Dirt

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18/20
Nom du groupe Alice In Chains
Nom de l'album Dirt
Type Album
Date de parution 29 Septembre 1992
Style MusicalGrunge
Membres possèdant cet album522

Tracklist

1.
 Them Bones
 02:30
2.
 Dam That River
 03:09
3.
 Rain When I Die
 06:02
4.
 Sickman
 05:29
5.
 Rooster
 06:15
6.
 Junkhead
 05:09
7.
 Dirt
 05:16
8.
 God Smack
 03:51
9.
 Iron Gland (ft. Tom Araya of Slayer) (hidden track)
 00:43
10.
 Hate to Feel
 05:16
11.
 Angry Chair
 04:48
12.
 Down in a Hole
 05:38
13.
 Would?
 03:27

Durée totale : 57:33

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Alice In Chains


Chronique @ Hacktivist

09 Juin 2014

"Dirt" [... ] un album aux frontières de la perfection, à l'émotion dégoulinante et à la violence inouïe.

Son succès est mérité, c'est indéniable. Cependant, comment un opus de l'envergure de « Nevermind » a pu à ce point faire couler et jeter à terre les autres représentants du Seattle Sound ? Avoir concurrencé Pearl Jam et son unique « Ten », écrasé Soundgarden qui était alors à des années-lumière de la success-story enfantée par le grunge avec une discographie relativement méconnue et ce, jusqu'à la sortie du cultissime « Badmotorfinger » (leur troisième album quand même...) et dans le même temps, mis une sérieuse claque à Alice in Chains pour des raisons diverses et variées (un style trop sombre ? trop complexe ? pas assez accessible et difficilement appréhendable ? trop heavy ?), n'est de toute façon, pas une mince à faire. Nirvana aura donc réécris l'histoire du grunge, parfois même en trompant ses fans sur l'origine du mouvement (car le trio n'est évidemment pas le précurseur du genre : Green River, les Melvins, Malfunkshun ou encore Soundgarden en sont des exemples bien plus véridiques). Ainsi soit-il, on ne prendra réellement conscience des dégâts causés qu'après le déclin du genre, tout en sachant que les drogues et l'alcool sont en fait l'une des premières causes de mortalité des icônes adulées du grunge, en commençant par le jeune et talentueux Andrew Wood : 1966-1990.

Maintenant, petit retour en arrière sur la carrière et notamment les débuts de Alice in Chains. Il y a tout d'abord eu cet excellentissime et néanmoins culte « Facelift », cuvée 1990, dans le prolongement du style heavy abordé par Black Sabbath et Soundgarden puis deux ans plus tard, ce petit joyau et plutôt incompris EP du nom de « Sap ». Mais de toutes les leçons grunge que le public avait pu recevoir de la scène très critiquée de Seattle, « Dirt » est probablement l'une des plus grosses claques musicales de cette décennie : une oeuvre volontairement plus sombre, plus poignante et fouillée aussi, et donc irréprochable à bien des égards. Outre les noms célèbres et imposants qui ont contribué à l'élévation du sludge metal, autre genre considéré comme sale et crasseux possédant également quelques atomes crochus et ressemblances avec le grunge (la musique des Melvins en est la synthèse parfaite) - ce second album des Américains a pourtant joué un rôle très important voire déterminant dans les années à venir.

Producteur des deux travaux précédents, Dave Jerden nous revient en 1992 pour soutenir le groupe sur l'ensemble de la tracklist, à l'exception de « Would? » qui nous le verrons, est signé Rick Parashar (Temple Of The Dog, Pearl Jam et le « Sap » de AIC). Littéralement traduit par le mot saleté, le titre de cet opus en dit d'ailleurs très long sur les thèmes lyriques qui sont adoptés ici, traitant essentiellement des aléas de la vie réelle même si ceux-ci restent bien sombres, personnels et/ou intimes : la mortalité (« Them Bones »), les drogues (« Junkhead » et « God Smack ») ou bien différents hommages bercés par une certaine profondeur artistique inimitable (« Rooster » en souvenir de la guerre du Vietnam effectuée par le père de Jerry Cantrell et « Would? » en mémoire du charismatique Andrew Wood) etc... On remarquera aussi que la pochette (assez préhistorique) est parfaitement en accord avec les sons sales, les nombreuses distorsions et effets de guitare boueux qui englobent les compositions. Par exemple, l'ambiance s'assombrit dès l'introduction « Them Bones » où le concept reste un peu le même que « We Die Young » issu de « Facelift » : un titre court environnant les deux minutes à la fois très direct et particulièrement représentatif de l'album dans sa globalité. Les riffing sont denses, étouffés, la Gibson Les Paul de Cantrell envoie tout ce qu'elle a en sa possession tandis que Staley implore sa propre mort avec les « Aaah! » douloureux rythmant l'atmosphère malsaine du morceau.

Les quelques sons barrés de « Rain When I Die » qui apparaissent sur la première minute seraient-ils influencés par l'album-phare du grunge pre-Nirvana, à savoir le « Louder Than Love » de Soundgarden (sorte de heavy pur jus mêlé à des sonorités expérimentales) ? Là n'est pas le cœur du morceau évidemment, mais les plus infimes détails font bien sûr partie du plaisir d'écouter cet opus et de son sens artistique hors du commun. On entend le moteur (les guitares) qui rugissent, la ligne de basse souvent lourde qui accentue le côté massif de la compo' et ces sons psychédéliques qui ponctuent à merveille la progression du titre.

Dans l'esprit de certaines personnes, la musique s'arrête à l'efficacité et à l'accessibilité seule des compositions, de sorte d'atteindre une satisfaction personnelle assurée. Bien dommage, surtout qu'avec ce « Dirt », on est bien loin de l'industrie musicale dite classique et de ces hits parfois grotesques. Sans exagérer, cette oeuvre remet en cause le sens même de la musique car dans les moments les plus pesants, douloureux ou oppressants des ambiances présentées, le talent musical de Alice in Chains se confond avec les déroulés, les ébauches et donc les vies déchirées de chaque membre. En effet, les démons de Staley semblent s'emparer de son corps et de son esprit sur le plus difficile d'accès et impressionnant « Sickman » (une technique vocale très particulière à laquelle on peut ajouter « God Smack » et ses vibratos tremblants). Des percussions tribales en introduction, vite balayées par des riffs lancinants et tortueux, et ces phrasés malfaisants, ces cris aigus possédant une folie contaminante, presque semblables à de vives attaques ou à un corps-à-corps sanglant. Même combat avec le titre caché « Iron Gland », référence explicite à « Iron Man » de Black Sabbath. Et que n'en déplaise à certains, la distraction délirante animée par un Tom Araya ne cessant de ricaner au diable sur les quarante secondes de scénario-catastrophe s'intègre pourtant très bien au paysage sombre de nos Américains. Encore un gros riff massif qui fait parler de lui...

C'est pesant, gras, torturé, parfois glacial et morbide sur l'arrière-plan de « Angry Chair » et surtout, l'émotion est bel et bien présente. A ce titre-là, Cantrell continue d'être et de rester l'un des éléments pionniers du combo sur l'écriture d'une grande partie de l'opus (même si Layne Staley s'impose de plus en plus). Il faut à tout prix citer le fameux et intense « Rooster » qui en devient maladif à force d'écoutes à répétition (« they come to snuff the Rooster »). Progression lente, hommage poignant, engagement anti-war déchiré... Même en restant objectif, il faut reconnaître que Alice in Chains a réussi à aller bien au-delà du heavy-grunge de son « Facelift ». Pourtant, dieu sait si nous avons pu pleuré sur le « Love, Hate, Love ». Mais non, ça sue encore, ça groove discrètement, ça taille sec sur les riffs de l'outro : mélancolique, tragique, psyché, pénétrant : il y a tout sur « Would? ».

Libérez-vous une matinée pour vivre ce chef-d'oeuvre intemporel et venez apprécier l'hymne à la mort imploré par ce « Dirt ». Cap au-delà du réel, avec un second album aux frontières de la perfection, à l'émotion dégoulinante et à la violence inouïe. Comparé à cette saleté, que dis-je encore, cette crasse assumée de grunge/sludge metal, Nirvana peut faire profil bas avec son « Nevermind »...

17 Commentaires

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Silent_Flight - 17 Octobre 2014: Nirvana vient du punk et AIC du heavy metal, le terme avait été employé pour désigner le punk crado de Sebadoh et de Green River, tout ça on le sait déjà mais le fait est que tous ces groupes viennent du même background, le label Sub Pop a permis à chacun de changer la face du rock et c'est pourquoi je trouve qu'il est toujours intéressant de faire des passerelles entre ces groupes.
kristoff - 01 Août 2018:

Je ne pense pas que Nirvana ai trompé ses fans sur l'origine du mouvement grunge étant donné que Kurt Cobain a toujours dit qu'il était fan des Melvins et de Soundgarden

Game_system - 12 Avril 2020:

Il est certain que Dirt est un album majeur du mouvement grunge, que l'on constate vite à la simple écoute. Je ne le considère pas comme le meilleur album grunge, lui préférant largement le mémorable Superunknown de Soundgarden qui a une place très particulière dans mon coeur, mais le découvrir est tout sauf vide d'intérêt. Les premières chansons sont de véritables gemmes en termes d'énergie et de gros riffs, ça fout un punch de dingue dès le début (bordel le riff de Dam That River !!). Une énergie qui baisse dès l'arrivé de Sickman qui introduit le côté plus obscur et agonissant d'Alice In Chains, et c'est peut-être la seule critique que je vais me permettre de dire sur cet album: il aurait dû y avoir à mon goût plus de chansons de la trempe d'un Them Bones avant de baisser le tempo.

Il n'en convient que Dirt est un album qui marque au fer rouge sa présence dans la scène grunge, par l'expérience original et complètement différente des autres formations; les chansons Dirt, Angry Chair et Would? étant les plus notables de cette expérience proprement Alice in Chains. Sinon superbe chronique !

mechant - 25 Décembre 2021:

Album decouvert il y a peu, je lui trouve 1 sonorité "metal". C est 1 reprise faite par P. ANSELMO au chant qui m avait donné envie de decouvrir le groupe et cet album en particulier.

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Commentaire @ Morticia

23 Mars 2005
2è album d’Alice in Chains suivant l’unique Facelift, une merveille, mélange de haine vicieuse et de désespoir dans la voix de Layne Stanley, il est d’une noirceur profonde ne parlant que principalement de drogue…
Le timbre de voix fait penser pour les moins connaisseurs a celle d’axel des guns et tout ce qui s’en suit a cette époque, un peu tiré hard rock quand on se laisse emporter par un solo, mais grunge dit on car nés dans la grande période de la rébellion provoquée par Nirvana on les a souvent assimilés a ce style et les paroles assez décalées pourraient permettre de le faire mais on a jamais réussi a vraiment classer ce groupe, disons qu’ils font du rock.
Toujours honorable, l’excellent compositeur, Jerry Cantrell, une pensée a ce gars qui nous sort des morceaux transperçants.
Mais passons au contenu, j’essaye de me rappeler les émotions de la première écoute quand je me suis laissée submerger par « Them Bones » et « Dam that River » (paroles à lire !) suivis par les puissants et assez étranges au début « Rain When I Die » et « Sickman »
Après ces 4titres plus qu’une seule envie, le morceau suivant ! Et j’ai été comblée, « the Rooster » plus lent mais niveau émotions ce fut le pire, triste et déchiré par les guitares le tout baignant dans des coups de batterie résonnants. Référence militaire due a la geurre du Vietnam de celui que Layne appelle son père, qui avait été surnommé « the Rooster ».
En parlant de lui, il montre comme toujours ses performances sidérantes et haineuses envers ceux qui l’ont déçus…
Deux morceaux particuliers, différents des autres, « God Smack » et « Hate to Feel » inattendus c’est le moins que l’on puisse dire, les riffs plus que profonds et les intros surtout. Une chanson finale qui ressemble a une chute sans fin pour enfin retrouver le silence, mais je peux vous dire qu’a ce moment précis, j’étais sur le cul, après un album pareil, plus rien ne pouvait me sortir de ce monde construit autour des paroles et des mélodies de mes regrettés Alice in Chains
Un monument, cet album, pour ceux qui se rappellent de Layne, ceux qui n’oublient pas tout ce qu’il a pu accomplir, ces délices musicaux qu’il nous a apporté, ceux la oui s’en souviendront toujours je crois, Dirt est et restera un classé « cultissime émotionnellement attachant».
Derrière tout le « nouveau metal » qu’on nous fait avaler il reste un monde et j’espère que la population de mon age un jour aura la chance et le courage d’aller chercher un peu plus loin que ce qu’on leur montre du doigt.

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Rammstein_fan - 27 Janvier 2009: tout un album!! Alice in Chains est décidément tout un groupe. Bravo pour la critique, elle représente également ce que je pense du groupe et de leur musique.
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Commentaire @ Fetus

28 Août 2007
Bon, nous n'allons pas y aller par quatre chemins : "Dirt" est mon album favori. Il désigne à lui seul la solitude et la dépression mais aussi le voyage, le courage... Oui, cet album est un voyage ! Un voyage à travers les pensées du groupe entier, que ce soit un petit tour chez le père de Jerry Cantrell avec "Rooster" ou encore une découverte morbide de l'addiction de Layne Staley aux drogues avec "Junkhead" ou "Dirt", cet album garde toujours les traces heavy metal de leur précédent "Facelift" mais y ajoute encore plus de profondeur.

Les trois premières chansons de l'album sont lourdes et violentes, une claque tandis que "Down in a Hole" est une chanson tout à fait incroyable, mélangeant tristesse et nostalgie. Après une "Sickman" plus qu'angoissante, on entend "Rooster" entrer en scène calmement ; cette chanson est tout simplement exceptionnelle, violente tout en restant calme, vicieuse tout en restant douce, grandiose. Le groupe nous ouvre vraiment l'esprit avec cet album et au lieu de dire "la drogue c'est cool", le message est évident : "ne touchez pas à cette merde les jeunes !". Mais Layne est retenu prisonnier de la drogue et il l'exprime très bien sur "Dirt" et d'autres titres. Par contre, je ne suis pas sans vous dire que "Iron Gland" fait un tout petit peu tâche parmi ces oeuvres. Tom Araya s'invite à la fête et ça ne donne au final qu'un gros ramassis de gueulades, de batterie tambourinante et de guitares sans gros effet qui au total dure 45 secondes, mais ça fait partie de l'album, et je n'aurais pas vu mieux comme "intermission". Je crois que "angoisse" reste vraiment le mot qui décrit ce chef-d'oeuvre car toutes les musiques de cet album sont angoissantes. On dit toujours qu'on garde le meilleur pour la fin. Ici, c'est vrai: "Would?", en plus d'être un hommage ultime à Andrew Wood, défunt chanteur de Mother Love Bone, est aussi une des rares chansons que je peux qualifier de parfaite...

Au final, "Dirt" est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie et ce n'est pas qu'un disque, c'est une révélation que Layne et le groupe nous font.

Il n'y a pas de 21/20 mais je lui mets un 20/20, il le mérite amplement.

20/20

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Silent_Flight - 01 Avril 2011: Pareil, l'ami cacahuète.
philboss - 22 Juillet 2011: d'accord avec vous, un groupe à part, un album génial ou l'émotion passe avant la puissance et la frénésie groupes actuels tout en étant très heavy!

de loin le meilleur groupe de grunge avec soundgarden !



par contre 20/20 pour un album c'est juste impossible et impensable pour moi , il faudrait mettre 10/10 à chaque titre pour obtenir une telle note !

pour moi 17/20 ( ce qui est une note géniale pour moi) et qui pourait correspondre à 20/20 dans ton esprit !



RIP LAYNE !!!
Horreurgasme - 04 Avril 2014: Amen
TDH75 - 11 Avril 2021:

« Dirt » est un album assez étrange, difficile à appréhender.

Alors qu’on aurait pu penser que l’immense succès commercial dont il fut l’objet irait de pair avec une simplification et un adoucissement du ton, il n’en est en réalité absolument rien, l’album ne cédant en rien à la facilité et aux sirènes du Roi Dollar.

D’une violence inouïe sur les premiers titres, le disque aligne quelques classiques avant de dériver par la suite au beau milieu de compositions sombres, alambiquées, chaotiques et distordues pour subitement se ressaisir et en terminer d’une manière incroyablement puissante et structurée.

Le résultat est une pluie de chef d’œuvres avec un ventre mou de quelques morceaux plus difficiles à assimiler.

Par la puissance de son impact, « Dirt » fera d’Alice in Chains un poids lourd du hard rock, allant jusqu’à gagner le respect et l’estime des seigneurs de l’époque, Metallica.

Ce disque marque donc l’apogée d’une ère ou le rock lourd et le grunge passaient aux heures de grande écoute sur les chaînes généralistes, époque aujourd’hui bien révolue, les plus basses émanations de r n' b édulcoré et de hip-hop américanisé aussi bodybuildé que décérébré  se révélant être les parfaits symboles de notre époque ultra matérialiste.

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