Le Secret

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17/20
Nom du groupe Alcest
Nom de l'album Le Secret
Type EP
Date de parution 01 Mai 2005
Style MusicalMetal Atmosphérique
Membres possèdant cet album57

Tracklist

1. Le Secret 14:33
2. Élévation 12:46
Total playing time 27:19

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Alcest


Chronique @ ToriTsuki

01 Janvier 2011

Le langage des fleurs et des choses muettes.

Alcest, projet solo bien connu de nous tous, rendu surtout très populaire grâce aux deux chefs-d’œuvre que sont Souvenir d'un autre Monde et Écailles de Lune, est devenu incontestablement une sommité dans le domaine du Black Métal Atmosphérique et Mélodique, tout comme dans le Shoegazing qui ressemble d'avantage au style dans lequel Neige nous plonge. Le style d'Alcest est propre à lui même, nous ne pouvons en aucun cas caser ni catégoriser sa musique, qui reste unique sous plusieurs aspects, autant musicaux que conceptuels. Mais revenons donc sur cette petite merveille qu'est Le Secret. Celle-ci est un EP moins populaire que les deux autres albums, mais est considérée pour les fans incontestés d'Alcest (tel que moi) comme la base musicale de ses œuvres. Nous nous éloignons du Black qu'Alcest nous propose dans sa première œuvre, Tristesse Hivernale. Ainsi, Le Secret marque un tournant définitif dans la carrière musicale de Neige au sein de son projet solitaire.

Les sonorités glaciales et l'atmosphère que l'on retrouvent généralement dans le BM sont restées de même, grâce à un accompagnement de guitares saturées qui nous plonge dans un univers plutôt sombre. Mais là où tout change, c'est qu'on commence à ressentir cette atmosphère planante et très Shoegazing que l'on retrouve à présent chez l'artiste. Sachant que cet EP se divise tout simplement en deux titres d'une longueur de quasiment un quart d'heure chacun, je vais faire simple dans l'analyse de l'œuvre, en analysant premièrement Le Secret, titre éponyme de l'album, puis pour m'attarder enfin sur Élévation qui se base sur un texte du grandiose poète Baudelaire.

Je décide donc de m'attaquer à l'écoute de cet EP. Je m'allonge paisiblement sur mon sofa, et avant d'insérer dans le lecteur le CD en question, je regarde tout d'abord la pochette. Je vois deux enfants. La pochette est très simpliste, nous avons l'impression d'avoir à faire à une vieille photo jaunie retrouvée dans une vieille boîte en fer cachée dans un tiroir chez nos grands-parents, tel un trésor inestimé. Les deux enfants ont le regard vague, on a l'impression qu'ils n'appartiennent pas à notre monde. Ce sont comme des icônes mystiques, ils apparaissent à nous comme s'il s'agissait de deux anges. Ils nous regardent d'un air plutôt indifférent, mais quelque chose de très pur se dégage dans leurs regards. J'en ai déjà des frissons dans le dos avant de le mettre sur écoute. Au dos de la pochette, je vois un garçon qui tient un bouquet de fleurs blanches. L'enfant apparaît dans le flou de l'image, mais tout comme les deux autres enfants sur le devant de la pochette, il se cache derrière la pellicule jaunie d'une façon mystérieuse. Il a l'air de ne point être de ce monde lui non plus, il a l'air intemporel d'une certaine façon.

Je ne vais pas m'attarder d’avantage sur cette pochette, car plus je la regarde, et plus la hâte m'empresse de l'écouter ! J'insère délicatement le CD dans mon lecteur audio ... et l'aventure commence. Le Secret commence tout d'abord par des bruits d'oiseaux. Nous sommes dans la nature, ou plutôt dans un paradis. Une mélodie mystique, pure et éthérée commence déjà à nous faire planer, reproduite simplement par une guitare acoustique. La batterie s'introduit d'une façon douce et naturelle. Tout est jusque là parfait, nous sommes déjà mis en condition pour l'écoute de cette œuvre qui va nous faire voyager pendant un court laps de temps dans le monde de Neige. À partir d'un peu plus de 3 minutes d'écoute, une cacophonie de guitares à distorsions nous plonge dans une ambiance très Shoegazing. Malgré le contraste entre les deux mélodies, l'une d'une douceur exquise et l'autre, d'avantage violente dans un sens, nous sommes dans une ambiance qui reste relativement planante et éthérée. La voix de Neige se fait à peine entendre, comme un enfant timide qui se trouve caché quelque part où seul le cœur et la raison sauraient nous guider.
Arrivant quasiment pas à distinguer les mots prononcés par Neige, je décide ainsi d'ouvrir le livret du CD. Je lis attentivement les paroles. Elles révèlent explicitement le talent poétique incontestable de Neige. Le texte est tout simplement magnifique, et ces paroles correspondent parfaitement à l'atmosphère de l'œuvre.

Je ne peux pas vous en dire plus, vous n'avez qu'à le constater par vous-même, car à mon avis, cette musique et cette poésie se ressentent, et selon notre perception des choses, nos sentiments et nos émotions peuvent réellement varier. Écouter Alcest a toujours été quelque chose qui évoque en nous des sentiments purement subjectifs, car ce "Jardin des secrets" évoqué dans le poème n'est autre que notre propre jardin secret, celui que Neige veut nous montrer, et dans lequel il veut nous faire voyager. Quand les guitares à distorsions se taisent vers la fin du morceau, après plus de 11 minutes d'écoute que je n'ai pas senti passer, le calme se refait sentir, puis nous nous laissons emporter jusqu'à la dernière note par des bruits légers d'oiseaux, de chuchotements mystérieux, et le tout envoûté par une guitare acoustique qui nous fait froid dans le dos. Je me délecte jusqu'à la dernière minute de ce morceau, puis je n'en crois toujours pas mes oreilles.
Je reste allongé sur mon Sofa, pensif, puis j'entame le deuxième morceau de l'album. Il s'agit d'Élévation.

Le titre parle de lui-même. Une introduction elle aussi très pure, mystique et éthérée, qui nous plonge là aussi dans une atmosphère unique. Nous nous laissons emporter par cette sorte d'écho qui plane au dessus de notre tête. Je plane littéralement. Je ne sens plus mon corps. Dans la même forme de structure que le morceau précédent (grosso-modo), 3 minutes sont déjà passées, et les guitares à distorsions s’imposent avec une batterie plutôt violente. Mais le tout, paradoxalement, n'est nullement violent. Nous sommes d’avantage dans une atmosphère froide et à la fois mystérieuse. La voix de Neige fait son apparition. Un cri froid et éthéré se fait entendre. Nous avons l'impression d'entendre un fantôme qui s'exprime de l'au-delà. À ce moment précis, je laisse glisser mes yeux sur les vers du poème, que je connaissais déjà. Je le réécoute ainsi en musique, à la sauce de Neige, si je peux m'exprimer ainsi.
J'ai l'impression que Baudelaire est sorti de sa tombe pour nous dévoiler ces quelques mots. Le poème se ressent, il se vit. Tout n'est là aussi qu'affaire de subjectivité. Nous passons de part et d'autre par des moments de calme et de sérénité, et de temps en temps nous ressentons quelque chose de très froid et sombre.

Mais l'évasion nous regagne, nos oreilles ne distinguent qu'une mélodie générale en quelque sorte, et nous nous laissons guider jusqu'à la fin du morceau dans une atmosphère propre à elle-même, dans laquelle le temps n'existe plus. Nous ne distinguons pas vraiment les paroles de Neige, mais l'essentiel n'est pas là non plus. Nous devons tout simplement ressentir cette musique, et l'interpréter à notre façon. Neige veut nous faire passer un message par les textes de Baudelaire, il fait revivre le poète à sa façon, à nous de réinterpréter le texte. Cet EP se finit finalement par une phrase bien caractéristique, et pour ma part bien symbolique : "Qui plane sur la vie, et comprend sans effort le langage des fleurs et des choses muettes !" C'est de cette façon que je comprends et ressens cette musique. Les mots sont à la fois la quintessence de l'idée elle-même et de ce que nous voulons véhiculer, mais ils restent dans certains cas bien dérisoires. Des mots, je n'en ai pas manqué pour exprimer ce que j'ai ressenti à l'écoute de cette œuvre, mais il me faudrait écrire encore beaucoup plus pour exprimer réellement ce que j'ai ressenti. Peu-importe ce que nous disons, ce que nous faisons, l'art ne s'explique pas, il se ressent.

Je vous invite ainsi à vous plonger dans l'écoute de ce chef-d’œuvre, et avec un minimum de sensibilité, vous devriez ressentir une panoplie de sentiments.
La perfection dans le domaine de l'art n'existe malheureusement pas, car l'art s'exprime à travers l'homme et pour l'homme. Je dédierai donc un bon 19/20 pour ce chef-d’œuvre incomparable.

9 Commentaires

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ToriTsuki - 03 Janvier 2011: En fait, pour revenir sur ce que vient de dire Naiwan, je suis pas vraiment d'accord. Le premier morceau est beaucoup plus planant et shoegazing tandis que le deuxième est plus black. On a l'impression d'avoir à faire à un vieux morceau d'Alcest à l'époque de ''Tristesse Hivernale'', mais avec des nouveaux elements incorporés. Par contre, je te l'accorde, les structures se ressemblent, d'où l'effet un peu miroir de l'album en deux parties que je trouve interessant.
Naiwan - 16 Janvier 2011: Après tout est vraiment une question de perceptions. Si tu veux moi, je vois ces deux morceaux comme construits de la même manière, et ce n'est pas le fait que Neige mette un grunt sur Élévation qui changera l'ambiance. En fait pour être un peu plus explicite, je vois cet EP vraiment comme une approche du genre qu'il développera par la suite sur notamment "Souvenirs d'un autre monde", et non comme une rétrospection vers "Tristesse Hivernale".

Je m'explique: sur TH (non, pas tokio hotel), c'est vraiment le but: faire du black. D'ailleurs c'est ce qui me semblait avoir lu dans une interview que Neige a donné à un Fanzine à la sortie de cet EP d'ailleurs: Il voulait justement explorer un nouvel univers car il avait "mûri" et pris le parti de prendre ses distances face à un courant qui l'a certes fortement inspiré, mais qui ne correspondait plus à ses attentes.

A partir de cet instant, on peut concevoir que Neige a subi l'évolution de tout "Blackeux" qui se respecte, vers une touche plus sensible et mélodique. C'est ce qui se ressent dans la musique, à dire vrai, et l'ambiance, elle est vraiment différente de TH.

Lorsque tu dis que le premier morceau est plus planant et Shoegaze, moi c'est justement dans le deuxième que je vois ça, donc certes c'est une question de perception individuelle, et donc je ne peux me permettre de remettre ton point de vue en cause, mais je pense sincèrement que cet EP n'a pas été le coup de maître que tu sembles lui attribuer. Bien sur, comme tu l'as bien fait remarquer, il y a un effet miroir, et c'est vrai que ce n'est pas dégueulasse (pas pour rien que j'ai gardé cet EP pendant un moment sur mon mp3)... Mais bon, je pense que s'il ne s'était pas contenté que de deux morceaux, l'évidence de la "répétition" aurait été plus flagrante (et d'ailleurs cela dit bien visible sur "Souvenirs...").

Enfin voilà.

Je suis revenu, et comme promis, j'ai posté. Bonne journée.

N.
Naiwan - 16 Janvier 2011: "Le coup de maître dont tu sembles faire l'apologie (edit du post précédent)"
ToriTsuki - 17 Janvier 2011: Oui, justement, c'est parce que cet album est une jonction entre le Black de Tristesse Hivernale et le Post-Rock/Shoegaze de Souvenir d'un Autre Monde que je le trouve intéressant. Personellement, j'aime autant les deux. Souvenir d'un Autre Monde est soit-disant plus affiné que Le Secret, mais les quelques défauts que l'on retrouve dans Le Secret justement lui font tout son charme et sa particularité. Merci pour ton post, c'est très interessant ce que tu dis, ça se voit que tu aimes beaucoup Alcest et que tu es un connaisseur!
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