Peste Noire... Entité malsaine, vulgaire, poétique, polémique et majestueuse, décriée par certains et adulée par d'autres (souvent pour les mêmes raisons), nous revient en cette année 2015 avec «
La Chaise-Dyable », sixième album de la formation.
Famine, tête pensante du projet, a réussi, quoi qu'on en dise, à amener au black metal de l'hexagone une dimension autre que celle qu'on lui connaissait. L'univers du « groupe » est peu facile d'accès, très noir, malsain, et surtout terriblement humain. J'entends par là que l'humanité de la musique de
Peste Noire est avant tout bestiale, nauséabonde, désespérée, fataliste, rongée par ses erreurs et par la merde du monde qu'elle a construit.
«
La Chaise-Dyable », dernier né du géant
Peste Noire, effectue selon moi un certain « retour aux sources » pour le groupe (cette impression étant sûrement due au fait que cet opus est nettement moins expérimental que l'éponyme qui l'a précédé). Famine, à travers cette galette, gerbe tout son dégoût pour les villes et l'humanité, avec certes (beaucoup) moins de classe et de subtilité que par le passé, mais j'y reviendrai...
Comme beaucoup d'autres adeptes de black metal, j'ai découvert le
Peste Noire de 2015 avec un clip vidéo, réalisée pour la chanson « Dans Ma Nuit », qui figurait à la base sur un split avec
Diapsiquir sorti l'an dernier.
Cette vidéo montrait Famine dans une campagne insalubre, imbibé d'alcool, exhibant ses armes de guerre (sans mauvais jeux de mots), empreint d'un désespoir presque risible tant il était grotesque. Mais je dois avouer que la chanson m'a beaucoup plu. Très dépouillée, malsaine et lourde, elle a développé une autre parcelle de l'univers de
Peste Noire, que je qualifierais de rurale.
Une douce mélodie, presque joyeuse ouvre «
La Chaise-Dyable », rapidement suivie par des paroles à la portée philosophique intense (« Un jour peinard en Haute-Loire, j'me touche la nouille en entendant les oies caqueter et l'ronron du tracteur d'à côté, carburant jusqu'au soir... »). C'est moche, limite parodique, le meilleur restant selon moi le bruit des oies qui accompagnent la mélodie acoustique.
Bref, heureusement pour nous, le titre est assez court et « Le Dernier Putsch » prend vite la relève.
Le texte de ce second morceau est plus intéressant, traitant d'une haine viscérale envers la civilisation. La musique en elle-même est également agréable, même si elle ne m'a pas transcendé. Malheureusement, la fin du morceau m'a plongé dans une incompréhension totale, incompréhension qui a perduré tout au long de l'album : Famine se la joue gangster, se ridiculisant, et détruisant à petit feu l'image qu'il avait bâtie autour de
Peste Noire pendant déjà cinq albums.
Au niveau purement instrumental, cet album, bien que faiblard, se défend tout de même sur certains points. Parmi les éléments qui m'ont particulièrement plu, je citerais l'accordéon d'Ardraos, que je trouve bienvenu sur le morceau « Dans Ma Nuit », où encore le morceau « Payés Sur La Bête », qui développe une ambiance intéressante.
Le reste de l'album est très peu intense, cela étant sûrement dû au trop grand nombre de répétitions des différentes tournes (cf. « Le Dernier Putsch »), et certains riffs sont selon moi un peu trop « faciles » (« Le Diable Existe »).
La production quant à elle, est très bonne (pour du
Peste Noire...), mais amène selon moi trop de rondeur aux guitares. On perd avec cet album l'aspect ultra-nauséabond et la dimension crasseuse des anciennes productions du groupe, où le son jouait une importance capitale dans la manière d'étoffer un univers aussi particulier que sale.
Au niveau des paroles,
Peste Noire a également régressé sur sa composition, perdant en finesse et en efficacité.
Je ne vais pas vous cacher que sur «
La Chaise-Dyable », toute notion de poésie a disparu (musicalement, comme au niveau des paroles), pour le meilleur (« Dans Ma Nuit », « Payés Sur La Bête ») comme pour le pire (le reste de l'album).
Cette grossièreté transfigure Famine, le rendant insupportable et grossier au possible. Si je devais placer un seul mot sur l'atmosphère de ce disque très pauvre, celui-ci serait : Beauf, oui.
Ce qui est désolant, c'est que le groupe avait toujours fait preuve, selon moi, d'une grande intelligence dans ses textes et ses compositions.
Je suis extrêmement déçu par
Peste Noire, que je pensais incapable de livrer un disque aussi vide de sens et d'âme... Prions pour que Famine change de cap sur sa prochaine galette, moi je retourne écouter «
Folkfuck Folie ».
Franchement, je trouve cet album très bon, c'est même sûrement mon préféré après la Sanie.
C'est beaucoup plus personnel que les précédents, et ça prend vraiment aux tripes, j'ai vraiment été plongé dans la campagne auvergnate et ses aspects les plus sombres.
Je me suis demandé, avec tout ça, si mes goûts n'avaient pas changé, et non, la Sanie est encore génial, FFF et Ballade corrects, mais oubliables, L'Ordure infâme (même si maintenant j'épargnerai "J'avais Rêvé du Nord" et à la limite "La Condi Hu"), et PN moyen.
Sinon, il y a certaines choses sur lesquelles je ne suis pas d'accord dans cette chro' : les paroles sont au moins aussi bien écrites que d'anciennes compositions, et moi, au contraire, ça m'a fait voyager. Et "toute notion de poésie" est encore présente, contrairement à ce que tu dis. Oui, c'est vrai qu'il parle de se "toucher la nouille" et de son "popol", mais ça c'est pas nouveau chez KPN. Et le parfait contre-exemple pour ce que tu dis, c'est "Le Diable Existe", très bien écrite au niveau des paroles.
Et c'est vrai que parfois, les riffs sont simples, mais ils restent efficaces.
Et oui, c'est "beauf" par moment, mais c'est le principe, et c'est assumé.
M'enfin je vais pas faire toute une chro' dans la chro', j'ai beaucoup aimé l'album, et si ta chro' est bien écrite, je la trouve biaisée (ça c'est normal), mais surtout elle vise trop souvent à côté à mon sens.
Un super Album que j'adore !
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