Le DSO nouveau est arrivé, Alléluia, Are Krishna, et tout et tout. Comme on ne pouvait de toutes façons en douter au vu des productions précédentes, le trio français nous a pondu un disque monstrueux.
Le groupe, qui a quitté les terres du true depuis le monumental
Si Monumentum Requires, Circumspice, continue de s'enfoncer dans sa voie unique, celle d'un black qui explose les codes et s'écarte toujours plus du droit chemin. Suivant un chemin parallèle sans jamais croiser vraiment celui de
Blut Aus Nord, DSO se forge encore et toujours une identité propre et que personne ne peut leur contester. Alors, qu'est-ce qu'il y a dans les entrailles de ce disque ? Prenez Diabolus Abscontidus et
Kénôse II. Mélangez-les. Mettez le métronome au plus haut. Greffez un deuxième cerveau à chaque musicien. Poussez le concept vers une froideur abyssale et labyrinthique plus appuyée. Voilà, vous avez
Fas - Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum.
FIMIA (oui, j'abrège, ce titre prend trop de place, cette parenthèse aussi d'ailleurs mais suivez un peu au lieu de protester, voulez-vous ?) est donc le disque le plus compliqué et, de fait, aussi le plus difficile d'accès de DSO. Il faut plusieurs écoutes pour bien en prendre la mesure, contrairement aux bien plus directs
Kénôse et Si
Monumentum, quoi qu'eux même n'aient rien de facile (non, je ne me contredis pas, mauvaises langues). Je parlais de labyrinthe plus haut, et c'est bien ce qu'est ce disque. Si on excepte les deux ″Obombration″, titres plus posés et ambiants ouvrant et fermant le disque, chaque composition est chargée de cette technicité hallucinante, de ces riffs qui se suivent et se ressemblent sans se copier, laissant bien peu de points d'appui à l'auditeur, chargée de ce rythme frénétique et presque constant (contrairement à
Kénôse qui alternait plus de deux tempos, FIMIA tend à se poser sur un concept binaire de mouvements lents/tempo dit du métronome affolé). Ces lignes extrêmement rapides, couplées avec ces riffs éclopés et malades qui tournent en boucles désordonnées, donnent à la musique de DSO, plus que jamais, cette impression d'essayer d'avancer, de lutter de toutes ses forces pour progresser, et faire du sur-place, rester embourbé dans quelque chose de trop énorme pour qu'on puisse penser lutter avec succès. Et malgré ce chaos gluant, DSO ne perd pas une fois le contrôle de sa musique. Ou plutôt si, une seule et unique fois, à la toute fin de ″A Chore Of The
Lost″, où une très étrange incursion mélodique vient perturber l'auditeur perdu dans les méandres du disque et extirpé sans qu'il le veuille de l'ambiance impossible du groupe. Seule erreur du groupe sur le disque.
Donc, FIMIA est un disque techniquement, structurellement à peu près irréprochable. Le son est parfaitement adapté, un peu moins distinct que
Kénôse dont l'efficacité reposait sur ses riffs plus percutants, ici de toutes manières noyés dans la masse et donc inopérants, et cette production un peu moins claire (pas beaucoup non plus) soutient entièrement la structure des morceaux. DSO joue aussi beaucoup avec les silences, les blancs de changement de pistes étant considérablement rallongés, et les poses ambiantes approchant parfois du néant sonore, pour mieux réintroduire sa folie sous la forme d'un assaut d'une brutalité rare. Le découpage des morceaux reste dans la droite lignée de ce qu'a pu faire le groupe sur des morceaux comme ″
Carnal Malefactor″ ou ″Diabolus Abscontidus″, introduisant des breaks là où on ne les attend pas et les coupant court là où on ne l'attend pas vraiment non plus, voir l'entrée d'″Obombration 1″, par exemple.
Reste qu'on perd un peu d'ambiance, dans tout ça. FIMIA est froid, froid, froid, technique, technique, technique, voire même très très froid. Bon, DSO l'a toujours été, et la technique est venue sérieusement avec
Kénôse, mais finalement, FIMIA est moins putride que Si
Monumentum Requires, Circumpsice, Diabolus Abscontidus ou
Mass Grave Aesthetics, et un peu moins... Un peu moins quoi, je ne sais pas trop, mais un peu moins que
Kénôse du côté ambiances. Comprenez bien : FIMIA reste un disque particulièrement hypnotique, dont on s'arrache difficilement une fois que l'on a su pénétrer au coeur. C'est juste que les sommets qu'étaient les deux albums et les deux splits précédents n'ont pas été égalés.
Bref,
Fas - Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum (oui, je l'ai écrit en entier, c'est la conclusion, il faut que je fasse un effort quand même) est un bon disque de DSO. Le meilleur techniquement, mais pas le meilleur d'un point de vue ambiances. Et un bon disque de DSO, à défaut d'être le plus intense, est, forcément, un excellent disque. Un très légère déception pour le connaisseur de DSO, déception qui ne m'empêchera pas de prendre mon pied avec ce disque pour autant et qui ne change rien à ses qualités formelles indéniables. Bon, évidemment, si vous êtes bloqué sur le true, vous n'aimerez pas. Si vous considérez que
Kénôse était une débauche inutile par rapport à
Si Monumentum Requires, Circumspice, vous n'aimerez pas. Si vous n'êtes pas prêt à encaisser un déluge déconstruit monstrueux, vous n'aimerez pas. Notez que ce serait bien dommage, tout de même. Très bon à défaut d'être géniallissime. A écouter particulièrement : ″
The Shrine of Mad Laughter″.
Il n'y a rien a ajouter.
Encore bravo pour la chronique.
Donc voilà, un disque qui reste selon moi largement surestimé et bien en dessous de Kenose et bien sûr de SMRC (attention j'ai pas dit qu'il était mauvais pour autant).
Indispensable pour le fan, mais les autres passeront leur chemin. Superbe édition vinyle cela dit.
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