De l’épisode de la traversée de la Mer Rouge d’hier, nous sommes rendus aujourd’hui à lire celui du Déluge. La bible d’«
Anvil » se lirait-elle à l’envers ? Du moins, du peu que l’on lira on se rendra rapidement compte que ce «
Hope in Hell » est un retour en arrière inapproprié. «
Juggernaut of Justice » a été ovationné d’éloges. Les miraculés d’«
Anvil » faisait des merveilles, comme durant leur jeunesse. Environ un an après la sortie du quatorzième album, l’embellie qui régnait alors sur le groupe, semblerait s’éroder. Glenn Five, présent au sein de la formation canadienne depuis l’album « Plugged in Pemanent » de 1996, a pris la décision de partir pour de nouveaux horizons. Quelles sont les raisons liées à cela ? Le bassiste répond qu’il se sent frustré de ne pouvoir exprimer librement sa créativité. Il y a de l’eau dans le gaz, dirait-on. Ce départ va donner l’occasion à Sal Italiano, officialisé peu de temps après, de se faire connaître du grand public. Ce bassiste a joué les sosies de Steve Harris dans un groupe de reprises d’« Iron Maiden », «
Live After Death ». La ressemblance avec le britannique aurait pu être frappante, si Sal n’avait pas eu d’embonpoint. C’est donc avec ce nouveau coéquipier qu’«
Anvil » s’attèle à la réalisation de leur quinzième album, «
Hope in Hell ». Une œuvre dans la continuité de «
Juggernaut of Justice » ? Nenni ! N’oubliez pas qu’en Enfer, on perd tout espoir.
Dans les disques de heavy metal, le premier titre est toujours déterminant. Il donne souvent le ton de ce que va être le parcours en son entier. La règle prévaudra également pour «
Hope in Hell ». À l’écoute du riffing ténébreux, lent et de la rythmique compacte, l’éponyme nous informe d’un recul dans la période sombre du groupe. Au lieu de la gesticulation attendue, cette musique bondissante et sans mesure qu’offre «
Anvil » dans ses grands moments, nous avons un contenu sans originalité et assez plat. Il ne faudra pas trop se fier à certaines entames survoltées qui joueront de nos espoirs. Celle explosive d’ « Eat Your Words » cache un morceau certes énergique, tonique, mais tournant péniblement en boucle. Celle de «
Through with You » aurait par contre de faux semblants avec le riff mythique de «
Smoke on the Water » de «
Deep Purple ». Le titre en lui-même est en manque de dynamisme. Il se traine par des riffs patauds, affalés. Ce n’est encore rien à côté de la peine éprouvée sur le poussif « Call of Duty ». Un morceau sans la moindre profondeur, aussi linéaire qu’un rail shooting du jeu du même nom.
«
Anvil » a du mal à se renouveler et à intégrer de nouveaux airs. Tout ou presque donne une impression de déjà-vu. D’ailleurs la composition entre lots de titres heavy metal, et d’autres plus typés hard rock, nous rappellera les albums maudits «
Still Going Strong » et « Back to the Basics ». La redondance inhérente chez «
Hope in Hell » ajoute une pierre de plus à ce constat. Comme exemple édifiant, « Time Shows No
Mercy », à la solidité apparente, est handicapé par sa répétitivité. De même, « Bad
Ass Rock n’ Roll », s’illustrant au premier abord dans un hard rock impétueux et sympathique, finira par sentir le réchauffé. «
Flying » s’en tire un peu mieux avec ses riffs grésillés. Ses vibrations ont un bon parfum de bitume, comme le mouvementé, mais court et assez commun « Pay the Toll ». Les titres hard rock sont juste un poil plus convaincants que ceux heavy metal, si on excepte toutefois l’imparable et subtil « The
Fight Is
Never Won ». Sa rythmique mitraillée en couplet donne véritablement de l’entrain. L’effort est donc récompensé. Se démarquant du couplet électrique, le refrain plus posé et planant confortera l’assise de ce très bon morceau.
Tout n’est heureusement pas fade sur cet album comme nous le prouve déjà sans trop de difficulté « The
Fight Is
Never Won », morceau plus alambiqué que la moyenne. En fait il faudra surtout attendre les titres de fin, dont les deux morceaux prévus en bonus de l’album, pour retrouver le sourire. Cette partie qui nous intéresse débutera avec un titre plus qu’intimidant. En effet, tout n’est que mécanique, brutalité et froideur dans «
Mankind Machine ». L’auditeur appréciera son côté martial, aussi bien présent dans les riffs que dans le chant de Lips. Un univers qui contraste énormément avec celui de « Shut the Fuck Up », complétement déjanté et fourmillant de notes. «
Anvil » montre là son visage le plus accueillant, mais aussi le plus déformé. Les fous ont débarqué. Le bonus «
Fire at
Will », tout aussi emballant, prend une direction et des formes identiques à « Shut the Fuck Up ». L’autre morceau bonus, «
Hard Wired » se distinguera de ces titres heavy metal en adoptant un hard rock qui déménage. Très direct et totalement déroutant, pour notre plus grand plaisir.
Le plaisir s’est fait durement attendre sur cet opus, qui se voulait être une poursuite du cheminement triomphal de «
Juggernaut of Justice ». Du moins les fans le croyaient, ils l’espéraient. L’Enfer n’a pas porté chance au groupe dans les années 90 et au début des années 2000. Comment voulez-vous qu’il leur porte chance aujourd’hui ? C’est un retour en arrière auquel on assiste sur ce «
Hope in Hell », comme dit précédemment. L’album contient des titres limités, à l’efficacité évasive, tout cela à cause d’une redondance trop souvent latente. Quelques morceaux en fin d’album donneront de bien meilleures perspectives à l’ouvrage, sans néanmoins pouvoir gommer la déception que l’on a pu ressentir au préalable. Peut-on y voir là le résultat de l’insouciance ou même de l’âge ? Les canadiens ont pu nous prouver dans le passé qu’ils pouvaient revenir de loin, y compris de l’enfer. Ce «
Hope in Hell » marque l’instant où «
Anvil » a cru ses mésaventures dépassées. Il faut sans cesse jeter un regard derrière soi. « Apprendre du passé. Préparer l’avenir ».
12/20
Concernant l'EP de The Losts je vais être très bref car ça n'a pas sa place ici. On va dire que ça ne joue pas dans la même cour... Je souhaitais juste saluer le démarrage d'un jeune groupe de la région...
Après tout tu peux aussi bien avoir 16/20 à un devoir de math que tu as pompé sur ta voisine qu'à ton oral de thèse, non?
Pour The Losts, ce n'est clairement pas du niveau d'une grosse formation professionnelle, même s'il joue dans la même cour du heavy metal. J'ai pu m'exprimer en toute franchise dessus sans aucune volonté de les descendre car je me rends bien compte que c'est difficile pour eux.
Je suis suffisamment bien placé pour savoir qu'en cas de triche en copiant un autre devoir le résultat est 0/20....
"les precurseurs du heavy bien avant METALLICA"
Cette phrase, il faudra l'encadrer. Je pensais que les mets avaient fait pour seul album classé heavy metal, leur éponyme de 1991. Le heavy metal avait déjà près de 20 ans à cette époque.
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