Le premier album de Sanctuary, sorti sous la houlette de Dave Mustaine, fut une belle réussite. Avec des compositions inspirées et porté par la voix hors du commun de
Warrel Dane,
Refuge Denied reste un album marquant trente ans après sa sortie chez
Epic (accueilli pourtant tièdement par les chroniques d'époque en France). Foncièrement traditionnel dans son heavy/speedmetal, épique et lyrique, l'album enregistré et sorti en 1987 fut constitué de titres en fait composés et déjà mis en boîte bien avant pour la plupart, mais dont l'enregistrement d'origine fut égaré. Aujourd'hui exhumées de l'étage poussiéreux du grenier de Lenny Ruthledge (comme le souligne en images la bande annonce officielle), guitariste de la formation et principal compositeur avec
Warrel Dane, ces bandes datant de 1986 sont exploitées par Sanctuary qui va promouvoir ce disque comme s'il s'agissait d'un vrai nouvel album.
Inception voit ainsi le jour, trente et un ans après la mise en boîte de ses pistes longtemps égarées.
L'idée paraît saugrenue tant
Refuge Denied (produit par Mustaine donc) se suffit à lui-même, bénéficiant d'un son chaud et croustillant à la fois, et d'une qualité homogène fort élevée, ne nécessitant guère de relecture. C'est donc avec circonspection que cette sortie pourra être analysée de prime abord. Imagine t-on
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Mercy rebaptisé et issu de sessions antérieures ? La même question se pose pour n'importe quel groupe. Les bandes ont été retravaillées par Harris "Zeuss" Christopher (qui s'était occupé du dernier album du groupe
The Year the Sun Died, mais aussi producteur chez
Soulfly ou
Hatebreed), sans que le quatuor réenregistre quoique ce soit pour éviter de dénaturer l'esprit d'origine.
Les fans du premier album découvriront avec plaisir néanmoins 2 titres non sortis à l'époque ("
Dream Of The
Incubus" pas mauvais mais assez éloigné des standards de qualité de l'album, et l'entraînant et lyrique "I Am
Insane" bien plus abouti) et aussi des versions alternatives de titres bien connus. Ceux qui découvriraient Sanctuary par
Inception apprécieront la qualité de composition du groupe déjà bien présente avant ses deux albums des eighties et la "transformation" en Nevermore qui suivra. Concernant les versions alternatives, disparaît bien sûr le fameux solo de Dave Mustaine au début de la reprise du "White
Rabbit" de Jefferson Airplaine, les introductions de morceaux changent sensiblement également.
Warrel Dane chantait déjà de manière aussi expressive, aucun risque de ce côté là, les fans seront aux anges. Evidemment le son est plus brut de manière générale et quelques Maideneries apparaissent par rapport à l'album d'origine, notamment au niveau de soli inspirés par le duo Smith/Murray. Quelques chœurs ("
Veil Of
Disguise", "
Battle Angels") font leur apparition, ainsi que des arrangements légèrement différents et des idées non exploitées alors (la fin de "Soldiers Of Steel", la voix en fond au début du fabuleux "
Veil Of
Disguise") mais sans révolutionner la teneur globale de l'album de 1987, les titres gardant des structures assez similaires.
Dès lors l'idée de base et son résultat s'adresseront aux inconditionnels de
Refuge Denied qui souhaiteraient en connaître la genèse ainsi que deux titres inédits dans une veine similaire de qualité variable. On pourra conseiller plutôt
Refuge Denied (toujours accessible sous sa forme d'origine sans se ruiner) aux autres tant celui-ci ne souffre que peu de critiques en soi dans ce style, pour peu que les vocaux très haut perchés de Dane ne soient pas un frein. Loin d être indispensable au final, ce
Inception est sans doute un bon moyen d'entendre live ces compositions pour les festivals d'été. Ça, au moins, c'est pas perdu pour tout le monde et toujours bon à prendre.
Il y a à mon humble avis deux façons de percevoir cet heureux déterrage. Soit comme un ersatz de Refuge Denied (ce qui se défend), soit comme une version alternative qui tombe comme du pain béni. J’appartiens largement à la seconde catégorie, non seulement car j’adore les inédits Dream of Incubus et I Am Insane (qui valent l'achat à eux seuls), mais aussi pour cette fraicheur power/speedmetal qui me renvoie directement dans ces superbes années 85/86 américaines du style, du temps des Hexx, Helstar and Co. Cerise sur le gâteau, le soin apporté au contenu (les notes de Lenny Rutledge, l'artwork de Repka) et le travail de restauration sont impressionnants. C’est une joie de redécouvrir avec une nouvelle lecture le génial Soldiers of Steel, et plus encore le déboulonnant Third War au rythmes & riffs fracassants. C’est à en faire péter les enceintes tellement c’est bon ! RIP Warrel. ++ FABIEN.
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