Drudkh nous avait laissé avec un "
Microcosmos" qui m'avait laissé sur ma faim. Une production très moyenne, un son pas très puissant, et surtout, un sens des mélodies faible en comparaison avec "
Autumn Aurora" et ses chansons superbes ("
Summoning the
Rain", mon dieu, j'en frissonne encore...). Vraisemblablement motivé par l'enregistrement du dernier
Blood of Kingu à la production absolument écrasante, Roman Saenko nous gratifie, pour le dernier
Drudkh, d'une production incroyablement claire, soignée jusque dans les moindres détails. La ressemblance avec
Blood of Kingu s'arrête cependant sur ce point, car la brutalité sumérienne n'est pas la tasse d'hydromel du groupe. Nous racontant tour à tour contes et mythologie ukrainienne, histoires belles et tristes, les textes de
Drudkh sont à l'image des chansons : fins, subtils, et travaillés. Je sais, je n'ai pas les paroles d'
Handful of Stars sous les yeux, mais je suppose, je suppute - d'ailleurs, les paroles sont secondaires quant à l'appréciation de cet album incroyable.
L'album démarre. L'ambiance se pose aisément, directement. Reposant mais inquiétant "
Cold Landscapes", très courte introduction au piano très mélancolique, mais terriblement belle. Elle sied parfaitement à l'ambiance générale de l'album, me rappelant parfois "La
Dryade" des magnifiques Gris.
Puis voila enfin le véritable
Drudkh qui déboule. La facette mélancolique très affirmée, tout en rythmique lente mais bien appuyée, le deuxième hymne de cet album symbolise parfaitement la chute de l'époque, comme son titre l'indique : guitares parfaitement réglées, batterie toute en finesse. Colossal morceau pourtant, affichant douze minutes au compteur, que l'on ne voit cependant absolument pas défiler, tant
Drudkh, avec des rythmiques pourtant très minimalistes, arrive à capter notre attention, à l'attraper pour ne plus la relâcher. La fin du morceau est superbe : roulements et jeu de cymbales parfaits rythment la chanson de manière très efficace, comme pour évoquer les soubresauts de l'époque mourante. Puis arrive la voix, comme à son habitude, torturée, terrifiante, suffisamment mise en avant, mais pas trop non plus. bref, parfaitement calée. La guitare terminant la chanson rappellera à beaucoup "Springtime
Depression" de qui-vous-savez.
Troisième hymne, ou enfin la lumière semble percer, à travers des guitares toujours très mélodiques et mélancoliques, et enfin un blast timide qui fait son apparition, comme pour réhausser l'agréable léthargie dans laquelle cet album nous plonge. Batteur toujours aussi imposant, dans un registre de jeu presque jazz, nous fait ballotter tranquillement entre ciel et terre, au milieu des étoiles, dont les mains des musiciens sont pleines.
L'espace d'une éclipse, "
Twilight Aureole" ponctue le milieu de cet album, avec des riffs à la fois sombre et lumineux, symbolisant à la perfection ombre et lumière, la joie du soleil et la tristesse de la lune, qui viennent à se rejoindre dans une courte et sombre étreinte. Le solo final extrêmement chaotique de cette chanson marquera la fin de cette tendresse astrale, pour mieux nous diriger vers l'avant-dernière pièce de l'album.
Le jour viendra. Oui, le jour viendra. Introduction à la guitare chorus, suivie par guitare distordue et batterie marquant fortement la cadence, ce titre rapellera l'instrumentale de "Myspys" (
Lifelover), en beaucoup moins noir cependant. Fantastique titre, comme le reste de l'album. Un morceau qui symbolise à la perfection cette attente, la musique parlant bien plus que les mots.
La dernière pièce porte un titre qui sonne prémonitoire. Apprendre à savourer le silence, tel est le défi que nous lance le trio ukrainien, comme pour annoncer la fin de
Drudkh (n'est-ce pas leur dernier album, Roman Saenko préférant se concentrer sur ses autres projets ?). La guitare murmure à nos oreilles un requiem douloureux, triste, qui hante l'âme et fait frissonner. Minimaliste, répétitif, mais toujours cette patte reconnaissable entre mille, celle de
Drudkh. Le disque se termine.
Nous ne sommes pas en présence d'un album de Black
Metal. "
Handful of Stars" est un album lumineux, déchaînement de passion mélancolique, d'une violente douceur, d'une radieuse noirceur. Tels des paysages froids, "
Handful of Stars" marquera la chute d'une époque, celle de
Drudkh, qui aura accouché d'un album lumineux comme une auréole d'éclipse. Mes amis, si
Drudkh est mort, le moment est venu d'apprendre à se faire au silence. Si
Drudkh est mort, alors baste - nous aurons perdu le meilleur groupe de "Black"
Metal ukrainien de cette décennie.
Un album absolument incroyable, dont je suis fier de l'avoir parmi ma collection de disques. J'ai tenu à raconter ce disque, car il se pose pour moi comme la révélation de cette fin d'année, et probablement l'un des meilleurs disques de la formation. La messe est dite, do pobachennya
Drudkh.
Désormais accessible dans tous les points de vente, tu devrais enlever le paragraphe sur ton téléchargement illégal (mauvaise presse).
Drudkh est ce que froid est avec hiver, une soupe d'une saveur inoubliable, il est l'entité monstrueux qui s'écoute avec patience et bonne écoute.
Ô puissant, Ô magnifique, Ô Drudkh.
18/20.
Et le CD est à la hauteur de ce que je pouvais espérer. ça passe tout seul. Calme, mélancolique, parfois agressif, mais teinté de mélodie... Un must pour ma collection.
Très bonne chronique sinon ;)
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire