Flood

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17/20
Nom du groupe Boris
Nom de l'album Flood
Type EP
Date de parution 15 Décembre 2000
Labels Midi Creative
Style MusicalDrone
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1. Flood, Pt. I
2. Flood, Pt. II
3. Flood, Pt. III
4. Flood, Pt. IV

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Boris


Chronique @ Corwin

20 Août 2007
Etant fanatique inconditionnel (enfin presque) de Boris, je trouvais triste de laisser certaines de leurs productions sans chronique. Le problème étant que leurs disques les plus directement passionnants, j'ai nommé le généralissime Feedbacker et le complètement décalé Amplifier Worship ayant déjà été chroniqués par le très diligent Svartolycka, il reste deux choses: les bons disques, Heavy Rocks en tête, Pink et Akuma No Uta pas très loin derrière. Et... Les choses qui fleurent un peu la bouse, mine de rien. Bon, commençons par ça, alors, je n'en aurais que plus de plaisir à encenser certains autres des disques de cette entité anormale et passionnante qu'est Boris.

Flood est, en quelque sorte, un prémice annonçant le chef d'oeuvre ultime qu'est Feedbacker. Un disque qui joue avant tout sur une ambiance, une ambiance cherchant la beauté, sans s'épurer complètement des visages chaotiques du sludge et du drone, se tirant en longueur, se développant avec une lenteur extrême et des boucles interminables. Bref, tout ça rappelle fortement ne serait-ce que les deux premiers morceaux de Feedbacker (qui représentent plus de la moitié du disque en question). Sauf qu'ici, on n'est pas emporté. On reste à terre, on écoute, ou croit s'envoler une fois de temps en temps avant de replonger. Le plaisirographe ne tressaute pas, il frémit à peine, par intermittences.

La faute à quoi? Eh bien, Flood est une oeuvre qui se veut une ode au minimalisme musical. Et c'est définitivement TROP minimaliste.

On entame cette galette de près de 70 minutes par une guitare jouant une rythme répétitif et pas franchement hypnotique (pas comme celui qu'on peut entendre sur l'Europe de Noir Désir par exemple, oui, je tire mes références d'où je veux, d'abord, c'est ma chronique, na). Une deuxième guitare joue vite en canon et un ton en dessous, apportant un peu de chaos. Ca pourrait aller si ça ne faisait pas DIX minutes. DIX minutes de ce même son. Une petite variation nait de temps à autre avec l'entrée de la batterie d'Atsuo, qui s'est pris une superbe distorsion "résonnance sub-aquatique" du plus bel effet et qui, après s'être présentée, envahit tout l'univers sonore pour nous asséner cinq minutes caverneuses et franchement orgasmiques, seulement gâtées par... Eh oui, ce rythme répétitif à la guitare. Et pourtant, un même bruit répété sans fin, ils avaient réussi cela de manière efficace sur Absolugeto, où leur boucle sonore de fin de morceau, parfaitement atroce, laissait le spectateur bavant et abasourdi et -s'il était un peu masochiste, certes- comblé. Mais là, rien. Bref, à retenir, la batterie et les distorsions, et huit/dix minutes qu'on zappera souvent en mettant le disque.

Vu la sombre performance sonore de la fin du morceau, on s'attend, quand on connaît le groupe, à un déluge dronesque. Maaaais non, c'est raté. Le deuxième morceau s'ouvre sur le jeu de batterie le plus minimaliste du monde. Un roulement doux, un coup de caisse claire, un petit roulement, un coup de caisse claire... Puis, quelques petits pincements de cordes post-post-rock si vous me passez l'expression. Décrire ce morceau est très dur, puisqu'il s'agit uniquement de petites incursions de gratte aérienne venant perturber légèrement une nappe sonore constante et répétitive. Mais là, ça marche. Wata seule est aux commandes, et connaissant la sensibilité de la guitariste pour les morceaux purement ambiants, on obtient un résultat apaisant, caressant, le genre de morceau qu'on écoute dans le noir, étendu sur son lit, avec un grand sourire gaga sur les lèvres.

Bon. Troisième mouvement. On retrouve ces petits pincements de cordes nostalgiques, et la magie continue d'opérer... Mais pas longtemps. l'alchimie n'est plus la même, la guitare de Wata se fait presque inexistante, nous laissant presque seuls façe à ce rythme qui commence à endormir sérieusement après l'avoir entendu tourner quelque temps. Puis, là, tout d'un coup, on se réveille. Le premier son de guitare grasse arrive enfin, 35 minutes après le début du disque. Et, enfin, nous libérant de ce rythme lancinant, arrive le déluge sludge/doom. L'entrée en matière défonce le crâne comme il faut, c'est un vrai plaisir que d'entendre la batterie d'Atsuo lancer cette partie du morceau. Pour la suite, eh bien... C'est étrangement assez décevant. C'est... Mélodique. Bon, vous me direz, ce n'est pas un mal en soi, mais, ça ne correspond pas franchement au style utilisé. Et c'est fait sans le charme d'un Farewell. Des choeurs clairs apparaissent et tapent à côté de la plaque. La deuxième partie se fait plus chaotique (bien) mais pêche par un côté: ceci est un morceau de Boris reconnaissable entre mille mais sans personnalité. Quant à la troisième, c'est une boucle répétitive pas particulièrement monstrueuse. Reste les petites montées en puissance sympathiques, un beau coup de gong. Bref, un passage gras, le seul du disque, et un passage hésitant entre commun et mauvais. Dommage.

Dernier morceau. La boucle de fin du titre précédent continue de tourner sur la basse de Takeshi, pendant que des sons aquatiques se construisent vaguement autour. Il me semble avoir déjà dit que cette boucle n'avait rien de phénoménal, eh bien, passer d'une boucle craspec moyenne à une boucle de basse claire toute propre, ça n'arrange rien. Le morceau serait probablement mieux sans, laissé à son côté complètement informe, mais se retrouve bridé par ce semblant de structure qui tape sur les nerfs. La seconde partie du morceau est faite de quelques nappes industrielles discrètes et mourantes, qui n'ont pas la sensibilité exacerbée des légers soubresauts drones du premier mouvement de Feedbacker.

Bilan. On tient, au coeur de l'album, après la dixième minute, quelques vingt minutes franchement passionantes. Et, pour le reste, on a quelque chose qui va de "commun" à "nul" en passant par "sans intérêt". Trop minimaliste et mal maîtrisé, Flood est l'Erreur de Boris, avec un grand E. Je suppose que les plus acharnés des minimalistes défendront tout de même ce disque, mais il faut vraiment être mordu pour y accrocher. Ca reste une toile de fond tout à fait acceptable pendant qu'on bosse, mais surement pas quelque chose pour laquelle on bloquera 70 minutes de son temps pour l'écouter au casque sans rien faire d'autre. Ayons le geste juste: sauvons l'excellent deuxième mouvement et ses 14 minutes qui méritent très largement le détour, au même titre qu'un deuxième mouvement de Feedbacker ou un A Bao Que. Le reste, adieu.

Sur ce, je m'en vais préparer des chroniques de vénération pour un autre album de Boris, parce que comme ils ne le montrent pas ici, ils le valent bien.

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