frous. Mais après tout, Motörhead et AC/DC n’ont-ils pas fait pareil, alors pourquoi ce qui serait digne d’éloges chez les uns ne le serait-il pas chez les autres ? Sous réserve que la qualité soit là, il va sans dire.

Dès la pochette, on sent qu’on ne va pas être dépaysé : le titre, “Legal at Last”, est comme toujours composé de trois mots, le premier et le troisième ayant la même initiale, et l’incontournable enclume est évidemment de la partie, cette fois sous la forme d’un énorme bong qu’un ange innocent s’apprête à inhaler. Pour l’originalité, on repassera, mais là encore, c’est rarement pour ça qu’on se retrouve avec une galette d’Anvil entre les mains. Et sitôt le disque posé sur la platine, force est de constater que le ramage se rapporte au plumage, tant la musique que proposent les torontois reste dans l’exacte continuité de leur carrière : des titres véloces à la rythmique toute “motörheadienne” (“Legal at Last”, “Chemtrails”), des incursions dans le Doom lorgnant vers Black Sabbath (“Gasoline”, “Plastic In Paradise”, “Said And Done”), de bons gros mid-tempos des familles pour faire secouer les têtes (“Nabbed in Nebraska”, “Talking To The Wall”, “Glass House”), quelques influences Rock’n’Roll encore prégnantes (“I’m Alive”, “Bottom Line”)… À l’occasion, Anvil se rappelle également qu’il fût l’un des précurseurs du Speed Metal, comme l’illustre un “Food For The Vulture” mené à la cadence TGV, du moins jusqu’à un final bluesy en fade-out aussi inattendu que réussi. Bien entendu, pas l’ombre d’une ballade à l’horizon, et c’est tant mieux, car c’est toujours avec une certaine difficulté qu’on imagine Lips en crooner – d’autant plus que sa voix commence à accuser son âge. Au niveau des paroles, même constat : on demeure dans le plus pur style Anvil, où l’humour potache côtoie les sujets plus graves dans un foutoir assez imprévisible : outre l’apologie de la fumette dans pas moins de deux titres (“Legal at Last” – j’ai vérifié, le cannabis est bel et bien légal au Canada depuis 2018 – et “Nabbed in Nebraska” – les états du Midwest, visiblement, n’en sont pas encore là…), on y trouve les habituelles tirades sur les bienfaits du Rock’n’Roll (“I’m Alive”), des sujets politico-sociaux traités avec la finesse d’un ado de 17 ans qui aurait vu son premier “Cash Investigation” la veille (“Gasoline”, “Glass House”), des messages alarmistes sur la dégradation de l’environnement (“Chemtrails”, “Plastic In Paradise”), quelques réflexions sur la nécessité de vivre sa vie selon ses valeurs (“Bottom Line”, “Said And Done”, le titre bonus “No Time”– pourtant présent sur toutes les versions)… Une grande pagaille parfois risible, mais qu’importe : ce n’est pas dans l’espoir de décrocher les félicitations du jury à sa thèse qu’on s’abime dans l’analyse des textes d’Anvil.

Les compositions, il fallait s’y attendre, ont pour certaines un indéniable arrière-goût de déjà-entendu : “Nabbed in Nebraska”, par exemple, sonne comme l’enfant bâtard de l’antique “Metal on Metal” et du plus récent “Nanook Of The North”, tandis que “Gasoline” et son tempo sinistre évoqueront immanquablement la chanson “This Is Thirteen”, voire le vénérable “Forged in Fire”. Les riffs de Lips ne décoifferont personne par leur avant-gardisme, de même que les lignes de basse de Robertson, qui “font le job” comme on dit, mais ne risquent pas de révolutionner le genre. À noter, d’ailleurs, que les guitares sont comme de coutume doublées lors des solos, ce qui naturellement ne sera pas le cas en live, où la basse devra assurer seule la ligne rythmique (que ceux qui préféraient Anvil en mode quatuor lèvent la main). Néanmoins, avec une machine de guerre comme Robb Reiner derrière les fûts, c’est finalement une tâche assez aisée, tant le bonhomme, une fois de plus, assure son poste avec un brio et une versatilité admirables. Nonobstant son éternelle tête de cocker battu et sa prise de baguette atypique dans le monde du Metal, ce gars est un batteur exceptionnel ; qu’un technicien de cette envergure, à qui d’autres groupes ont certainement à maintes reprises fait des offres alléchantes au cours de sa carrière, soit finalement toujours resté fidèle à son vieux pote et au groupe qu’ils ont monté quand ils étaient gosses, constitue un modèle d’intégrité et de probité absolu. Respect !

Cela dit, malgré ses limites évidentes, il n’en demeure pas moins qu’un semblant de charme finit par opérer à l’écoute de “Legal at Last”. Pour classiques qu’ils soient, ses titres font souvent mouche et leurs refrains basiques donnent envie de les reprendre en chœur avec Lips – qui démontre au passage qu’il lui reste encore plus d’une corde à sa guitare lorsqu’arrive l’heure des solos. C’est direct, sans fioriture, pas innovant pour un sou, mais après tout, n’est-ce pas là exactement ce qu’on en attend d’un opus d’Anvil ? Ce disque donne le sourire et rappelle que l’essentiel n’est pas une question de technique ou d’inventivité à tout crin. Point de miracle à attendre donc, ni du côté des compos, ni de leur production “à l’allemande” tout à fait classique, et si vous ne connaissez pas encore Anvil, il y a finalement peu d’arguments pour vous recommander cet album plutôt qu’un autre dans leur imposante discographie. Mais, au moins, “Legal at Last” peut-il s’enorgueillir de tenir ses modestes promesses.

Passez donc modes, tendances et autres fantaisies du jour : en 2020, l’institution canadienne du Metal continue de tracer sa route, Anvil et contre tout.

14/20.

4 Commentaires

13 J'aime

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samolice - 04 Mars 2020:

"Dès la pochette, on sent qu’on ne va pas être dépaysé : le titre, “Legal At Last”, est comme toujours composé de trois mots, le premier et le troisième ayant la même initiale."

Ben voilà, tu m'as fait ma journée, je n'avais jamais percuté! Ok je n'ai jamais suivi Anvil album apès album mais quand même, quel boulet je suis smiley

Le dernier que je possède en format physique est  "Juggernaut of Justice" dont tu dis du bien dans ta chro et que j'ai moi aussi toujours apprécié. Les suivants m'ont fait moins d'effet. Je vais peut être me laisse tenter par ce nouvel album car, comme pour ton ressenti, la grande majorité des commentaires sont positifs me semble t'il.

Mais mon Dieu que cette pochette est atroce, on atteint des sommets là! (on est même au niveau des nuages, c'est dire)

Merci pour cette chro fort plaisante à lire.

largod - 04 Mars 2020:

Merci Phiphi, on aura passé un sacré bon moment au Trabendo en 2018 et au Forum samedi soir dernier. Anvil is Anvil en effet mais Lips est loin d'être tombé de la dernière pluie. Sans atteindre des sommets de virutosité ou d'innovvation, la musique du groupe délivre la dose de décibels et de plaisir attendue par les fans. Steve a un sacré talent d'écriture finalement. C'est simple mais ça marche nickel chrome. Il confie souvent apprécier le processus de composition même s'il préfère mille fois jouer en live. Tu salues Robb Reiner et je te suis : ce gars est un Dieu vivant. J'ai beaucoup apprécié Pounding the Pavement et ce Legal at Last me parait déjà bien bon à entendre.

PhuckingPhiphi - 04 Mars 2020:

Après un bon paquet d'écoutes, j'avouerais quand même une petite préférence pour "Paving the Pavement", auquel je collerais volontiers un bon 15/20, mais ce sont vraiment deux albums jumeaux et on sent bien qu'ils ont été composés dans la foulée l'un de l'autre. Et, oui, Lips est un musicien injustement mésestimé : n'oublions pas que Lemmy lui-même lui avait proposé d'intégrer Motörhead après le départ de Fast Eddie Clarke, et je doute qu'il aurait proposé ce poste à un tocard… La suite, on la connaît : Lips a décliné, préférant se consacrer à Anvil, et c'est Brian Robertson qui intégra finalement (et brièvement) le groupe des Têtes à Moteur.
Qu'aurait donné une telle collaboration ? On ne le saura évidemment jamais, et Lips a toujours affirmé n'avoir jamais regretté son choix (même s'il confesse qu'il aurait bien aimé faire de la musique, au moins une fois, avec son ami Lemmy). Motörhead n'est plus, mais Anvil est toujours là, alors profitons-en tant que ça dure !

samolice - 05 Mars 2020:

Re. Ecouté 3 fois l'album via YT hier. Sans crier au génie, c'est effectivement plutôt un bon cru, je vais me laisser tenter par un achat. 2 titres sont immédiatement ressortis pour moi : "Nabbed in Nebraska" et "I'm alive". J'aime bien aussi "Food for the vulture".

Sinon, "Glass house" a un parfum très Udo-ien je trouve non?

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