Au bout du tunnel se trouve la lumière, irrémédiablement.
Toutes les épreuves du passé, la noirceur d’antan et les ténèbres d’hier laissent progressivement la place à un lendemain lumineux, chantant et éclairé. Le soleil arrive, illuminant de ses bienfaits le monde.
Plus qu’une utopie, il est le renouveau, le sauveur. Le nouveau guide.
Klone devient-il, par le biais de "
Here Comes the Sun", un nouveau guide ? Rien n’est moins sûr.
Deux ans et demi après un "The
Dreamer’s Hideaway" acclamé par la critique et les fans laissant déjà apercevoir un nouveau visage, délaissant la musique extrême pour s’ouvrir vers des contrées plus mélodiques et mélancoliques, "
Here Comes the Sun" s’apprête à nous emmener voyager très loin.
Quittant définitivement les terres asséchées et virulentes du metal pour se rapprocher d’un oasis mélancolique prog rock atmosphérique,
Klone se réinvente en gardant intacte sa personnalité, la déployant même de façon plus étendue encore. On sent que Guillaume Bernard et Yann Ligner, respectivement guitariste/compositeur et chanteur/parolier, ont été touché par les havres de paix représentés par les récents
Anathema,
Steven Wilson ou
Pain of
Salvation. Sans jamais imiter ou plagier ces grandes figures,
Klone impose une marque, une identité propre et démontre une maturité absolue pour s’affranchir de toutes notions de genres et de styles et simplement parler de musique. Ils s’éloignent autant du metal qu’ils se rapprochent d’une musique universelle, plaisante à tous, où chacun, avec son niveau de lecture et d’exigence, y trouvera quelque chose de différent.
"Immersion" ouvre grand la porte des rêveries et du dépaysement grâce à la voix sublime et délicate de Yann, portant de tout son talent et son aura ce nouveau disque.
Plus que jamais, il est l’âme et le moteur du groupe, messager des émotions et des mélodies. Quelques guitares aériennes, puis un riff, lourd et sombre, tel un orage au loin arrivant et se montrant menaçant. Le jeu tout en feeling de Florent Marcadet derrière les futs (qui doit vivre une aventure bien différente que sur le très technique dernier opus de
Hacride) porte la base rythmique autant que la basse sensuelle Jean Etienne Maillard.
Pas de départ en trombe comme "Rocket
Smoke" ou "
Rite of Passage" mais un aperçu de ce que va être ce nouvel album. Une intervention du saxophone de Matthieu Metzger ajoute à la mélancolie latente, à cette vision d’un passé désincarné se tournant vers un futur qui, s’il n’est pas radieux, permet tout du moins d’évoquer de nouveaux projets.
Ensuite, tout au long de "
Here Comes the Sun",
Klone tracera le sillon de cette musique atmosphérique et saine, mature et humaine, dévoilant des musiciens à fleur de peau et au plus pur de leurs émotions plutôt que caché derrière des machines ou une technique qui n'aurait jamais paru si vaine qu’aujourd’hui. "Gone Up in
Flames", d’une beauté à couper le souffle dans sa délicatesse, se veut plus jazzy et planant pendant que "
Nebulous" se veut plus sombre et nostalgique, empreinte d’une certaine tristesse. Le chant de Yann, souvent grave, se laisse aller sur le refrain à des incursions où il monte dans ses limites afin d’être au plus près des émotions qu’il souhaite adresser. La basse a rarement été aussi importante et fait vivre la musique, lui apportant l’aspect charnel s’opposant à la rêverie et aux fantaisies des guitares cleans, ne se saturant que rarement. Les effets spatiaux et étranges de Metzger sont de retour, à l’instar d’un "Into the
Void" et densifient encore un peu plus le son du morceau. On trouve également un instrumental, "Gleaming", qui aurait réellement pu apparaitre sur "Insurgentes" ou "Grace for Drowing" de
Steven Wilson ou encore une longue composition, "The Last Experience", où
Klone montre qu’il n’en a pas encore fini avec les expérimentations et que le principal leitmotiv reste encore et toujours d’avancer et d’aller plus loin dans la musicalité. L’ambiance y est plus pesante, plus étrange et les samples apportent une sensation de peur, d’urgence ; comme si quelque chose était proche de surgir ou d’attaquer, attendant dans l’ombre. Le riffing devient plus intense, plus agressif et instaure une lourdeur de plus en plus menaçante, pendant que Florent densifie son jeu au fur et à mesure de la composition, tel un poulpe. L’ensemble se termine dans une atmosphère bruitiste et glauque, comme si nous étions la victime malheureuse d’un delirium tremens.
Klone avait démontré avec "The
Dreamer’s Hideaway" qu’il était devenu adulte et planant désormais bien au-dessus des autres. "
Here Comes the Sun" en est une superbe confirmation, dans un giron différent mais néanmoins logique. Il n’est pas une simple redite mais une affirmation d’un genre évolutif, d’une entité surprenante prenant constamment à contre-pied. Qui sait ce qu’ils sont capables de nous proposer demain ? Aller encore plus loin dans cette voie ou peindre l’orage qui parfois gronde au loin dans ce disque ? Mis en image par un magnifique artwork vierge de toutes inscriptions, métaphore d’un équilibre incertain et d’une menace constante, "
Here Comes the Sun" devrait, encore plus cette fois, sortir des frontières pour plaire à un public très hétéroclite et peut-être même plus âgé.
Entrer dans la danse et laissez-vous emporter par la poésie de
Klone. Vous risquez même de ne jamais revenir…
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire