Grunge pour certains, incontestablement metal pour d'autres... Que dire du style de
Alice in Chains en fin de compte ? Expliquons un peu cela. La base du problème étant que ces avis ou opinions parfois bien différents selon les individus montrent une incompréhension très forte quant aux limites et aux caractéristiques du Seattle Sound. Les ambiances et les inspirations de chaque formation pouvant être sources d'horizons musicaux à la fois riches et très variés dépassant de loin le stade du simple rock alternatif des débuts.
Plus qu'un genre, il s'agit d'une philosophie fortement identitaire, d'une marque de différence même, de rencontres autour d'un
Live crasseux et arrosé dans la banlieue de Seattle et bien sûr, d'un mouvement des plus fusionnels (citons à ce titre
Temple Of The Dog, Alice Mudgarden, la collaboration Neil Young/
Pearl Jam ou bien la formation récente de
Mad Season etc...). Établissant d'ores et déjà un nouveau record de ventes et de succès auprès des charts Américains du Billboard 200 avec ce troisième EP acoustique phare, «
Jar of Flies » est devenu un essentiel du grunge dont peu de gens peuvent se passer dorénavant.
Si chaque album annoncé par
Alice in Chains a su faire un effet monstrueux sur le public grunge et plus largement metal avec le culte «
Facelift » et le chef-d'oeuvre et très sombre «
Dirt », il en a toujours été autrement pour ces mini-productions bien spéciales. A ce niveau-là, on pourrait même suggérer l'appellation (certes un peu exagérée) d'EP-concepts. Nullement au niveau des thèmes abordés bien entendu, mais de la façon dont ils sont nés ou ont été imaginés : « Sap » était le résultat du rêve de Sean Kinney et cette fois-ci, le nom et le packaging de ce «
Jar of Flies » sont le fruit d'une expérience scientifique (réelle) effectuée par
Jerry Cantrell lors de ses études en troisième année. En dehors de cela, c'est une étape assez importante pour la vie du groupe puisqu'il s'agit de la première entrée en studio avec les services du nouveau bassiste Mike Inez (ex-
Ozzy Osbourne maintenant) succédant à Mike Starr qui avait plié ses bagages après la sortie de «
Dirt ».
Le mixage est donc signé de la patte de Toby "Ted, Trevor, Tab, Taylor, Tony, Tito, Todd, Trent, Timothy, Tyler, Thomas, Tilly, Terry" Wright (de sorte de ne rien vous cacher, ceci se trouve au dos de la pochette) et par la même occasion, le quatuor a de nouveau franchi les portes du
London Bridge Studio mais aussi, et pour la première fois, s'est donné rendez-vous au Studio City de
Los Angeles (Eddie
Van Halen, Frank Zappa). De quoi faire une bonne paire avec le « Sap » en somme, bien que ce dernier soit un brin plus impressionnant et inattendu que le «
Jar of Flies » qui lui est plus soft mais malgré tout intense (une compilation rassemble d'ailleurs ces deux productions). Ecrit et enregistré en une semaine vous dîtes ? Et bien ça ne se ressent pas du tout à l'écoute, surtout pas avec le magnifique «
Rotten Apple » - longue marche déprimante, mélancolique et larmoyante défilant à toute vitesse (malgré ses presque sept minutes) où Cantrell fait oeuvre de son génie en actionnant ses petits effets talk-box. Toujours de très bon goût ce type....
Ce qui est d'autant plus incroyable, c'est qu'
Alice in Chains ne se contente pas seulement de reprendre sept de ses anciens titres pour les réajuster en version acoustique ou pour les adoucir d'une façon peu intéressante, non, le temps est encore et toujours à la découverte d'inédits et de perles rares. Par ailleurs, les EP ont beau être boudés, peu médiatisés, laissés de côté voire réservés à une élite de fans assez ciblée, les auditeurs ne peuvent que tomber sous le charme et se laisser convaincre par cette nouvelle oeuvre. C'est fou, mais il suffit parfois d'une note ou même d'une demi-seconde pour réaliser que la pièce que l'on écoute attentivement se révèle en fait être une grande et belle ballade grunge résonnant à des lieux à la ronde (« Nutshell ») ou bien un hymne profond qui nous vient des tripes et du cœur («
No Excuses » et cette batterie claire et claquante, ce solo électrique).
Dans l'absolu, si des genres tels que le blues et le jazz devaient être remis à chacun des deux groupes cultes de grunge/metal de Seattle, il est fort possible que
Alice in Chains puisse garder ce second cité en raison des clins d'œil jazzy observés sur «
Facelift » («
Sea of Sorrow » ou « I Know Somethin' ('Bout You) » surtout) ou sur « Sap » (le jazz loufoque et cinglé de « Love Song »). Petite parenthèse pour rebondir sur le morceau «
Don't Follow » où est né, de la rencontre entre un country paisible et joyeux (utilisation d'un harmonica pour l'occasion) - d'un amour pour le rock et le jazz qui aura poussé Staley à se surpasser vocalement et à swinguer comme un crooner, soutenu par de petits choeurs bluesy entraînants, un sublime mélange, poignant, émouvant, et qui devrait parler à de nombreux auditeurs. Le titre qui suit (« Swing on This » et pour le coup, ça veut tout dire) est à peu de chose près, du même acabit, du moins, il nous entraîne dans une panique générale avec son jazz psychédélique et la basse bien lourde de Mike Inez.
Bien qu'à première vue, les guests ne détiennent qu'une sorte de second rôle dans cette production, remarquons cependant que s'il n'y avait eu ni harmonica ni choeurs sur «
Don't Follow » ou ni violons/violoncelles sur l'assez soft mais agréable «
I Stay Away » et « Whale & Wasp », ces morceaux auraient sans doute perdu en saveur (il est par ailleurs à noter que certains de ces musiciens ont participé au prochain gros succès de
Soundgarden : le « Superunknown »). Moins sombre qu'un « Sap » donc, oui, mais qui eu crû qu'un riff pouvait s'avérer aussi douloureux à vivre ? « Whale & Wasp » tient à nous le faire savoir avec des passages partagés entre un certain optimisme, un vent frais, une douceur qui rappelle les petits gestes de la vie quotidienne et un côté pourtant très inquiétant.
«
Jar of Flies » est une seconde expérience réussite, un bonheur à l'état pur qui ne dure pourtant qu'un bref instant. Sachez en profitez au maximum, il se peut bien que ce bel ouvrage soit le dernier...
Oh, bien au contraire pour ma part, car je pense que "Sap" est dans le style, bien plus risqué, dark, sombre & mélancolique et rien qu'à écouter "Love Song" et "Right Turn" - c'est un pur bonheur tellement le premier est barré et original et le second unique, intense, inégalable (le trio Staley/Cornell/Arm est superbe...). Donc plus classique, je n'en suis pas si sûr.
Après, les titres "références" que je viens de citer sont surtout mes morceaux préférés également. J'aurais bien sûr pu ajouter à ça "Them Bones" ou "It Ain't Like That" que j'adore.
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