Après l’épisode Jonh Corabi, la grande nouvelle était évidemment le retour en grande pompe du chanteur charismatique et originel de
Mötley Crüe, j’ai bien sur nommé le grand
Vince Neil, sept ans après son éviction du groupe. Et il faut dire que "
Generation Swine", septième album studio, frappa là où personne ne s’y attendait.
C’est certain, les fans imaginaient que les errements passés faisaient partie définitivement du passé (logique non ?) et que le quatuor reviendrait avec un pur album de rock’n roll comme il avait su si bien en composer dans les années 80. Mais mal leur en a pris, car la bande, n’ayant pas la volonté de se calmer, de rentrer dans le rang afin de devenir fade et prévisible, sort un opus totalement déroutant au départ, que je qualifierais personnellement d’expérimental (si l’on reste dans le cadre du groupe bien sur, sinon, ça n’a aucun sens) et de surprenant. Bref, un disque franchement intéressant et qui figure aujourd’hui dans ma tête de liste des albums du groupe (le troisième en fait, derrière "
Too Fast for Love" et "
Dr. Feelgood").
"Find Myself", le premier morceau met d’entrée le ton de cet opus, un riff excessivement gras et lourd, un son énorme propulsant chaque pulsation de notre cher
Tommy Lee (qui passera l’année suivante derrière les barreaux car il frappait trop fort…sur Pamela Anderson !) dans les infrabasses, une basse également très présente dans le mix’ et conférant à l’ensemble un côté véritablement moderne. Voilà, le mot est lâché, oui cet opus est largement plus moderne et s’inscrit dans son époque, loin de l’anachronisme que tant devait s’attendre. Le constat est idem concernant le chant de Vince, moins aigu, parfois plus soft et flirtant assez souvent avec des effets du meilleur effet (ouah le jeu de mots !!) pour conférer une atmosphère presque indus’ sur certain passage, notamment sur le riff de "
Glitter", très saccadé avec des arrangements électroniques que certains prendront certes pour un sacrilège, mais qui, je trouve, colle parfaitement à l’esprit évolutif de cet album placé sous le signe de l’expérimentation et de la découverte, en témoigne ce titre très dépouillé et froid (venant de la boite à rythme utilisé mais loin d’être désagréable à mon gout).
Alors il est vrai que l’on a parfois l’impression d’entendre un autre groupe mais je trouve cela finalement positif pour Mötley car il faut garder à l’esprit que leur quatre premiers albums sont très proches, et je ne sais pas si j’aurais personnellement accepté une redite des succès d’antan. En parlant de redite, la version remanié et rejoué de "
Shout at the Devil" aura fait couler beaucoup d’encre, certains la décriant du fait de son inutilité sur un tel album ; oui et non.
En effet, l’intro samplé (électro encore une fois) aura une nouvelle fois pris la forme d’un blasphème mais force est d’admettre que le morceau possède toujours une haine et une puissance incroyable, et montre que
Vince Neil peut toujours monter très haut dans les aigues. Alors oui le rythme est ralenti mais les arrangements sont largement plus soignés et, loin de l’aspect "raw" de la version original, modernise complètement le titre pour en faire un presque neuf. L’expression faire du neuf avec du vieux n’a jamais autant voulu dire quelque chose, d’autant plus que le résultat final est à la hauteur.
Et puis le Mötley des débuts n’est pas complètement mort, "
Afraid" avec son atmosphère blues moderne et son feeling plus rock ainsi que le riff d’ouverture de "Let us
Prey" évoque plus les vertes années du groupe, malgré l’omniprésence (et la qualité, n’oublions pas) des arrangements et des samples (attribuant également un caractère plus extrême à la musique, presque à la
Nine Inch Nails sans pour autant tomber dans la facilité commerciale) sur l’intégralité de ce disque. Disque qui se terminera de manière poignante et viscérale sur la ballade orchestrale "Brandon" (chantée par
Tommy Lee en hommage à son fils Brandon et sa relation avec Pamela Anderson!), créant un contraste saisissant avec le reste. Une fin grande et de toute beauté.
Au final, il est clair que cet album ne sera jamais culte car il reste et restera très controversé entre les fans. Mais il représente une volonté de musiciens à s’ouvrir et à vouloir proposer des saveurs différentes, tout en apportant une certaine innovation. Il s’agit donc plus d’un album musical qu’un album de chansons bourrées de hits à ras bord. Et rien que pour cet acte de courage et de personnalité anticonformiste, il mérite largement que l’on se penche dessus, encore et encore…
Tu as raison à mon sens de noter la volonté du groupe de proposer une musique plus "moderne" et de ne pas se complaire dans ce qui a fait leur succès.
Hélas (pour moi), leur hard rock "old school" c'est ce que j'ai envie d'entendre chez Motley Crue.
A ce titre, attention tu vas bondir dans deux secondes, je préfère très largement "New Tattoo". Tu ne t'es pas cogné la tête? Tant mieux :-)
Certes Tommy Lee n'est pas un chanteur extraordinaire mais je trouve que sa prestation sur "Brandon" est emprunte d'une certaine émotion (bon d'accord, ce n'est énorme mais tout de même). Il a une voix rock, il le confirmera d'ailleurs très bien dans ses deux albums solos (pas Methods Of Mayhem, tout l'inverse des deux groupes là).
Merci pour la chronique. Entre Motley Crue avec Corabi et ce Génération Swine avec Neil, le groupe aura prouvé qu il sait surprendre et se renouveler (sans pour autant renier son adn). Deux très bons albums dans une discographie qui l'est tout autant. Saint Of Los Angeles venant mettre fin(?) de la plus belle des manières à leur discographie.
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