De retour dès 1991 aux Kaellen Studios (de Ketil Kaellen Johansen), lieux d’enregistrement de son premier album
Hallucinating Anxiety,
Cadaver, articulé autour d’Anders Odden, Ole Bjerkebakke et Eilert Solstad, capture dix nouveaux morceaux, devant servir de base à son second album
...In Pains. Il en sera tout autrement, puisque la signature dès l'année suivante chez Earache Records, allouant un budget conséquent au groupe, se concrétise par de toutes nouvelles sessions aux géniaux Rhythm Studios britanniques (sous l’œil professionnel et avisé de Paul Johnson, ayant travaillé avec des groupes d’envergure comme
Benediction,
Vader ou
Cerebral Fix), pour le résultat que chaque deathster connait,
...In Pains s’étant naturellement imposé comme l'un des nombreux classiques de cette période.
En 2022, Anders décide d’exhumer ces premières sessions norvégiennes et de les finaliser, en rappelant à l’occasion ses deux anciens comparses Ole & Eilert. Si tout le socle était déjà en place et n’a pas dû foncièrement bouger, à savoir le couple basse/batterie, la guitare rythmique et certainement le chant d'Ole, qui datent donc de ces années 1991-92, la guitare lead fait quant à elle peut-être partie des retouches apportées par Anders entre 2022 et 2024 au Tomb Studio, situé à Rade, berceau de
Cadaver. Quoi qu’il en soit, le mixage de cette guitare est relativement discret, laissant la part belle à la section rythmique, idéalement laissée dans son état brut de décoffrage.
L’aboutissement de ce travail de restauration et de peaufinage se concrétise par la parution d’
Hymns of Misanthropy (agrémenté d'une peinture de
Hieronymus Bosch) chez Listenable Records au printemps 2025, soit plus de trente ans après les sessions originelles. Le disque contient dix morceaux (tous conservés sous leur appellation d’origine), dont neuf se trouvant dans leur mouture définitive sur l’album
...In Pains, paru chez Earache Records à l'automne 1992. Tout compte fait, il ne manque que le morceau In Distortion, sans doute composé après coup, dans le laps de temps qui sépare les sessions des Kaellen Studios et celles des Rhythm Studios. Le dixième morceau, Maltraited Mind Makes Man Manic, qui ouvre d’ailleurs l'album restauré, se trouve quant à lui dans une version revisitée, noircie, complètement speedée et quasiment méconnaissable, sur l’album
Discipline paru en 2001, sous le nom écourté de Manic.
L’intérêt d’
Hymns of Misanthropy se situe donc dans la lecture alternative de ses morceaux, avec d’une part l’âpreté des compositions (ne cherchez ni la flute ni le violoncelle parcimonieux d’
...In Pains) et de l’autre la rugosité de la production aux Kaellen Studios (loin d'être aussi médiocre que celle d'
Hallucinating Anxiety). Malgré son côté brut, le disque ne manque toutefois pas de finesse, de par la justesse de la section rythmique originelle de l’œuvre, et par l’apport de la guitare lead savamment discrète, qui apporte une nouvelle vision, de l'épaisseur, ainsi qu’une ambiance sombre toute particulière.
Hymns of Misanthropy est donc une oeuvre à réserver en priorité aux historiens et à tous les nostalgiques de cette période du deathmetal, où tout n’était encore que découverte et, à ce titre, le disque s’insère idéalement entre
Hallucinating Anxiety et le superbe
...In Pains. Quant aux deathsters arguant que cet album est une sortie datée, et qu’
...In Pains est indétrônable & irremplaçable, ils auront également raison, sans pouvoir ôter la sensibilité apportée à cette version plus noire et plus nerveuse, enfin déterrée et judicieusement restaurée.
++ FABIEN.
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