Pink

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17/20
Nom du groupe Boris
Nom de l'album Pink
Type Album
Date de parution 12 Novembre 2005
Style MusicalDrone
Membres possèdant cet album19

Tracklist

1.
 Farewell
 07:33
2.
 Pink
 04:20
3.
 Woman on the Screen
 02:38
4.
 Nothing Special
 02:18
5.
 Blackout
 04:49
6.
 Electric
 01:45
7.
 Pseudo-Bread
 04:30
8.
 Afterburner
 04:22
9.
 Six, Three Times
 02:53
10.
 My Machine
 02:01
11.
 Just Abandoned Myself
 10:14

Durée totale : 47:23

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Boris


Chronique @ Corwin

09 Août 2007
Boris est une entité musicale vraiment unique. Drone, sludge, rock psychédélique, voire même grunge, on trouve de tout dans leurs albums. Qui ne se ressemblent jamais, d'ailleurs. Cherchez donc le rapport entre cet album et l'écrasant Absolugeto, vous m'en direz des nouvelles.

Boris est une entité polymorphe. Au cœur même de ses albums. Je garde personnellement un souvenir impérissable de leur Feedbacker, qui passait joyeusement d'un drone planant à un rock floydien très aérien, avant de partir sur un rock/sludge gras et bordélique, pour déboucher sur une éreintante piste de larsens. Sur Pink aussi, on saute du coq à l'âne, constamment. Mais les deux disques ont une démarche finalement très différente. Dans Feedbacker, on avait ce qui pouvait n'être qu'une seule et même piste, où tout s'enchaînait à la perfection. Ici, point de cela : les titres se suivent, ne se ressemblent pas, se heurtent les uns aux autres (voire le passage très brutal de Farewell à Pink, où une ambiance psyché-drone laisse tout d'un coup la place à un riff rock pêchu ; ou encore le passage du frénétique et bordélique Nothing Special au doom millimétré et pesant de Blackout... Ou encore le passage dudit Blackout au très rock et sautillant Electric). Bref, Boris donne plus que jamais dans le foutoir organisé, collant des titres très disparates les uns aux autres.

De fait, Pink est un album très difficile d'accès. Beaucoup de personnes accrocheront sur certains morceaux (si je m'écoutais, je passerai Blackout en boucle tellement ce titre est génial), et oublieront le reste. Il est vrai que la tentation est grande d'écouter de manière éclatée, de s'intéresser soit aux titres les plus rock, soit aux titres les plus drone/sludge/doom. Le pari de Boris est, peut-être, l'un des plus contestables qu'ils aient fait jusqu'ici, et c'est un peu dommage. Mais s'arrêter à ce constat serait oublier qu'on tient là, encore une fois, des compositions riches et uniques comme eux seuls savent en composer. Parce que l'esprit du groupe est plus que jamais là.

La cohérence, finalement, vient du son. Cette masse grasse qui ne quitte jamais le groupe, quel que soit le genre dans lequel il joue. Le sludge est toujours là, en toile de fond, et pervertit tout, fusse un titre aussi rock et dansant qu'Electric. La saturation est partout, les soli un peu décalés de la demoiselle Wata aussi, les suraigus et autres douleurs sonores parsèment toujours les morceaux. Bref, toutes ces choses qui font que, même si l'on met un pseudo-bread en parallèle avec un Feedbaker 4 ou un Ganbow ki, on ne peut se tromper : c'est quand même du Boris. Et cette capacité à s'incruster dans tant de genres sans pervertir sa propre intégrité ne peut que forcer le respect.

Je ne peux pas résister à l'envie de vous dire ce qui se cache derrière chaque morceau.
Farewell, perpétue l'habitude du groupe de donner un morceau plus facilement identifiable "Boris" que tout ce qui suivra (c'est particulièrement sensible sur Feedbacker ou Akuma No Uta). Relents drones et floydiens pour une piste longue et calme.
Pink cache une des pistes rock les moins perverties, entraînante, rythmée, seulement chargée d'un peu de ce son perturbant qu'est celui de ces trois japonais jetés.
Arrive Woman on the Screen, qui semble continuer dans la même Veine, mais dont le son se plombe peu à peu, pour parvenir à un grincement Noise qui perturbe le morceau et introduit le monstrueux Nothing Special, morceau rock avec des guitares jouant dans un registre incroyablement crasse, accompagnées tout le long par des sifflements Noises agressifs. Morceau court, frénétique, éprouvant et franchement génial.
Puis vient Blackout. Peut-être LA claque du disque. Là, on tape directement dans le doom/sludge, c'est pesant, glauque, gluant, et pourtant le morceau s'envole, se transcende, et on vient à regretter sa durée relativement courte, "à peine 4 minutes 50".
Electric revient dans un registre rock, cette fois dansant.
Pseudo-bread, est un morceau, qui pourrait être presque rock-pop, ne serait ce fond sonore permanent de grésillements, qui va en gagnant en puissance tout au long du morceau.
Afterburner est une étrangeté (ce qui n'est pas étonnant, d'une certaine manière). Morceau presque propre, lent, bizarre, vraiment indescriptible.
Six, Three Times est un nouveau morceau de rock perverti.
My Machine un tout petit interlude ambiant qui rappelle le bon vieux temps de Feedbacker et de son deuxième morceau.
Quant à Just Abandoned Myself, c'est un peu la synthèse du disque, la frénésie mise à part. Morceau qui finit en apothéose sur un long frémissement drone.

Alors voilà. Pink, c'est un disque qui, à la fois, peut plaire à tout le monde puisqu'il aborde des terres aussi éloignées que le rock, le doom, et le drone. A peu près tout le monde peut, en théorie, y trouver ce qu'il veut. Mais c'est aussi un disque incompréhensible, complexe, labyrinthique, élitiste, qui le rend très difficile d'accès. Le tout est à la hauteur de ce que Boris a toujours composé, même si on perd peut-être un peu de fraîcheur dans cet assemblage chaotique de morceaux sans grand rapport. Au final, une bonne œuvre de Boris, mais pas la meilleure, et probablement pas celle avec laquelle il faut découvrir le groupe. On lui préférera pour cela Akuma No Uta, qui, s'il est tout aussi ouvert, est plus construit, ou Feedbacker et ses longs morceaux fusionnés les uns dans les autres. Pink est à mon avis une œuvre que seuls ceux qui connaissent déjà un peu le groupe pourront apprécier à sa juste valeur : celle d'un disque passionnant autant qu'éprouvant.

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