La véritable complexité pour les forçats de la chronique, ceux qui s’attachent à mettre des mots plus largement que simplement sur leurs grandes désillusions ou sur leurs immenses bonheurs, réside, justement, dans la description de ces œuvres moyennes, ni véritablement mauvaises, ni véritablement bonnes, qui jalonnent, aussi, la carrière de nombres de groupes. Le calvaire est alors douloureux. Les écrits difficilement accouchés naissent alors de ces idées s’égarant en des paysages ternes ou le relief désespérément plat nous laisse perplexe. Et la pénible question subsiste : qu’exprimer sur des œuvres aussi peu évocatrices ?
Si
Labyrinth fut, ou plutôt, aurait dut devenir un groupe déterminant après la sortie d’un admirable
Return to Heaven Denied, tous ses espoirs furent anéantis par un
Sons of Thunder handicapé par une production coupable. Depuis ces temps immémoriaux son agonie est perpétuelle. Abandonnant ses desseins essentiellement Heavy/Speed au profit d’un Heavy mélodique aux parfums Prog très prononcés, dans une vision clairement plus ambitieuse, il aura pourtant tenté de survivre aux sons d’un album éponyme certes intéressant mais pas totalement convaincant. Dans un nouveau râle, il expire ce
Freeman, en 2005.
Qu’en dire ? Qu'en penser?
Si ce n'est que les transalpins exprime avec celui-ci une certaine continuité né de son immédiat prédécesseur. Sans transcender, ni même dévaloriser, sa nouvelle vision créative née deux ans plus tôt, il se contente donc de nous proposer, aidé de ses vertus les plus personnelles, une musique certes maitrisé mais sans éclat. Bien évidement l’œuvre est pleine de jolis moments intimistes où la musicalité caractéristique de ces italiens donne lieue à de belles émotions, et à d’autres plus véhéments où les guitares Heavy et les rythmes effrénés soutiennent magnifiquement la superbe voix du talentueux Rob Tiranti. Ces nuances, de rythmes et d’atmosphères, s’enchevêtrent en des constructions attachantes où les résurgences récurrentes d’un passé aux envies électro synthétique viennent même, subrepticement, éveiller notre curiosité. Alors bien sûr que le véloce
Dive In Open Waters et ses couplets aux chants à contretemps, que Face and Pay et son break très doux, presque jazzy, que Malcom
Grey, avec ses mélanges entre ses pianos mélancoliques et ses riffs lourds, et que
Freeman sont de très bons morceaux de Heavy Prog mélodique. Et il est vrai aussi, qu’au delà des titres énoncés, l’ensemble de cet album demeure attachant. Pourtant l’amertume subsiste. Impossible de se délester de ce sentiment intense de monotonie qui nous étreins.
Labyrinth s’acharne, s’époumone, se diversifie, se démène, se bats. Et pourtant la seule sensation qui nous traverse, et qui reste prégnante, demeure ce fort sentiment de linéarité bercé par ce manque de surprise évident. Sans prise de risque l’art n’est qu’une longue agonie sans autre issu que l’ennui.
En sortant un opus, manifeste quasiment semblable à son précédent,
Labyrinth s’enferme donc dans le confort délicat d’une continuité artistique périlleuse. Ni meilleur, ni pire que son œuvre éponyme, sortie deux ans plus tôt, ce
Freeman offre, de ce fait, le plaisir agréable de ces albums plaisant à chacune de leur écoute, mais qui, malheureusement, tombe dans l’oubli dès lors que leurs dernière note s’est tue.
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