Après un
Usual Tragedy, premier pas d’une maturité assez incroyable, l’adolescent qu’est
Karelia nous revient et aspire, très légitimement à devenir un homme. En marche, voici donc son deuxième pas.
Avec cette nouvelle foulée sur le chemin, loin de trahir son identité musical
Karelia tente de s’éloigner intelligemment de ses influences qui étaient les plus évidentes, de ses racines musical à la fois italienne, scandinave, suédoise, un peu trop flagrante sur sa première œuvre. Pour y parvenir il épure son style, en écartant son Heavy mélodique à tendance orchestral de ce gothisme sous-jacent, et laisse place à une amertume plus adulte. Pour ce faire il compose également les morceaux qui constituent cet album comme une construction où chacun des instruments vient enrichir le tableau, s’acharnant à étoffer l’atmosphère, bien plus que venant se poser là simplement comme un bel ajout. C’est particulièrement flagrant pour les claviers qui ont été soignés et parsemé de manière ingénieusement parcimonieuse, et dont chaque note contribue à renforcer l’ambiance du morceau dans lequel ils s’intègrent. Tout ceci n’a qu’un seul but : mettre en valeur l’émotion palpable au creux de chaque pièce de cet édifice. Pour la rendre plus perceptible encore, Matthieu Kleiber n’hésite pas, aussi, à abandonner ce chant grave, profond et ultra-maniéré, un autre vestige de ce gothisme d’antan, pour un chant plus naturel, moins forcé ; avec lequel il peut, à l’évidence, partager bien plus d’émotions avec son auditoire. Un chant qu’il continue d’alterner avec un autre plus aigu, exercice dans lequel il a fait quelques progrès.
On sent bien la volonté de
Karelia, il a pensé son album dans ces moindres détails, et pour une mise en scène parfaite, il va jusqu’à inclure des samples, ornements dont l’intention est de nous emmener à l’endroit exact où il nous attend. Des morceaux comme ‘
Raise’, et ses alternances, de rythme à la fois soutenu, à la fois plus lancinant, qui n’est pas sans rappeler dans une certaine mesure ‘
Slaves of Time’, illustrée par des samples de discours d’Adolf Hitler témoigne de cette détermination et de cette maîtrise décrite jusqu’ici. Sur ‘Child Has Gone’
Karelia pousse même l’ouverture d’esprit, qui n’est pas forcement une des caractéristiques les plus réputés dans le milieu métal, jusqu’à inclure une intro à l’ambiance plus électro. Intro qui offre une transition nette et parfaite pour redémarrer, ensuite, sur une partie plus classique.
Cette recherche permanente, cette curiosité musicale n’est, évidement, pas sans risque mais
Karelia n’est pas là pour laisser emprisonner ses idées, sa soif de découverte, dans les murs dressés par ceux qui refusent tous changements et il ose, avec intégrité, tout ce qui peut servir ses desseins. Mais ce disque ne constitue pas non plus un changement aussi radical qu’il y parait, on y retrouve quand même, au delà des évolutions évidentes et nourrit de celles-ci, tout ce qui a fait le charme, et l’identité propre du groupe jusqu’alors.
Karelia n’a donc pas peur d’élargir ses horizons en intégrant dans sa musique des éléments variés, divers, étonnants qui aident à rendre sa musique plus cohérente, plus dense ; mais surtout plus touchante. Dans ‘
Disharmonic Dogmas’ il pousse, par exemple, le plaisir jusqu’à faire voyager nos sens jusqu’aux portes de l’orient.
Il est indispensable aussi de noter la qualité des textes et des thèmes abordés ici, loin des banalités affligeantes qui sont souvent le lot dans le genre, Matthieu Kleiber, lui, écrit des textes inspirés, réfléchis, et assez remarquables. Citons par exemple ‘The Tearfull
Clown’, hommage vibrant au génie Charles Chaplin. Dans un tel contexte, terminer l’album sur une reprise de Pink Floyd, ‘High Hopes’, n’est évidement pas anodin.
Voici donc un ouvrage où chaque détail semble maitrisé afin de nous procurer l’émotion la plus pure. Un disque où le ressentis est la principale préoccupation de
Karelia et alors que les alsaciens auraient pu, comme bon nombres l’auraient fait à leur place, se contenter d’emprunter le chemin de la facilité en sortant un deuxième enregistrement copie conforme du premier ; ils ont préférés celui plus dur de l’évolution. Le plus dur, mais sans aucun doute le plus intéressant pour eux, comme pour nous.
La première fois que j'ai écouté le cd, je suis restée conne, tellement bien, rien à redire, je me sentais ailleurs, transportée.
Des sons magnifiques, des textes recherchés, une voix exceptionnelle... Du beau!!
Et la reprise de "High Hopes". On dirait presque l'original la voix!
Et bien, je dis vivement un concert en Suisse.. Ou un autre cd..
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