Il y a des années où, sans doute dû à la trop grande frustration de rester dans l’ombre d’un groupe, les producteurs réalisent chef d’œuvre sur chef d’œuvre pour montrer au monde que leur influence y est peut-être pour quelque chose. C’est le cas de Desmond Child en cette année 1989 (il produit au passage le "
Pump" de
Aerosmith et le "
Trash" d’
Alice Cooper, pas des petites références !) où
Mötley Crüe nous sort l’album que jamais personne n’oubliera.
Pas forcément le meilleur, mais sans aucun doute le plus important pour leur carrière.
Après l’annulation de la tournée de "
Girls, Girls, Girls" suite à de trop graves problèmes de dépendance à l’héroïne (Nikki Sixx fera tout de même deux overdoses en vingt-quatre heures et manquera d’y perdre la vie), il était évidemment attendu au tournant. Sans oublier le fait que l’album précédent était très loin d’être une réussite, dû à un manque évident de moyens (physiques ceux là !) et donnant résultat à un disque passif au possible (deux riffs se battant en duel sur la plupart des titres, seul Vince sauvant le tout derrière le micro).
Et mon dieu qu’ils ont bien pris ce tournant ces cocos. "
Dr. Feelgood" restera l’album le plus technique, ambitieux, créatif et ouvert que nous offrira le groupe dans toute sa carrière.
Commençons donc par le début, le son. Il n’a simplement jamais été aussi énorme et précis, fin et énergique, bien loin de l’atmosphère raw des premiers enregistrements, sans pour autant perdre en spontanéité.
"T. N. T. (Terror 'N Tinseltown)" donne le ton de son intro aujourd’hui culte de radio de police, culminant sur un crash automobile pour débouler sur : "
Dr. Feelgood". Et là, c’est une méchante claque que l’on se prend en travers de la tronche. Les riffs de Mick Mars sont déjà beaucoup plus complexes que par le passé, et se superposent sans problème pour offrir plus de richesse et une forte épaisseur globale.
Tommy Lee semble revivre et propose des breaks et des cassures rythmiques de folie, la basse de Nikki (totalement annihilé lors du mix de "
Girls, Girls, Girls") vrombit tel un bulldozer, et puis ce chant…divin et hargneux de
Vince Neil qui semble le seul à ne jamais avoir totalement perdu pied ; à la fois agressif mais mélodique, plus lâché, sincère et pur, sans aucune retenue, comme s'il se lâchait complètement pour la première fois (c’est tout du moins l’impression qu’il me donne).
L’intro blues mélancolique à la guitare acoustique de "Slice your Pie" définira quand à lui le style plus posé et réfléchi (c’est un grand mot néanmoins) de cet opus marqué du sceau de la diversité et de l’ouverture musicale. Le blues apporté par le chant de Vince n’a jamais pris autant d’importance (mis à part sur son magistral album solo "Exposed").
"Rattlesnake Shake" surprend quand à lui avec l’intervention de cuivres sur le refrain ultra-accrocheur et donnant une teinte presque cabaret apportant de la folie à un album paraissant de plus en plus déluré au fur et à mesure que l’on avance dans son écoute et sa découverte. Le culte et inestimable "
Kickstart My Heart" balancera un des plus gros refrains que le groupe est jamais composé (avec celui de "
Live Wire" !) de plus rehaussé par une pléiade de chœurs (dans lequel on trouve Steven Tyler et
Bon Jovi pour ne citer qu’eux !) conférant au titre un côté absolument énorme et taillé pour le live. Le solo démentiel et truffé d’effets de Mike terminera de faire de ce morceau une des plus grandes réussites du groupe.
"
Without You" calme le jeu, une ballade comme sait si bien les chanter Vince, rock n’roll et sincère, "Sticky Sweet" continuera de me faire penser à l’esprit cabaret tandis que "
She Goes Down" renverra l’auditeur à sa discographie antérieure avec ses saveurs légèrement plus punk hard. L’album se terminera sur la magnifique "Time For a Change", qui, à l’instar de "
Home Sweet Home" et "One With the Show", achèvera de confirmer que le Crüe sait tout faire dans le domaine étriqué du hard rock. Une intro simplement vocale très belle, des couplets mélodiques et des guitares leads sonnant à la fois juste et parfaitement à leur place (le premier solo me faisant personnellement penser à du
Slash de Guns’n Roses), et ce refrain sensuel et…(je n’ai plus de mot, à force de décrire ces ballades !).
Un grand disque, sans doute le plus ambitieux, et de loin le meilleur à mon goût juste derrière le culte "
Too Fast for Love". Un album important qui aboutira à une énorme tournée mondiale mais également au split du quatuor avec l’éviction de
Vince Neil.
La suite fait partie de l’histoire…
C'est loin d'etre mon album préféré, je le trouve un peu "mou"
15/20
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