Il y a des disques qui vous mettent de bonne humeur pour la journée, pour peu qu'on oublie de vous lâcher un piano sur les pieds ou d'écraser votre chat-chien-canari-mouche de compagnie. A mes yeux de
Her Von Welken Nächten en fait partie.
Pour ceux qui auraient lu (ou seraient pris d'une subite envie irrésistible de rattraper cet oubli des plus impardonnables avant de continuer plus avant celle-ci) ma chronique de
Durch den Traum, vous savez déjà que ce disque fait partie du premier mouvement du groupe. On n'est pas encore arrivé aux longues pistes calmes d'
Hexenwind, encore moins aux abstractions sophistiquées et planantes de
Durch den Traum. Ici, on a encore affaire à un black folk des plus... Ah non.
Pas classique. Désolé, autant pour moi.
Au vu de ce disque, on peut dire sans trop risquer de se planter que
Dornenreich a toujours fait partie des hurluberlus qui s'amusent à ne pas faire le même black métal que le voisin. Même si ce disque ne peut pas franchement être qualifié de post-black comme ses successeurs, puisqu'il est encore bien campé sur des riffs ancrés dans le genre et sur des vocaux typ... ah non, pas typiques, désolé, mais qui rentrent quand même dans le cadre des vocaux black. Cependant, ça ne ressemble à rien de connu. Explications.
Prenez du black. D'un genre assez léger. Utilisez des incursions folk (piano, violon, guitare volk et autres ambiances au synthétiseur). Rajoutez une bonne volonté progressive (aaaah, fuis, pauvre true blackeux fanatique!). Rajoutez des voix claires et surtout, surtout, un chant black TRES kitsch.
Oui, voilà, le mot est tombé. Kitsch. Ce disque l'est assurément, et c'est par le chanteur que tout se fait. Jochen Stock nous sert un chant black aigu pas franchement hurlé, qui alterne des sonorités décalées plus ou moins choquantes (en dehors des vocaux pouvant convenir à un groupe de black classique, on trouve des chuchotements tournant parfois au ridicule, des grognements parfois porcins, des couinements aigus et des vocalises genre "gamin en cours de mue s'essayant au raclement de gorge"). Tout l'intérêt de ceci est que ce côté kitsch n'a rien d'une contre-performance (les travaux suivants de
Dornenreich montreront bien que Jochen sait utiliser son organe vocal sans tomber dans ces travers, et d'ailleurs de nombreux passages plus "classiques" de Her
Von Wälken Nächten sont eux aussi solides et efficaces), il s'agit d'une kitscherie parfaitement assumée. Même si on pourrait en douter au début, la certitude se fait assez rapidement, surtout lorsqu'on entend les murmures enfantins d'Innerwille ist mein Docht. Forcément, ce chant va en faire sursauter plus d'un, surtout parmi les puristes. Mais pas que. Moi-même, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce disque dans un premier temps, à cause de ça. Le temps que j'accepte de considérer ce disque comme drôle, en fait.
Pas moyen de prendre ce disque entièrement sérieusement, non. Il y a toujours un petit sourire en coin qui jaillit à un moment ou un autre. Mais après tout, pourquoi ne pourrait-on pas se marrer en écoutant un groupe de black ? Enfin, je veux dire, trouver de l'amusement à écouter le chanteur s'éclater de manière fort cocasse plutôt que de devoir rire d'un niveau de musiciens déplorable ? Oui, parce que là, on n'a pas franchement affaire à des pieds, d'un point de vue musical. Comme je le disais plus haut, le tout est assez progressif, comme le montrent les premiers morceaux, qui sautent d'un riff à l'autre sans grand souci, ou le disque lui-même qui saute des titres biens rentre dedans du début à des plages ambiantes (Innerwille... et Ihr Wehlt Ein Moment) avant de revenir au rentre dedans moins tordu qu'aux commençements (Schwarz schaut tiefsten Lichterglanz, Trauerbrandung) et d'achever le disque sur un morceau de nouveau ambiant. Le tout sans risquer d'affaiblir sa structure (même si le passage du quatrième au cinquième titre manque peut-être un peu de liant). La technique des musiciens est bonne et leur sens de la composition très visible.
Bon. Je suis parti un peu dans tous les sens (c'est ma nature, je ne peux pas m'empêcher), alors synthétisons.
Her Von Welken Nächten est un disque plutôt bon dans l'ensemble, bien que parfois un peu maladroit et ne montrant pas encore la maîtrise parfaite d'un
Durch den Traum. Il pourrait être un disque prenant un moment puis oubliable. Sauf que voilà, ses vocaux et son côté kitsch assumés, vous savez, ces choses qui rebutent au premier abord, qui font fuir les puristes, qui tuent les canaris et les mouches de compagnie, bah... Au final, cela lui donne un grosse part de charme, quand on a appris à les accepter. Cela évite clairement au disque de sombrer dans l'oubli après quelques écoutes, et amène à le ressortir régulièrement, par curiosité à peu près autant que par plaisir.
Je ne connais pas cet album et ne l'écouterai probablement jamais vu que je suis très pointilleux sur les qualités vocales, mais je tenais tout de même à te remercier pour le travail accompli.
Bon tu pars un peu dans tout les sens, mais finalement n'est-ce pas la nature même de cet album...
Très planant, progressif à mourir, J'ADORE !!
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