Dans toute trilogie, la bataille finale et grandiose arrive durant le troisième volet, avec plus ou moins de réussite, je vous l’accorde. Cependant
Taake est parvenu à suivre cette règle et ce de fort belle manière. Mais avant de vous conter la fin de cette fabuleuse épopée, laissez moi vous rafraichir quelque peu la mémoire.
Taake se forme en 1993 sous l’impulsion d’un seul et unique homme, Hoest. Le groupe est en effet à la base un projet solo mais arrive l’année 1999, date de sortie du premier album « Nattestid … » sur lequel Hoest, bien que restant le seul maitre à bord, s’entoure de musiciens de session. La trilogie pouvait débuter. Trois ans plus tard sortait le deuxième volet, à savoir «…Bjoergvin… », s’inspirant toujours du folklore norvégien, de la nature, de la mort et sujet récurrent chez
Taake, du nihilisme. Fidèle à sa tradition de sortir un album tous les trois ans, « …Hordaland Doedskvad» sort donc en 2005 sous la houlette de
Dark Essence Records, clôturant ainsi cette magnifique trilogie. Pénétrons désormais un peu plus au cœur de ce troisième volet …
Ce troisième effort s’inscrit parfaitement dans la continuité des précédents. En effet les thèmes abordés sont les mêmes, les titres des sept pistes sont toujours des chapitres non titrés et le livret est encore une fois rédigé en runes. La musique en elle-même est également proche du précédemment volume « …Bjoergvin… » mais elle apparait comme encore plus aboutie et riche. Ce «
True Norwegian Balck
Metal » est toujours poétique, mélodique, nostalgique, froid, beau tout en étant résolument guerrier et puissant.
La première piste s’ouvre sur un puissant et vivifiant «
Helnorsk Svartmetall ! », sonnant le départ de ce nouvel et dernier assaut à la gloire de la Norvège et contre le reste de l’humanité. Et l’intensité ne redescendra jamais. Les sept pistes alternent en effet entre passages entrainants et parties mélodiques et mélancoliques de toute beauté. Les péripéties de ce dernier épisode auront donc goût de riffs tantôt dynamiques et headbanguants (I, II, III), tantôt poétiques et mélodiques (III, IV). Les changements de rythmes sont omniprésents au sein des morceaux, le possible sentiment de lassitude laissant place à des morceaux à tiroirs plein de surprises. Les solos prennent la forme d’envolées lyriques à la gloire des forêts et autres montagnes norvégiennes, tandis que les mélodies épiques sont dédiées à la mémoire des ancêtres nationaux.
Ce sentiment de contemplation est renforcé par le fait que nous avons droit à de nombreux et parfois très longs passages sans chant, renforçant le côté mélodique et poétique des compositions. Rassurez vous, Hoest se fait toujours bien entendre, que ce soit à la force de ses « Oeuh ! » répétés sans cesse ou simplement de sa voix torturée et emplie de haine mais pourtant si touchante, l’homme montre qu’il est bien le héros de cette saga. Et quand il sent qu’un peu d’aide ne lui ferait pas de mal, il s’entoure de compagnons de route comme
Nattefrost (I), Nordavind (I),
Taipan (III, VII) ou encore Disconforter (II).
C’est la première fois qu’aucun chant clair ne se fera entendre sur un opus de
Taake. Cependant la galette repose sur plusieurs autres éléments destinés a encore une fois enrichir les morceaux. C’est pour cela que nous retrouvons la présence de piano ou d’instruments traditionnels norvégiens renforçant la beauté de cette fin de trilogie.
Pour ce qui est de la production, je dirais que le son se situe à juste milieu entre les deux premiers efforts, clair et pur, servant et magnifiant la moindre note de chaque titre.
Même si cela n’était déjà plus à prouver, ce troisième effort prouve désormais clairement que
Taake est bel et bien une entité à part dans la scène black metal, bien qu’aucune étiquette précise ne peut lui être collée. Vous l’aurez surement compris, cet album est grand, très grand, tout comme son géniteur. Les deux premiers opus étaient déjà très bon, mais ce « …
Hordaland Doedskvad » les surpasse en tout point. Une trilogie s’achève ainsi. Comme souvent, le public retiens la fin. C’est parfois un tord mais c’est ici plus qu’approprié. Peter Jackson a atteint des sommets avec son « Retour du Roi »,
Taake en a fait de même avec ce « …
Hordaland Doedskvad ».
17/20
Taake a franchement un style de black metal unique, mélancolique, épique et surtout reconnaissable entre mille...
Cet album se veut bien plus riche qu'il n'y paraît.
Un disque indispensable pour les fans de l'underground qui vaut vraiment son pesant d'or dans le milieu du black metal...
Note: 18/20
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