Á l'évocation d'
Asking Alexandria, on ne peut qu'associer l'image d'une ascension fulgurante: devenus, malgré eux, les parangons d'un mouvement musical duquel ils ne cessent pourtant de s'éloigner, les Anglais ont soulevé un enthousiasme monstre dans le milieu suite à leur album “
Stand Up and Scream”, véritable bombe d'électrocore, un coup de génie tel qu'il s'en fait peu dès un premier essai. Puis, un désenchantement (artistique mais pas commercial) soudain: tout en quittant leur look fashion et quelque peu protubérant pour un apparat plus sobre et décontracté (dans une veine qui emprunte allègrement au mouvement hard-rock...) les jeunes loups venus de York livrent un “
Reckless & Relentless” incroyablement vide et linéaire, sorte de metalcore sous morphine, qui s'égarait partout et n'importe comment. L'appréhension domine ainsi dans l'attente angoissée de “
From Death to Destiny”, troisième full-length du quintette dont les rares titres disponibles en avant-première ne laissaient en aucun cas présager un retour aux sources, espéré par les fans de la première heure...
Et le désespoir frappa, fatalement et sans pitié aucune sur nos pauvres têtes... Inutile entretenir quelconque suspense, “
From Death to Destiny” s'avère être un album manqué, dont le faible impact musical ne saurait que nous lamenter d'avantage sur les choix réalisés par
Asking Alexandria. Et ce en dépit d'un début d'album plutôt intéressant, “Don't Pray For Me” faisant ressentir une tension survoltée au détour de l'intro avant de relâcher sa hargne sur un tempo virevoltant qui laisse sa place à un Danny Worsnop remonté à bloc, puissant et déterminé. “
Killing You” et “Death Of Me” assurent la pérennité de notre enthousiasme, les deux titres se révélant en phase avec le metalcore relativement ambivalent des Anglais: c'est intègre, sans effets superflus, cohérent, on n'en demande pas plus pour se laisser emporter.
Mais voilà, la fête tourne très vite au cauchemar, cauchemar composé de trivialité, de sonorités synthétiques, de mélodies imbuvables... L'effort de composition se désagrège au fur et à mesure que les morceaux défilent, il suffit d'écouter le très médiocre refrain de “Believe” ou la pâle imitation de
Avenged Sevenfold lors de “White Line Fever” pour s'en rendre compte,
Asking Alexandria s'essayant à un metal mélodique qui ne leur correspond tout simplement pas. L'influence hard rock fait aussi partie intégrante de la nouvelle identité des Anglais qui ne parviennent pas à tirer le meilleur de leur reconversion musicale, que ce soit avec la mièvre “
Moving On”, sorte de power ballade ennuyeuse et sans surprises ou “The
Road” et son refrain inerte... Il faut avouer que Danny ne s'efforce pas à proposer un chant pluriel: son chant guttural garde une certaine puissance mais il est très peu usité, pendant que son chant clair peine vraiment à quitter l'ombre de celui de M.Shadows, ce dernier étant bien plus à l'aise que son homologue.
On ne peut pas dire cependant que tout soit à jeter au bout de quatre titres; en effet par-ci et là il y a bien quelques fragments d'une musique encore accrochée à son passé (l'intro envahissante de “Until
The End”, la transition énervée de “
Creature” ou encore le titre “
Poison”) mais jamais
Asking Alexandria n'osent franchir le Rubicon. Par peur ou par manque de conviction (ou n'importe quelle autre excuse impénétrable) on assistera au mieux à des morceaux en demi-teinte, au pire à de longs passages à vide, la faute à des artistes qui ne semblent pas s'assumer entièrement et qui donc finissent à balancer des titres incohérents, à l'instar de “
Run Free”, son couplet surexcité délicieusement metalcore et son refrain ridicule, apathique et en déphase absolue avec le reste du titre. Musicalement on aura le droit aux même exactions, des alternances entre bonnes (le rythme atrophié du couplet de “
Poison”, le riff speed sur “Believe”...) et mauvaises idées (le semblant de feeling de “
Breakdown The Walls”, renforcé par une paresse instrumentale flagrante...).
Au moment de faire les comptes, c'est sans appel: très très peu de titres ont retenu notre attention, tout au plus certains passages mais que l'on oubliera assez vite.
Asking Alexandria sont passés du statut de groupe (singulier, uni) à une espèce d'hybridation imparfaite qui confirme l'égarement observé sur “
Reckless & Relentless”... Un nouveau groupe est né en quelque sorte, orphelin de tout, responsable de rien, qui s'amuse entre metalcore, hard rock et metal mélodique, sans s'engager dans un projet concret, faisant de sa musique un prétexte plutôt qu'un facteur d'identification... “
From Death to Destiny” est le testament certifiant de la mort (la naissance, c'est selon la perspective) d'un groupe qui fut un jour grand et qui, à présent, nage dans la confusion et le vide. Au revoir
Asking Alexandria, mais merci tout de même pour ce fabuleux “
Stand Up and Scream”...
Et puis les compos sont pas si dégueulasses, ya mieux certes mais ya largement pire.
Dix ans après la sortie de cet album (mon Dieu comme le temps passe vite, s'en ait effrayant...), je me suis mis à acheter l'album pour l'écouter très attentivement cette fois-ci, et je dois dire qu'il n'a clairement pas eu l'acceuil qu'il méritait à l'époque ! Alors oui, les hurlements de Danny n'ont rien à voir avec ceux des albums précédent où il était une machine de guerre, et font vraiment peine à écouter en le comparant ainsi. Oui, les parties electro ont complètement disparus, au profit d'orchestrations; et les breakdons sont moins présents. Et bien aussi improbable que cela puisse paraître, j'ai fini par vraiment aimé cet album. L'album reste très efficace dans ce qui a fait en partie la force du groupe, à savoir, balancer des refrains tubesque après un passage bourrin au possible. D'autre part, le groupe assume encore plus ses influences hard rock, et les implémentes d'une manière que je trouve très intéressante dans leurs chansons, en particulier sur Moving On, ou surtout le très bon The Road et son refrain dingue qui transpire les 80s. Niveau vocal mélodique, Danny a évolué pour nous offrir quelque chose de différent et de plus personnel, même si jel ui préfère clairement la voix dans Reckless & Relentless, mon album préféré.
Un album je pense très incompris à l'époque de sa sortie, à mi-chemin entre metalcore et hard rock, les deux grandes influences musicales d'Asking Alexandria. J'ai l'impression que les fans l'aiment beaucoup plus maintenant, et compte tenu de la musique que fait le groupe actuellement, nettement moins intéressante, il reste l'un des meilleurs de leur discographie.
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