Le voici, donc, ce nouveau rejeton d’une des terreurs de la scène brutal death moderne. La seule attente fiévreuse qu’a généré
Fury & Flames prouve à elle seule la belle santé de cette scène. Et le line-up respectable qu’a réuni ce vieux loup d’Erik Rutan permettait en tout état de cause d’entrevoir de bien belles prouesses.
Le verdict au bout d’une poignée d’écoutes est sans appel. C’est bel et bien la grosse baffe attendue…et même plus que cela.
Fidèle à ses habitudes,
Hate Eternal prend le soin d’imposer un feu ininterrompu, dont les salves de batterie de l’épatant
Jade Simonetto constituent le plus gros de l’artillerie. On connaissait bien sûr Alex Webster et sa capacité à nourrir la rythmique de sa basse avec une dextérité et une vigueur peu communes. On obtient ainsi un matraquage parfaitement maîtrisé, très équilibré entre blasts dévastateurs, changements de rythme pertinents et breaks bien sentis, ô combien salvateurs.
Sur cette seule base,
Fury & Flames pourrait déjà prétendre damner le pion à une bonne partie de la concurrence.
Mais la seule approche technique est profondément réductrice pour appréhender la richesse de ce disque. Malgré son déploiement intempestif d’artillerie lourde et d’agression sonore, la musique d’
Hate Eternal atteint là une richesse émotionnelle étonnante, que pour ma part je discerne moins dans ses opus précédents.
Pas d’angoisse à la lecture de cette phrase : il ne s’agit pas de mélancolie ou de je ne sais quel autre sentiment existentiel, mais de colère furieuse, de haine enragée, de noirceur oppressante.
Ce cataclysme de violence débute par un incroyable
Hell Envenom, mitraillage de blasts, riffs monstrueux de puissance, avec le soupçon de lyrisme et de dissonance pour d’ores et déjà donner une magnifique esthétique à la déferlante métallique de
Hate Eternal.
Le feu sacré est désormais allumé, rien ne peut éteindre l’incendie. Il se propage un peu plus avec Whom Gods May
Destroy, un poil plus complexe et technique, suivi de Para
Bellum, remarquable de par ses breaks d’une lourdeur écrasante, venant temporiser avec subtilité le déchaînement furieux et continu des compères de Rutan. A noter également le magnifique solo, sublime d’émotion et de finesse, sur fond de double pédale déchaînée. Baissant un poil de rythme – entre des séries incroyables de blasts – Bringer Of Storms s’affiche également comme un titre plus fin qu’il n’y paraît, et le travail de composition est remarquable, mettant diablement en relief les qualités artistiques des différents musiciens (Webster, quel bassiste…).
Grandiloquente et monstrueusement malsaine, la marche funéraire qui suit est délicieusement éprouvante, voire jouissive à l’écoute des quelques soli qui s’invitent à la fin d’un morceau d’une noirceur incroyable.
Plus chaloupé et groovy, Thus
Salvation permet d’entrevoir un peu plus la remarquable production dont bénéficie
Hate Eternal. Les tympans les plus fragiles pourront souffrir du parti pris de mettre très en avant la rythmique batterie/basse, qui tel un tir de barrage continu laboure le terrain très avant la cavalerie « légère »…
Des deux titres suivants, toujours dans la même veine musicale qui fait la raison d’être de l’album, on notera quelques riffs particulièrement judicieux, qui une fois encore donne un caractère très organique au death metal brutal de
Hate Eternal , qui ne paraît jamais déshumanisé. Plutôt surhumain en fait, tant la démonstration de rage vomie ici semble sortir du fond des entrailles.
Et comment ne pas apprécier un petit morceau au titre français, qui certes ne dépareille pas avec le thème enjoué du disque, surtout quand ses deux dernières minutes sont aussi sublimes d’émotions, les guitaristes jouant à leur tour le premier rôle sur ce disque colossal.
Un petit Outro quelconque laissant les ouïes se reposer quelques instants, il ne fait cependant aucun doute que vous allez repartir pour un tour…
Bilan des courses ?
Hate Eternal a accouché d’un monstre, et déjà là, à chaud, je ne crois pas me tromper en considérant ce disque comme l’un des plus essentiels de ces derniers années dans le petit monde du death metal. Ne soyons pas frileux, il s’agit même d’un bon pavé dans la mare des monstres sacrés qui avaient marqué de leur grosse patte l’année 2007, je pense principalement à
Nile et
Immolation. Décidemment, le death metal vit une nouvelle époque dorée, après celle du début des années 90. Et ce death metal moderne, à la fois ultra technique, brutal, et cependant remarquable de par ses atmosphères noires et quasi-mystiques, nous laisse présager encore de bien belles heures. Ah, quel pied !
Certes la prod est différente des précédents et l'ensemble paraît plus compact, mais c'est encore un bien bon cru du groupe qui continue sur sa lancée en annihilant tout sur son passage...(et la technique propre au groupe est toujours bien présente!)
D'ailleurs pendant longtemps cette basse redoutable, ainsi que les solos on été le seul motif pour ressortir le CD, mais je suis content de pas avoir abandonner parce qu'en effet au bout d'un moment on comprend, on comprend que c'est merveilleusement bien foutu, pensé, millimétré.
Bref une grosse tuerie, et achat rentable puisque aujourd'hui je suis encore loin d'avoir tout capté
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