En ces temps (et cela en peu de temps), la morosité ambiante a laissé place à ce que l’on pourrait appeler la Sinistrose et vue l’ascendance de cette courbe, je vois mal ce qui peut entraver cette progression. Pourvu que ça dure ! Non, vous avez tout faux, je ne parle pas de la situation culturelle, sociale, politique, juridique et économique mondiale, mais du dernier album de
Deathspell Omega.
Souvenez-vous, un an auparavant, le groupe français avait sorti un album d’une déshumanisation opératique monstrueux et voilà que même pas le temps de se remettre de cette expérience aussi traumatisante que jubilatoire (Depuis combien de temps n’avions-nous pas entendu de perles comme celle-ci ? Hé !), une nouvelle mandale ne nous laisse même pas le temps de nous retourner pour, en réponse, nous en retournez une plus belle. Vous n’avez rien compris ? C’est pas bien grave, l’important est de reconnaître que «
Kénôse » est une véritable bombe (I Say Boom), mais qui prends ces distances avec son prédécesseur.
Tout d’abord, il faut se pencher sur l’objet en lui-même. Premier digipack du groupe, un livret très beau, muni de dessins faisant penser aussi bien à Esher (pas le chanteur, le dessinateur) qu’à Odillon Redon ou encore Max Ernst, représentations organiques qui fleurent bon le surréalisme. Ces dessins, comme chacun doit être au courant, ne sont là seulement pour faire jolie (oh la belle rouge !), mais sont à prendre comme le reflet d’un miroir musical déjà déformant.
Pour cela, on aura droit à un disque de black proprement hallucinant… Cependant, la pochette amène bien le plat sur l’assiette, «
Kénôse » est la marque d’une nouvelle orientation musicale du groupe français. Laissons ressortir notre chauvinisme (d’ailleurs quel pays ne l’est pas, je vous le demande bien), les Français amorce un virage artistique qui fait tout honneur à son pays. En gros, ce nouvel album sombre d’avantage dans la folie, mais une aliénation qui ne rime pas forcément avec délire psychotronique. La structure d’une partition d’opéra laisse place aux titres que vous savez pour une durée scindée en deux (trente-six minutes contre presque une heure vingt), une excellente production (la profondeur des toms sorti d’une catacombe) ainsi qu’une violence bien plus lâchée néanmoins toujours contrôlée.
Par contre on retrouvera cette voix cadavérique et macabre qui impose dès les premières intonations ainsi que ces arpèges malsains engendrant la peste avant le cataclysme, pour faire dans la métaphore biblique. Cependant, et c’est là où
Deathspell Omega décolle, l’ensemble donne l’impression d’évoluer dans une déformation organique et mystérieuse. Sous une ambiance plus ouatée qu’il n’y paraît et conjuguée à la sobriété des instruments amplifiant la brutalité qui s’y dégage, le groupe français donne à l’écoute l’épitome du black surréaliste où toutes les folies les rejoignent, où toutes les brutalités se transcendent et enfin où toutes les tensions du groupe explosent.
Enfin bon, bref, ce n’est pas la peine de tergiverser pendant trois plombes, « Kenôse » est une tuerie informe, une maestria de brutalité insalubre et si vous êtes encore réticent à cet appel de sauvagerie surréaliste, il serait grand temps de prendre rendez-vous chez le médecin. Si seulement le disque n’était pas aussi court, le décalage est peut-être un peu trop fort avec le précédent album, ce disque serait définitif de chez définitif.
Grande question et je m’arrêterai là : Comment vont-ils faire pour le prochain ? Grand dieu ! Oups, pardon, je m’égare…
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