Descendants of Depravity a été un tournant dans la carrière de Prostitute
Disfigurement, délaissant son côté gras & suffocant ainsi que ses growls porcins, au profit d’un brutaldeath renfermant plus de musicalité et d’un growl désormais guttural & moins caricatural. Album important dans la discographie du quintette batave ayant un sens du riff si percutant, ce quatrième jet marquait par ailleurs la fin de l’aventure, la séparation de la bande étant officielle quelques mois après la sortie de son ultime effort.
Triste nouvelle.
La machine est toutefois relancée deux années plus tard autour d’une section basse / batterie intacte (Patrick Oosterveen / Michiel van der Plicht) et de l’infatigable growler Niels Adams, la stabilité aux guitares restant quant à elle un peu plus fragile. Tout ce beau monde réitère un contrat avec la bonne écurie nord-américaine Willowtip Records (qui couvre également le territoire européen depuis l’arrêt de Neurotic Records), se concluant par l’enregistrement impeccable de
From Crotch to Crown et par sa parution en début d’année 2014.
Si un critère n’a jamais changé chez Prostitute
Disfigurement, c’est bien son imagerie outrancière, une violence frontale à prendre au second degré. Ce cinquième album conte ainsi l’enlèvement d’une péripatéticienne, suivi de sa découpe depuis la croupe jusqu’à la couronne (
From Crotch to Crown), un tableau morbide d’une cruauté déstabilisante, totalement dans l’esprit de formations brutaldeath comme
Gorgasm ou
Deranged.
Musicalement notre quintette enfonce le clou en livrant dix nouveaux titres sans compromis, un surcroit de brutalité rythmique et d’agressivité des guitares, là où
Descendants of Depravity calmait plutôt le jeu (l’expression restant toutefois relative s’agissant de Prostitute
Disfigurement). L’ensemble n’est confus à aucun moment, la précision désarmante de Patrick & Michiel au couple basse / batterie offrant une assise en béton aux guitares, n’ayant par ailleurs rarement été aussi tranchantes, sans occulter la qualité des leads. Ce sens batave du riff incisif (cultivé par
Nox ou
Sinister) mêlé à un coup d’accélérateur donne alors tant de morceaux explosifs, pour citer l’impitoyable Under the Patio ou le tout aussi foudroyant Set Forth to Annihilate.
Difficile de croire après un excellent
Descendants of Depravity, que Prostitute
Disfigurement ait pu aussi bien, voire mieux faire, après six années plutôt turbulentes, tout en cherchant sciemment à retrouver son manifeste de brutalité pure. L’ère ‘post-porcine’ de notre quintette est ainsi marquée par un second sans-faute, un must du brutaldeath actuel aux rythmiques meurtrières & riffs implacables, qui prennent corps au fil des écoutes. La force de la bande de Niels Adams réside aussi dans son identité forte ainsi que dans son renouvellement constant, une qualité rare dans un style si extrême où les leviers sont difficilement accessibles.
Fabien.
Après lecture de ta chronique, je commencerais par vigoureusement approuver tes dernières paroles. En effet, Descendants Of Depravity reste pour moi l'une des plus magistrales ogives du grand cru que fut l'année 2008, et j'espérais bien voir un héritage à ce monstre au caractère si bien trempé...
Suite à quelques écoutes intégrales seulement, j'aurais bien du mal à donner un avis consistant, mais From Crotch To Crown ne déçoit pas.
La présente offrande nous amène vers des horizons plus tourmentés, j'oserais dire plus crasseux même, bien qu'elle préserve la remarquable identité acquise avec son prédécesseur. Une fois le tranchant Only Taste For Decay nous ayant proprement aiguisé les neurones, difficile de ne pas se laisser progressivement glisser dans ce tourbillon de riffs et rythmiques tantôt acérés, tantôt massifs, et ne se privant pas d'entrecroiser les deux avec une exceptionnelle habileté. Une mixture délicieusement contorsionnée, savamment nuancée, et toujours teintée d'un caractère puissant, confirmant la suprématie amorcée par la formation quelques années plus tôt sur la scène brutaldeath.
Accessoirement, je crois entendre sur cet album quelques lointaines effluves de Cannibal Corpse période Vile à Bloodthirst dans le jeu de guitare...
En tout cas, impossible de déterminer une préférence entre ce succulent et démentiel From Crotch To Crown, et l'intense et classieux Descendants Of Depravity. Tous deux de grands albums racés, épiques, raffinés, délectables...
Il est bien sympa cet opus mais au bout de deux écoutes, j'ai toujours du mal à comprendre l'engouement général.
J'ai commencé avec Descendants of Depravity, qui a une prod' solide, moderne, accessible et claire.
La prod' de celui-ci fait brouillon à côté...Les guitares semblent noyées dans un mur de son épais, comme perdues dans un brouillard sonore, dont je ne ressens pas l'agressivité.
On sait si ce changement de prod' est volontaire?
@Ljosalfheim Je pense que c'est une orientation stylistique qui renoue un peu avec les origines plus "goregrind" du groupe. Cela peut surprendre si tu ne connaissais que le plus flamboyant Descendants Of Depravity, dont j'adore le caractère puissamment sombre effectivement, mais le caractère plus crasse de cet album touche le parfait mix entre la putridité du style premièrement cité et un death tout de même puissant et carré au demeurant, à mon sens. Mentions spéciales aux déboîtants Under The Patio (avec son refrain bien sombre et ce solo juste épique) et Glorify Through Cyanide (terrifiant de bout en bout), ou encore Set Forth To Annihilate ("We have the will to utterly destroy, We serve only death, We will put you out off your misery, We breath only death", écrasant), ou le très groovy et outrageant Dismember The Transgender...
En tous les cas, ce sont les deux sommets du groupe, se complétants à merveille dans mes oreilles.
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