Insensible à ces conventions qui obligent chaque artiste, chaque œuvre, chaque note à se positionner dans les principes séculaires de poncifs obligatoires,
Karelia poursuit toujours et encore son chemin. L'insaisissable trublion alsacien, après nous avoir régalé avec les excellents
Usual Tragedy (2003),
Raise (2005) et moins avec le bon
Restless (2008), nous revient donc avec ce nouvel effort intitulé
Golden Decadence.
Aujourd'hui plus que jamais définir la musique de ce groupe est devenue une tâche indu à laquelle, pourtant, il faut bien se contraindre ne serait ce que pour des raisons bassement informatives. Disons, pour simplifier, que Matthieu Kleiber et ses complices officient désormais en une sphère enviable où la liberté est un principe moteur. Sans aucune contrainte, si ce n'est celle de leurs envies, ils composent donc un Heavy Rock à tendance Indus dans lequel il dissémine de ces éléments inhérents aux musiques électro. Bien évidemment cette émancipation leur permet aussi d'explorer certains horizons divers et variés (flamenco, rap, Death, musique indienne...). Finis donc le
Power Dark Metal Symphonique dans lequel, semble-t-il, le groupe se sentait étriqué. Ne reste plus de cette époque révolus sinon une mélancolie très Gothique tout au moins une désillusion et une amertume plus mature perceptible en filigrane tout au long de ce disque.
Face à un tel éclectisme musical, trouver une ligne directrice et représentative de cet album ne sera donc pas aisé. Tout comme en décrire succinctement le contenu d'ailleurs. Appliquons, en ce cas, la même démarche d'indépendance que le groupe et appréhendons donc cette œuvre sans impératifs. Sans le moindre apriori. Totalement libre en somme.
Le premier morceau, Bill for the Ride, aux couplets très en phase avec la mécanique froideur des travaux de groupes tels que
Rammstein ou
Samael contrastés par de superbes refrains salvateurs, et mélodiques, nous offrent un moment déconcertant mais agréable. Une première impression positive que d'autres morceaux viendront confirmer (
War Party construit un peu sur le même principe lui ajoutant simplement quelques voix gutturales et graves, Animals, le bon Vanity Label, ou encore, par exemple, le séduisant Ride it
Wild). Evoquons aussi la ballade très réussi The Way Across the Hills dans laquelle Matthieu exprime parfaitement de poignantes émotions. Tout comme d'ailleurs sur le remarquable Child Has Gone et sur Unbreakable Cordon, extraits tout deux de l'album précédent de
Karelia et repris ici en de jolies versions acoustiques.
Si les titres cités, et certains autres encore, gardent, peu ou proue, une identité commune; ce
Golden Decadence en comporte aussi certains plus atypiques. My TV Sucks dont les prémices, certaines mélodies et le break sont dévolus au rap dans le but assumé de dénoncer les attitudes ridiculement caricaturale et cependant protocolaire dans lesquels ce genre se fourvoie, est, par exemple, inhabituel. Enthousiasmant sur le fond et audacieux dans sa forme, le titre ne parvient pourtant pas à nous convaincre pleinement. Citons également Housekeeper et ses délicieuses ambiances dépaysantes orientales qui, lui aussi, est singulier. Ou encore
Out of Awalk et son final flamenco. Mentionnons surtout The Show Must Go On de Queen, repris ici en une intéressante version
En définitive ce
Golden Decadence laissera une impression mitigée à ceux qui, comme votre humble serviteur, étaient séduits par les premier pas de ce groupe. Des gens qui, de surcroit, regrettent que les diverses évolutions de
Karelia se fassent ainsi dénaturant quelques peu son identité originelle.
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