Qui? Qui aurait pu prévoir ça?
Pas moi en tous cas... Ce que j'avais entendu de
High Blood Pressure m'avait plu, certes, mais vite lassé. Pour expliciter au mieux et d'entrée de jeu ce que
All Seeing Eye peut faire à l'auditeur, je dirai simplement que l'écoute du morceau
Promises sur un sampler m'a fait enfoncer la touche 'repeat' de ma chaîne hi-fi pas loin de vingt fois de suite, après quoi j'ai couru décrocher le téléphone afin de commander la bête. De la harpe, si je m'attendais à celle-là! Mais j'étais loin de me douter qu'ils avaient été bien plus loin...
Dès les premières notes, on sent certaines influences (notamment dans le metal français), mais celles-ci sont implicites et dissimulées derrière une foule de subtilités, un savoir-faire et un talent tout bonnement déconcertants. Lorsque l'on achète un disque, on ne peut pas rendre la moitié des morceaux et se faire rembourser en cas de déception partielle ou complète. Heureusement, avec celui-ci rien n'est à jeter.
Le chant est exceptionnel, empli d'émotions et passe avec un talent insolent de clair à hurlé, insufflant à chaque mot une puissance inédite, et touchant l'auditeur sans faillir. Rien de commercial ou de facile dans ce mélange de voix, justesse et adresse sont de mise.
Les riffs ne cessent de se superposer avec cohérence, parfois progressifs mais sans remplissage ni démonstrations inutiles de technique. Le passage de
Promises (émouvante...) à Freezing, à l'aide de l'interlude Hidden Ways, est divin et il est impossible de cerner tous les détails de ce trio dès la première écoute.
La basse est partout, disputant incessamment la place des guitares. Ses interventions sont groovy et ne se contentent pas de supporter les riffs, elles apportent une mélodie secondaire que l'on se surprend souvent à suivre avec intérêt (
All Seeing Eye sur laquelle Joe Duplantier de
Gojira vient pousser une petite beuglante, Candlelight, et tout le reste en vérité!), et en adéquation parfaite avec l'ensemble des instruments (les caractéristiques d'un bon bassiste me semble -t-il).
La batterie est capable des mid-tempo les plus groovy (
Promises) comme des blasts les plus techniques (Choked).
Pas de démonstrations soporifiques, juste ce qu'il faut quand il le faut, on frôle la perfection.
Le disque est varié, et les quelques nappes de claviers, les arrangements mais surtout la harpe et le saxophone (saxophone, oui!) y sont pour beaucoup.
Life Expectancy en est l'archétype, les musiciens, après un début plus ou moins ordinaire, s'amusent à jouer avec tout ce qui leur passe par la tête : on trouvera pêle-mêle des contre temps, des descentes de toms, des dissonances, de la harpe et du saxo dont les interventions se succèdent de façon rapide et incongrue. Un délire maîtrisé à deux-cents pourcents et qui confère au titre une signature unique et jouissive, bien que le tout reste très sérieux. Bizarre, n'est-il pas?
La pièce la plus atmosphérique est sans conteste Commonplace, dans laquelle les mélodies de saxophone atteignent le paroxysme de la somptuosité, accompagnées de quelques envolées de basse (une nouvelle fois!) et de non moins superbes airs de guitares. Le final est envoûtant, on aimerait que ça dure, mais les bonnes choses ont une fin et la touche 'replay' existe, ô joie.
Pour l'heure il est temps de clôturer cette galette avec un morceau bien plus difficile d'accès, Nightime, frôlant les neuf minutes et jouant avec les dissonances. Le final aurait été plus grandiose avec Commonplace, mais passons, il paraît que la perfection n'existe pas.
Sortir un album qui est à la fois celui de la maturité, une expérience (qui plus est réussie), et un chef d'oeuvre, il faut le faire!
Klone l'a fait avec
All Seeing Eye, que je place assurément dans mon top 5 de disques. Terrible.
18/20
J'ai écouté cette album. Beaucoup moins fou que ED mais beaucoup mieu construit aussi.
Magnifique en somme
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