« Cœur et courage font l’ouvrage » - Proverbe français ; Le dictionnaire des sentences et proverbes français (1892)
De l’audace et de l’intrépidité, il en faudra pour
Megaherz pour espérer un jour gravir les échelons et pourquoi pas, devenir maître d’un mouvement en pleine expansion et en pleine épanouissement. Totalement assommés par deux pépites que sont Unrein et Sensucht et en perte totale de vitesse après un
Kopfschuss seulement correct, il faudra pour notre quintuor vite se relever pour attaquer le trône tant convoité. Le talent de nos musiciens est indéniable jusqu’à présent mais à vouloir aller trop vite, le groupe en oublie l’essence même de la musique : la rigueur.
Troisième test en ce début du vingtième siècle avec une pochette provocatrice du nom de
Himmelfahrt (traduisez ascension) qui, nous l’espérons, sera synonyme d’un nouveau départ pour nos allemands. Du Oder Ich pose les bases de cet album avec une marque toujours axée sur l’électronique et sur l’intensité. On retrouve d’ailleurs un schéma plutôt similaire à ce que proposait
Rammstein et son cultissime Du Hast trois ans plus tôt avec cette forme de répétition, cette voix sombre et sinueuse, ce clavier harmonieux, cette batterie puissante mais très précise et cette basse lourde et absorbante.
Les ressemblances à Sensucht se montreront assez nombreuses : Beiss Mich gardera par exemple la même hargne, le même rythme, le même clavier prononcé que Bück Dich, il n’y aurait d’ailleurs aucun soucis à chanter l’un à la place de l’autre. Windkind, quant à lui, reprendra plutôt l’hâtiveté et l’engagement d’un Tier en gardant cette malfaisance et cette haine qui fait encore aujourd’hui l’identité propre de la Neue Deutsche Härte.
Néanmoins, notre quintuor a réussi à garder son identité propre et à ne pas être une copie conforme, en témoigne
Himmelfahrt aux intonations de liberté et de justice même si ce dernier parle de la mort d’un pilote allemand ou encore Tötet Den DJ, avec son refrain très entraînant et mémorable, plus axé sur de l’électro metal que véritablement du metal industriel, dû à la presque absence des guitares, relativement proche de ce qu’avait pu proposer
Oomph! et son album éponyme six ans auparavant mais d’une manière plus charmante.
Dans son idée générale,
Megaherz n’aura pas énormément évolué depuis ses débuts mais il est fort appréciable d’avoir en sa possession un premier opus complet, original et intense. Alexander garde toujours cette voix rocailleuse qui le différenciera d’un Till
Lindemann un peu plus conventionnel et d’un Dero hurlant et terrifiant. Les compositions sont beaucoup plus hétérogènes, bien moins similaires qu’antan, peut-être également un peu moins inspirées dû notamment aux influences de ses confrères. On oublie enfin cette sensation d’automatisme, de redondance qui avait été mis en place sur
Kopfschuss.
Pour cette nouvelle épreuve,
Megaherz accouche d’une troisième ascension de haute volée, loin de toute image d’une formation banale et sans intérêt, presque devenu invisible face aux cadors. Pour la première fois depuis ses débuts, la formation prouve enfin sa véritable valeur et propose douze titres solides et enchanteurs. Malheureusement pour nos allemands, la fin de toute espoir apparaîtra un an plus tard avec le monstrueux Mutter qui éteindra toute possibilité de devenir un jour une formation reconnue.
« Le voyageur voit ce qu’il voit, le touriste voit ce qu’il est venu voir ».
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