Loin de se contenter d’un immobilisme facile,
Karelia a su faire évoluer son œuvre proposant un tableau plus mature et plus mure que ne l’était
Usual Tragedy avec un
Raise aboutie et intéressant. A l’aube de ce, déjà, troisième opus il paraissait évident qu’un groupe ayant fait preuve d’un certain éclectisme ne se laisserait pas enfermé dans des considérations plus que réductrices. Pourtant il était difficile d’appréhender la mesure de cette évolution énorme. Enorme n’étant pas un euphémisme tant la différence qui sépare ce
Restless à son prédécesseur peuvent nous obliger à un effort de compréhension assez retord.
Pour concevoir cette mutation il me parait nécessaire d’en saisir tout les détails. Lorsque
Karelia sort son premier album
Usual Tragedy, il nous offre le visage d’un Heavy mélodique influencé par les airs de groupe tel que
Rhapsody,
Nightwish. La force de
Karelia est d’avoir su, dès sa génese, affirmer une réelle différence avec des influences un peu trop évidentes, et ce en enrichissant sa musique d’une touche de mélancolie, de certaines lenteurs, de voix profondes et graves propre aux groupes plus Gothique tel que
Artrosis, et dans une moindre mesure par certaines similitudes d’intonations vocales à
The 69 Eyes. Cette union étrange donnant naissance à une œuvre, qui non exempte de défaut de jeunesse, n’en restait pas moins captivante. Avec son deuxième opus,
Raise,
Karelia confirmait sa volonté de proposer un concept enthousiasmant. Il abandonnait ses touches gothiques au profit de plus d’efficacité. Il n’hésitait pas, aussi, à imprégner sa musique d’effets plus synthétiques aux claviers, créant ainsi des ambiances subtiles et délectables.
Avec ce troisième album,
Karelia s’aventure vers d’autres contrés inexplorés. Il nous offre les sonorités d’un
Metal Electro Pop, aux relents Indus, aux touches
Dark que l’on pourrait définir, de manière imagée, comme le croisement entre
Rammstein et Depeche Mode. Pourtant si la surprise est saisissante, elle se laisse quelques peu désirer avec un premier titre,
Restless, où dans un souffle malsain Matthieu nous murmure son refrain entêtant, dans morceau pesant qui, s’il n’est pas sans nous rappeler le titre
Raise, reste original et efficace. Se concluant sur des voix très agressives, ce titre augure du meilleur. Un meilleur démentis dès le morceau suivant, par un
Trial très dancefloor qui nous plonge dans un désarroi assez embarrassant. Loin de juger de la qualité d’un titre qui au demeurant est bien construit, et dont l’intérêt ne saute pas aux yeux, il creuse un fossé infranchissable pour tous ceux, dont votre humble serviteur, qui ont été séduit par le propos défendus par ce groupe sur ces deux premiers opus. Dès lors la rupture est total, poignante, insurmontable. Sur ce versant ensoleillé par les frasques dansante d’une musique éléctro-technoïde,
Karelia ajoute l’affront d’un indigeste Lift Me Up, reprise de Moby ; et d’un titre Electro-Pop-
Metal Loosing My Religion, intéressant dans l’idée, mais qui ne parvient à nous défaire de ce sentiment profond de trahison qui nous étreints.
Pourtant paradoxalement si le changement est manifeste, il n’en demeure pas moins que l’esprit de
Karelia, qui grandit au fil de ces précédents album, bien que dilué au milieu de tant de nouveautés n’est pas totalement absent. On retrouve facilement l’essence de sa musique dans des titres tels que Please Come In,
Crash ou encore le très Pop Give It Away. Passé maître dans l’art du mélange le groupe nous offre dans ces titres l’union à la fois très influencé par cette nouvelle direction artistique, mais aussi l’esprit de ces œuvres passées. Il enrichit, aussi, ses titres d’une aura plus malsaine et dark que jamais, utilisant des atmosphères, des riffs, des voix plus agressives, afin de rehausser ses compositions. Si l’intention est louable, les idées intrigantes, et les morceaux, dans l’ensemble, plutôt intéressant et maitrisé, le résultat laisse un sentiment désagréable d’imperfection trop grande, trop indomptable.
Un changement fondamental déstabilisant qui désorientera sans aucun doute l’auditeur au point de le laisser dans une grande confusion. Indécis face à une œuvre aussi complexe et divergente, mais pourtant maitrisé ; on ne peut que regretter, si l’on goute avec plaisir à
Usual Tragedy et
Raise, précédents effort du groupe, cette vision trop moderne, et sans doute un peu trop hétéroclite, d’une conception musicale neuve, ou l’on retrouvera de manière pas assez marqué l’âme du
Karelia d’autrefois. Ce
Restless offre donc une approche attirante mais trop différente pour réellement convaincre.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire